Gabriel Banon, consultant international et ancien conseiller de Yasser Arafat

Gabriel Banon, consultant international et ancien conseiller de Yasser Arafat

«Donald Trump a retiré les Etats-Unis de la scène au Moyen-Orient»

Le président américain Donald Trump a annoncé, mercredi 6 décembre 2017, dans un discours télévisé depuis la Maison Blanche, la reconnaissance par les Etats-Unis de la ville sainte d’Al-Qods comme capitale de l’Etat hébreux. Dans cet entretien, Gabriel Banon, consultant international et ancien conseiller de feu le président palestinien, Yasser Arafat, livre au Reporter son analyse des développements au Proche-Orient, à l’aune de la déclaration de Trump et des retombées d’une telle décision sur le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens.

Dans son discours télévisé du 6 décembre 2017, le président américain, Donald Trump, a reconnu Al-Qods comme capitale d’Israël. En tant que spécialiste en géopolitique, quelle lecture faites-vous de cette annonce?

La diplomatie américaine est dans la tourmente et le déni. C’est le moins qu’on puisse dire. Il y a 22 ans, en 1995, le Congrès américain votait la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël et ordonnait le transfert de l’ambassade US de Tel Aviv à Jérusalem. Depuis cette date, les présidents américains qui se sont succédé, républicains et démocrates, ont suspendu, tous les six mois, l’obligation légale de déplacer l’ambassade.

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Pourquoi les présidents américains qui se sont succédé à la Maison Blanche, avant Trump, ont-ils ajourné une telle décision?

L’Amérique souhaitait garder intacts les possibilités de Washington de contribuer à l’instauration d’une paix juste et durable, entre Israéliens et Palestiniens, dans le cadre d’un processus de négociations entre les deux parties. Aujourd’hui, force est de constater que le président américain, Donald Trump, a fait fi de toute diplomatie et retiré les Etats-Unis de la scène au Moyen-Orient. Il contribue ainsi à enterrer un processus de paix moribond.

Nombre d’observateurs américains et européens estiment que Donald Trump, en annonçant la reconnaissance par les Etats-Unis d’Al-Qods comme capitale d’Israël, souhaite détourner le regard de certains dossiers internes. Partagez-vous cette analyse?

Le président Donald Trump a pris une décision essentiellement de politique intérieure. Attaqué de toutes parts, ce président avait besoin de ressouder son socle électoral, composé essentiellement de conservateurs et d’ultra-conservateurs, principalement des évangélistes qui soutiennent Israël, non parce qu’ils aiment les juifs, mais, par leur croyance, ils pensent que le temple d’Israël doit être rebâti pour que revienne le Messie, enfin l’Apocalypse.

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Dans de telles circonstances, le processus de paix au Proche-Orient n’est-il pas vraiment enterré?

La paix n’a pas besoin de Washington ou d’autres capitales. Ce sont les deux peuples, directement, qui l’imposeront à leurs dirigeants. La paix juste s’imposera un jour, quelles que soient les embûches qu’elle rencontre sur son chemin. Il est primordial de trouver un terrain d’entente entre les Palestiniens et les Israéliens, sans forcément avoir recours à une intervention étrangère. 

Propos recueillis par Mohcine Lourhzal

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