Italie | Les élections, un test européen

Toute l’Europe a les yeux fixés sur les élections italiennes du 25 septembre. Après ce qui s’est passé en Suède, on se demande si l’Europe du sud va à son tour donner la victoire à une droite populiste dénonçant l’immigration.

Mais, s’il y a des points communs, l’Italie reste à part et n’est pas la Suède. Les résultats des élections législatives de Suède sont représentatifs de la montée de l’extrême droite dans le paysage populiste des pays nordiques. Les Démocrates de Suède sortent ainsi grands gagnants de ces élections avec 20 % des voix: ils deviennent le deuxième parti du pays et premier de la droite. Une irruption de l’extrême-droite que l’on retrouve également dans les autres pays nordiques, que ce soit en Finlande avec le parti des Vrais Finlandais, en Norvège avec le Parti du progrès, ou au Danemark avec le Parti du peuple danois.

L’Italie, c’est tout autre chose. Un pays méditerranéen au contact géopolitique de la Tunisie, de la Lybie et même -pour le gaz- de l’Algérie. Un pays qui a été colonialiste et celui du fascisme inventé par Mussolini. Et dans la coalition des droites aux portes du pouvoir le premier parti pourrait être «Fratelli d’italia» dans la lignée des post fascistes fidèles à l’image du duce du MSI. Certes, ce mouvement ne se revendique pas fasciste, mais il en est issu et ne s’en excuse pas, c’est différent donc des autres populismes européens.

En réalité, en Italie il y a quatre camps principaux.

Celui de la droite, appelé «centre droit» en italien, qui comprend depuis les années 1990 les quatre mêmes forces: le parti de Silvio Berlusconi, Forza Italia, qui a créé ce camp en 1994 ; la Ligue, issue de la fusion des ligues régionalistes du nord dans les années 1990 et devenue depuis 2013 un parti nationaliste sous la direction de Matteo Salvini ; le parti héritier de la tradition électoraliste du néofascisme, actuellement nommé Frères d’Italie (FdI) et dirigé par Giorgia Meloni

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Celui de la gauche, appelé «centre gauche» en italien, qui s’organisait autour du Parti démocrate (PD), lui-même une fusion entre l’aile gauche de la Démocratie chrétienne d’avant 1992 et l’aile modérée du Parti communiste italien (PCI) d’avant 1989. Le PD constitue, depuis sa création dans les années 2000, le centre d’une coalition marquée par l’européisme et le réformisme modéré. Pour ses élections de septembre 2022, il est allié à sa droite à quelques petits partis centristes europhiles, dont celui de Luigi di Maio ; à sa gauche à ce qui reste des écolos italiens et de ses propres scissions de gauche.

Celui du centre. C’était, dans les années d’après-guerre, le camp -essentiellement celui de la Démocratie chrétienne- qui a dominé la politique italienne. Depuis les années 1990, il a disparu en tant que force capable de remporter seul des élections. Cependant, des personnalités à l’ego démesuré croient depuis lors pouvoir lui faire retrouver sa gloire d’antan. Ils se veulent les plus forts partisans de l’action gouvernementale de Mario Draghi.

Enfin, celui du M5S de Giuseppe Conte. Le M5S avait été créé en 2009 par Beppe Grillo comme le parti de ceux qui refusaient de se reconnaître dans l’un des trois camps précédents, le parti de tous les déçus en somme. Il tente de se recréer une identité tierce autour d’enjeux écologiques et sociaux et de capitaliser sur la déception des Italiens face à l’action du gouvernement Draghi.

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Giorgia Meloni et son parti Fratelli d’Italia sont dans le cadre d’une coalition comprenant la Ligue de Matteo Salvini (très en baisse) et Forza Italia de Silvio Berlusconi (toujours là) et, par ailleurs, tout un ensemble de petits partis. Et à l’intérieur de cette coalition, il est vrai que c’est Giorgia Meloni et son parti qui est en tête.

Fratelli d’Italia a été créé en 2012 et cela fait dix ans qu’il est dans l’opposition. Tous les autres partis ont été plus ou moins associés au pouvoir, Giorgia Meloni a été dans l’opposition, elle, systématiquement.

Giorgia Meloni s’engage à 15 ans au Front de la jeunesse, une organisation héritière du fascisme.

Elle apparaît aujourd’hui comme une force d’alternance, pour ne pas dire d’alternative. Elle incarne une nouveauté aux yeux de beaucoup d’Italiens. Et par ailleurs, les thématiques qu’elle développe séduisent. C’est à dire une Italie plus souveraine, une Italie plus nationale, une Italie très hostile à l’immigration, à l’islam, ou à ce qu’elle dénonce comme le lobby LGBT. Une Italie plus conservatrice, plus traditionaliste. Proche du président hongrois Viktor Orban, elle défend une ligne ultranationaliste et elle veut défendre l’identité italienne, sa patrie et sa religion contre l’islam.

En effet, elle inquiète déjà Bruxelles et les chancelleries européennes. Alors son allié, Forza Italia, cherche à rassurer. «Je rappelle que Forza Italia est un parti libéral, pro-européen, atlantiste»… fait savoir Antonio Tajani, le numéro 2 du mouvement de Silvio Berlusconi. «Nous l’avons dit et répété et nous l’avons toujours démontré par nos votes. Donc nous sommes vraiment une garantie pour l’Europe, pour les Etats-Unis, sur la scène internationale». Une opinion qui est loin d être partagée au niveau politique et médiatique européen.

Patrice Zehr

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