Entretien avec Laïla Doukali, Présidente Nationale AFEM Maroc

«La femme a besoin de mener une bataille»

Que représente pour vous la journée internationale des droits de la femme?

Pour avoir accès aux mêmes droits que ceux des hommes, la femme a besoin de mener une bataille. Dans le cadre de l’entrepreneuriat, l’Association des femmes chefs d’entreprise du Maroc

(AFEM) est mobilisée pour continuer à se battre et à faire évoluer justement ces droits. Un des droits fondamentaux de la femme marocaine et de la femme de manière générale, c’est surtout de pouvoir être autonome financièrement et de pouvoir entreprendre. C’est d’ailleurs l’objectif de l’AFEM.

Ceci dit, je dois dire que c’est une journée qui est devenue assez commerciale. J’estime que ce n’est pas une journée où l’on doit offrir des roses ou des chocolats. Mais c’est une journée où les femmes doivent prendre la parole pour s’exprimer et parler de leurs revendications.

Je salue l’initiative de SM le Roi Mohammed VI avec la Constitution de 2011 (article 19) où SM met bien en place le principe d’égalité entre l’homme et la femme à tous les niveaux.

Comment vous est venue l’idée d’entrer dans le domaine du business ?

J’ai grandi dans une famille d’entrepreneurs. Toute petite, je voyais ma mère se réveiller très tôt pour aller travailler. Et mon père faisait la même chose. Mon père que Dieu ait son âme nous impliquait, tous, dans les réunions de travail. Il nous encourageait, nous écoutait et nous accompagnait pour atteindre nos objectifs. Déjà ça, c’est une première base.

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Par la suite, mes études m’ont permis aussi de me spécialiser en termes de management. Et c’est en 1997 que l’idée m’est venue de me lancer dans l’entreprenariat. J’ai donc fait une étude du marché par rapport au secteur dans le quel je voulais m’épanouir. Et c’est à ce moment-là que j’ai pu m’engager. Il faut dire que je n’ai pas eu véritablement de contraintes pour me lancer dans mon projet. A noter que pour monter mon entreprise, j’ai dû prendre un prêt bancaire que j’ai remboursé.

Des inégalités entre homme et femme subsistent encore, notamment dans le monde de l’entreprenariat. Comment faire pour y remédier ?

D’abord, il faudrait mettre le doigt sur les raisons  qui constituent un frein à l’entreprenariat féminin au Maroc. Je parle de formation, d’accès au financement, de manque de confiance et aussi des traditions et de culture. Car, malheureusement, nous évoluons dans une société patriarcale. Et c’est à partir du moment où on identifie ces freins à l’entreprenariat qu’on peut essayer de trouver des solutions.

La société civile se mobilise d’ailleurs dans ce sens à travers des associations comme la nôtre. D’ailleurs, l’AFEM a compris, surtout après la Covid-19, que la femme avait besoin d’être accompagnée, écoutée et orientée.

Notre combat et le message que nous faisons  passer aux autorités c’est que la femme entrepreneur doit avoir accès aux mêmes droits que l’homme. Et que tous ces problèmes de financement ne soient plus un obstacle pour les femmes.

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Au Maroc, on commence à comprendre que l’entreprenariat féminin est indispensable au développement économique de notre pays. Je pense que l’on commence en effet à avoir conscience qu’il y avait un vivier de femmes qui voulaient leur autonomisation financière. Et il est nécessaire de mettre en place des mécanismes et des solutions efficaces pour accompagner ces femmes à aller de l’avant.

Comment est-ce que l’AFEM  a vécu la crise de la COVID ?

Au départ, on a été face à une situation inédite et assez violente, avec arrêt d’activité pour tout le monde. Il faut savoir que le tissu entreprenariat féminin est essentiellement composé de femmes qui exercent dans le secteur des services. Or ce sont ces secteurs qui ont été très lourdement impactés par la Covid.

Nous avons essayé d’être plus près de nos membres pendant la période de confinement à travers une série hebdomadaire de webinaires. Et à fortiori, on a compris qu’il y avait beaucoup de femmes en difficulté et qui commençaient à l’être de plus en plus. Certaines d’entre elles étaient même menacées par la fermeture de leur société. Nous-mêmes on s’est remis en question et note bureau exécutif a décidé de revoir sa feuille de route  pour pouvoir être plus près de ces femmes. C’est pourquoi on a créé le programme AMALI qui est un plan d’aide aux femmes dont l’entreprise a été affectée par la Covid.

Propos recueilli par Naîma Cherii

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