Sahara Le «Thermomètre Polisario»

Généralement, après quelque réunion que ce soit avec le Polisario (sous l’égide de l’ONU), les responsables marocains restent bouche cousue. Ni la presse, ni même le Parlement n’ont de détails sur la teneur des pourparlers. Les communiqués officiels étant ce qu’ils sont –on ne peut plus laconiques- l’opinion publique marocaine attend la réaction du Polisario et de la presse algérienne pour savoir s’il faut s’inquiéter (quand ces derniers sont euphoriques) ou se réjouir (quand ils fulminent). Pour la plupart des Marocains, c’est là le principal instrument de mesure…

 

Cette fois-ci. Un petit quelque chose a changé, certes.

Le ministre des Affaires étrangères marocain, Taïeb Fassi Fihri, a donné quelques détails, au sortir de la quatrième réunion informelle entre le Maroc et le Polisario qui a pris fin samedi 18 décembre à Manhasset (New York).

Il était clairqu’après trois jours de discussions autour de la question du Sahara, aucune avancée concrète n’avait été enregistrée. Taïeb Fassi Fihri a cependant déclaré que le Maroc avait présenté de nouvelles propositions concrètes ayant trait à différents aspects du dossier. Ces propositions portent sur les ressources naturelles de la région, sur la représentativité de la population des provinces sahariennes, sur le rôle de l’Algérie, ou encore sur la possibilité que les tournées de l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU au Sahara incluent aussi des rencontres avec «ceux qui dans la région peuvent contribuer à faciliter le processus». Taieb Fassi-Fihri a également fait savoir que la délégation marocaine a saisi l’occasion de ces pourparlers pour présenter les preuves de ce qu’il s’est passé au camp de Gdim Izik, le 8 novembre dernier.

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De son côté, l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara, Christopher Ross, a lu devant la presse un communiqué indiquant que les discussions se sont déroulées dans «une atmosphère d’engagements sérieux, de franchise et de respect mutuel». Mais que «chaque partie a continué de rejeter la proposition de l’autre comme base unique des négociations à venir». Chrostopher Ross a aussi ajouté que «les parties se sont engagées dans des discussions approfondies sur des approches innovantes afin de construire une nouvelle dynamique dans le processus de négociations en 2011, sur la base de rencontres régulières». Sans en dire plus sur ces approches innovantes, le médiateur onusien a annoncé que «les deux parties ont proposé des idées concrètes qui seront développées lors des deux prochaines sessions de pourparlers informels du 21 et 22 janvier et en mars 2011».

Mais c’est encore une fois avec la réaction du Polisario que l’on comprend que la tournure que prennent les pourparlers n’arrange absolument pas ce dernier.

Le chef de la délégation du Polisario, Khatri Addouh, a déclaré que «les propositions de solution du conflit ont été présentées par les deux parties mais sans progrès dans la discussion». Tandis que son acolyte, le coordinateur du Polisario avec la Minurso, M’hamed Khaddad, renchérissait qu’«il y avait une dynamique pour programmer un maximum de rencontres afin d’essayer d’impulser le processus de négociations sans, toutefois, toucher au fond». Et de lancer: «la tenue des rencontres informelles de janvier et de mars ne doit pas être utilisée par le Maroc comme prétexte lui permettant de gagner du temps».

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Ces pourparlers -que le Polisario et l’Algérie donnent l’impression de subir à contre cœur- sont clairement dénoncés par le troisième larron, le représentant du Polisario à l’ONU, Ahmed Boukhari qui, dès la rencontre de Manhasset terminée, envoie une lettre à la présidente du Conseil de sécurité des Nations unies, Susan E. Rice, la mettant en garde contre «un risque d’effondrement» du processus des négociations. Grandiloquent, Boukhari estime que «tout le processus est soumis à un risque sérieux d’effondrement avec toutes les conséquences qui en découlent pour la cohérence de l’engagement du Conseil de sécurité et pour les attentes de toute la région dont la stabilité et la sécurité sont en grande partie liées à un règlement juste et à une solution durable à ce conflit de décolonisation».

Que dit le «thermomètre Polisario» ? Que pour en arriver à passer par-dessus la tête de Christopher Ross et s’adresser à la Présidente du Conseil de Sécurité, quelques heures à peine après la fin des pourparlers, c’est que rien ne va plus pour la bande de Tindouf…

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