Pouvoir d’achat, équilibre budgétaire | L’équipe Akhannouch face à un dilemme cornélien

Le gouvernement en exercice est venu avec beaucoup de promesses et d’ambitions. Par un mauvais concours de circonstances, ce dernier s’est vu contraint de gérer des contraintes nouvelles et inattendues.  

Guerre Russie-Ukraine, faible saison agricole, crise hydrique aiguë. La conjugaison de ces facteurs, externes et internes, ont compliqué la tache de l’actuel Exécutif qui s’est retrouvé face à une équation difficile à résoudre. Il fallait en effet préserver les équilibres budgétaires de l’Etat et, en même temps, éviter l’effondrement du pouvoir d’achat des ménages marocains, surtout les plus défavorisés ou ceux qui appartiennent à la classe moyenne.

Pour ce faire, le gouvernement a mis la main à la poche. Ainsi, une batterie de mesures ont été entreprises pour garantir une certaine stabilité des prix, notamment ceux des produits alimentaires et services publics de base comme le transport routier. C’est ce qu’a tenté d’expliquer Aziz Akhannouch, samedi 10 septembre 2022. S’exprimant depuis Agadir, à l’occasion de la tenue de la 4ème édition de l’université d’été du Rassemblement National des Indépendants (RNI), le Chef de l’Exécutif a passé en revue les principales mesures budgétaires prises tout au long des six derniers mois (mars-août 2022) pour appuyer le pouvoir d’achat du citoyen.

Budget général sous pression

Aziz Akhannouch a commencé par rappeler que le gouvernement a doublé les plafonds de la Caisse de Compensation. En effet, cet instrument qui joue un rôle de premier plan dans la préservation de la stabilité des prix des produits de base, en particulier le gaz butane, le blé tendre et le sucre, fonctionne à plein régime, et ce, depuis plusieurs mois. Au 30 juin 2022, les charges supportées par la Caisse de Compensation dépassaient les 96% des crédits ouverts au titre de la loi de Finances 2022. Quant aux charges du gaz butane, du blé et du sucre, elles se sont établies durant la période allant de janvier à mai 2022, à plus de 15,4 milliards de dirhams. A elle seule, la charge de subvention du gaz butane a atteint près de 10 milliards de dirhams à fin mai 2022. Il serait donc dérisoire de mésestimer le poids de la compensation et le rôle que joue ce mécanisme dans la préservation de la paix sociale au Maroc. Dans son exposé, le Chef du gouvernement s’est attardé sur le deuxième axe du plan d’actions élaboré et mis en œuvre par la majorité pour éviter toute dégradation significative du pouvoir d’achat des citoyens. Sur ce point, A. Akhannouch a mis l’accent sur le processus de soutien exceptionnel, lancé par le gouvernement, en direction des transporteurs routiers de marchandises et de personnes. Pour rappel, les professionnels du secteur du transport routier envisageaient de relever leurs tarifs de transport pour compenser la hausse des prix des carburants. Il a fallu l’intervention en urgence, du gouvernement, pour éviter un tel scénario qui aurait grevé davantage le pouvoir d’achat du commun des Marocains, sachant que le Royaume n’est pas un pays producteur de pétrole. De surcroît, l’unique usine (La Samir) qui assurait le raffinage pétrolier au Royaume est fermée depuis bientôt six ans, dans le cadre d’une procédure de liquidation judiciaire.

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Gouvernement sous contraintes

En mars 2022, juste après l’éclatement de la guerre russo-ukrainienne, le gouvernement Akhannouch avait décidé d’accorder une subvention de 2.200 dirhams pour les grands taxis, 1.600 dirhams pour les petits taxis et 1.800 dirhams pour les véhicules de transport mixte en milieu rural. L’Exécutif a également procédé au versement de subventions au profit des propriétaires d’autocars inter-villes (7.000 dirhams) et d’autobus (2.800 dirhams). Pour les camions dont le Poids total autorisé en charge (PTAC) est supérieur à 3,5 tonnes et inférieur à 14 tonnes, la subvention qui leur a été octroyée par le gouvernement était de 2.600 dirhams, 3.400 dirhams pour les camions dont le PTAC est compris entre 14 et 19 tonnes, et 4.200 dirhams pour les camions dont le PTAC est supérieur à 19 tonnes. Enfin, une subvention de 6.000 dirhams a été accordée au profit des tracteurs routiers et 1.200 dirhams pour le transport du personnel et scolaire. Le gouvernement a également décidé de supprimer les droits d’importation sur le pétrole brut et les graines oléagineuses, ainsi que la suppression des droits de douane sur le blé tendre. Sans oublier le soutien accordé aux professionnels du tourisme durement impactés par la pandémie due au Covid-19 et les agriculteurs, durement impactés par la vague de sécheresse qui a frappé le Maroc au titre de la saison agricole 2021-2022 et conduit à une situation de stress hydrique comme le Royaume n’en a pas connu depuis quarante ans. Toujours sur le volet social, Aziz Akhannouch n’a pas manqué de rappeler que l’accord conclu le 30 avril 2022, entre le gouvernement, le Patronat marocain (CGEM) et les Centrales syndicales les plus représentatives. Dans le cadre de la concrétisation des clauses dudit accord, le gouvernement a annoncé une augmentation de 5% du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) dans les secteurs de l’industrie, du commerce et des professions libérales. Cette augmentation qui a pris effet à compter du 1er  septembre 2022 concerne également le Salaire Minimum Agricole Garanti (SMAG) qui se voit augmenter de 10%.

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L’amélioration du pouvoir d’achat est une revendication légitime. Elle est même indispensable pour réduire les écarts sociaux, dynamiser l’économie et booster l’emploi. Toutefois, il faut bien se rendre à l’évidence et admettre que jamais un gouvernement marocain n’a entamé son mandat dans un contexte aussi difficile, marqué par la superposition de crises internes et externes, comme c’est le cas de l’actuel Exécutif. 

M. Lourhzal

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