Sahara : Pourquoi il faut rester vigilants…

Sahara : Pourquoi il faut rester vigilants…

La Résolution du Conseil de Sécurité, qui a été votée à l’unanimité (pas d’abstention cette année) représente, à plus d’un égard, un succès diplomatique pour le Maroc. Mais la lecture qu’en font le Polisario et l’Algérie, incite à la réflexion…

La Résolution 2351 (2017), adoptée à l’unanimité, vendredi 28 avril 2017 par le Conseil de Sécurité, a été bien accueillie par le Maroc. Et ce, de façon officielle. D’abord, par le biais d’un communiqué du ministère des Affaires étrangères.  Ensuite, lors de précisions apportées en conférence de presse, tant aux Etats Unis, par le représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU, Omar Hilale ; qu’au Maroc, par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. 

Les éléments qui donnent satisfaction au Maroc sont clairs. Les uns viennent du contenu de la résolution, les autres du contexte.

S’agissant du contexte, cette Résolution à périodicité annuelle devait intervenir à la suite de changements de taille. Changement à la tête du Secrétariat général de l’ONU, Antonio Guterres succédant à Ban Ki-moon. Changement à la tête de l’administration américaine (qui a la main sur le dossier du Sahara, au sein du Conseil de sécurité), avec l’arrivée des Républicains à la tête des USA et de Donald Trump à la Maison Blanche. Et enfin changement au poste d’envoyé personnel du Secrétaire général au Sahara, avec la démission de Christopher Ross.

Beaucoup d’inconnues, mais…

Beaucoup d’inconnues à la fois, certes, mais ce ne fût pas au désavantage du Maroc, bien au contraire. La partialité du Secrétariat général de l’ONU, sous l’ère de Ban Ki-moon, a pris fin. Le nouveau Secrétaire Général, Antonio Guterres, qui a dirigé le Haut-Commissariat aux réfugiés pendant une dizaine d’années –et qui a donc eu à se pencher sur le cas de Tindouf- a une trop grande connaissance du dossier pour être manipulé.

Concernant la nouvelle administration américaine, elle échappe pour le moins à la mainmise de la Fondation Kennedy qui, sous les démocrates, manipulait jusqu’au Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, John Kerry, aux liens avec cette Fondation connus de tous.

C’est cela qui a fait que le Polisario a été contraint de quitter Guergarate, in extremis, au moment-même où devait être votée la résolution, afin d’éviter une recommandation visant à l’en déloger manu militari par les Nations Unies.

Quant au contenu de la Résolution 2351, le Maroc a pu y relever, de façon générale, une neutralité bienvenue (exit le parti-pris ouvertement anti-marocain) ; et, dans le détail, de nombreux points positifs. Tels que l’insistance sur une solution politique au conflit du Sahara, avec réalisme et esprit de conciliation (ce qui exclut le référendum, option retenue dans les années 80, mais qui a fini dans l’impasse, vu l’impossibilité d’un accord sur les votants). Autre point positif, l’appui renouvelé du Conseil de sécurité à la proposition d’autonomie élargie avancée par le Maroc depuis 2007, le Conseil «se félicitant des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l’avant vers un règlement». Le Maroc a pu apprécier également, dans cette Résolution, l’appel plusieurs fois répété du Conseil de sécurité aux «Etats voisins» afin qu’ils s’impliquent «plus résolument pour mettre fin à l’impasse actuelle et progresser sur la voie d’une solution politique». Il a apprécié les félicitations du Conseil pour ses efforts en matière de droits de l’Homme. Il a enfin –mais la liste n’est pas exhaustive- approuvé l’appel du Conseil de sécurité «Demandant à nouveau que l’enregistrement des réfugiés dans les camps de réfugiés de Tindouf soit envisagé, et soulignant qu’il convient de déployer des efforts à ce sujet».

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La véritable obsession

Cependant, tous ceux qui suivent ce dossier de près, au Maroc, le disent: ni les aspects positifs de la Résolution 2351 (2017) du Conseil de sécurité, ni la bonne «constellation» sous laquelle semble se trouver le dossier du Sahara depuis les changements intervenus (Antonio Guterres succédant à Ban Ki-moon, Donald Trump succédant à Barack Obama, et l’ancien président allemand, Horst Köhler (bientôt) succédant à Christopher Ross), ne doivent inciter à une baisse de vigilance.

Car, bien plus que pour les séparatistes du Polisario, c’est pour le pouvoir algérien que le conflit du Sahara est une obsession de plus de 40 ans.

Et à Alger, nul signe de conciliation…

Tout au contraire, l’interprétation des attendus de la Résolution 2351, donnée par les obligés du pouvoir algérien (responsables du Polisario et presse affidée) donne des indications claires sur l’état d’esprit dominant.

Ainsi, Mohamed Khaddad, membre du secrétariat permanent et coordinateur du Polisario avec la Minurso, qui s’exprimait dans une conférence de presse tenue à Alger, le 1er mai, avançait, dans une interprétation pour le moins hasardeuse de la présence de la Minurso à Guergaret: «les Nations Unies par leur présence aujourd’hui à Guergarat démontrent que ce n’est pas un territoire marocain (…) et que ce territoire reste à décoloniser». Puis, poussant le commentaire, il ajoutait: «la présence des Casques bleus est l’expression du refus de la communauté internationale d’abdiquer et d’accepter cette présence coloniale marocaine»…

Dans la même veine, Khaddad annonce que le Polisario est «prêt à négocier avec le Maroc», mais il ajoute aussitôt que ces négociations doivent porter «sur la nature du conflit» et que «l’objectif final est la solution définitive qui consiste en l’organisation d’un référendum», précisant que «le Sahara occidental est l’une des 17 colonies qui restent sur l’agenda des Nations unies».

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Où sont les arguments juridiques du Maroc ?

C’est dire la bataille juridique que le Maroc doit réengager pour faire valoir ses droits historiques et légitimes sur son Sahara !
Car, si la diplomatie peut beaucoup aider à soutenir la plaidoirie du Maroc, dans le dossier du Sahara, cette même diplomatie a besoin de s’appuyer sur des arguments juridiques irréfutables pour que la solution finale s’impose à tous.

Ces mêmes arguments juridiques, une fois acceptés par l’ONU, s’imposeront également aux juridictions de l’UE.

Or, de l’avis de juristes et experts de grand nom, le Maroc a ces arguments juridiques irréfutables. Son tort est de ne plus les mettre en avant.

En fait, pendant de longues années, le Maroc a employé son temps, son énergie et ses moyens à –seulement- contrecarrer les attaques de l’Algérie qui s’évertuait à maintenir la diplomatie marocaine sur la défensive.

Le pouvoir algérien choisissait les thèmes de ses campagnes. D’abord, la décolonisation et les revendications indépendantistes (y compris des Sahraouis de l’intérieur), puis les droits de l’homme, puis les ressources naturelles… Le Maroc, qui a un déficit de communication désespérant, était constamment acculé à réagir à ces campagnes. Ce qui braquait la lumière non pas sur ses thèses, mais sur celles de ses adversaires.

C’est ce qui commence à changer. Dans l’affaire de Guergarate, c’est la 1ère fois que Polisario et pouvoir algérien sont acculés, à leur tour, à la défensive…

Avant cela, il y eu le dossier des projets économiques du Maroc en Afrique subsaharienne, comme le gazoduc Nigéria-Maroc, celui du retour du Maroc à l’UA, ex-OUA, ou encore celui de la reprise des relations diplomatiques du Maroc avec Cuba… Avec la diplomatie pragmatique et proactive du Roi Mohammed VI, les choses changent. C’est l’avis de tous les observateurs.

Cependant –les observateurs relèvent cela aussi- l’Algérie n’y est pas sensible. Elle est constamment restée sourde aux appels du Maroc, en matière de voisinage ou de coopération, notamment sécuritaire. Tout nouvel appel est interprété comme un signe de faiblesse.

Le pouvoir d’Alger se cadenasse dans sa logique de rivalité fratricide.

Aujourd’hui, dans le dossier du Sahara, les terrains sur lesquels l’Algérie et le Polisario comptent porter leurs prochaines attaques apparaissent avec une clarté d’eau de roche. Voilà pourquoi il faut rester vigilant.

BA

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