Les sans culotte du monde arabe

Le monde arabe est en train de découvrir ses «sans-culottes».

Leur première montée au créneau a eu lieu en Tunisie. Comme dans la révolution française (de 1789), où ces contestataires issus du petit peuple s’étaient soulevés, acculés par la faim et les privations, les «sans-culottes» du monde arabe, aujourd’hui, dénoncent leur propre insatiété, leurs propres privations. Ils réclament une plus grande justice sociale.

  

En Tunisie, c’est le cas d’un marchand ambulant, Mohamed Bouaazizi qui a mis le feu aux poudres et ce sont des gens de sa condition qui ont soufflé sur les braises jusqu’au départ du Président Benali.

En Egypte, la place Tahrir était noire de gens humbles et modestes. Certains ont dénoncé leurs conditions de vie devant les caméras, mais la plupart d’entre eux n’avaient même pas besoin de parler. Ce qu’ils étaient parlait plus fort que ce qu’ils auraient pu dire s’ils s’étaient exprimés.

Ailleurs, dans le monde arabe (mais pas seulement… en Chine aussi, par exemple), on ne craint plus les intellectuels, les opposants et autres extrémistes religieux, autant qu’on craint la foule. La contestation populaire fait peur et cela se comprend.

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Le problème avec les «sans culotte», de façon générale, c’est qu’ils ne sont ni encadrés par des leaders, ni eux-mêmes en mesure d’aller aux affaires. Leur révolte permet de détruire ce qu’ils veulent détruire, mais il se pose ensuite le problème de remplacer ce qui a été détruit et de le remplacer en mieux (ou du moins de le remplacer selon l’idée que l’on se fait du changement).

En Tunisie, aussi bien qu’en Egypte, la contestation populaire a effectivement déchu les Présidents Benali et Moubarak, mais pas les régimes. Les plus avertis parmi les manifestants ont alors vu que leur «révolution» risquait d’être récupérée par… les mêmes (moins le Président). D’où les dernières résistances.

Dans les deux pays, cependant, il a fallu composer avec ceux qu’il y avait: les moins marqués parmi les anciens, mais des anciens quand même !

En Egypte, l’armée –dont personne n’ignore qu’elle était bel et bien aux commandes sous le régime Moubarak- promet d’assurer la transition, et la transition seulement, avant de restituer le pouvoir aux civils que des élections transparentes auront portés au pouvoir.

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Les «sans culottes» regagneront leur place. Leur mission aura pris fin. Le prochain régime veillera à ne pas réveiller leur colère. Mais la satisfaction de toutes leurs revendications est-elle pour autant garantie ? Le temps le dira.

En Tunisie, on le constate cette semaine, l’impatience populaire est telle que les citoyens, par milliers, n’attendent même pas de voir ce que va faire le nouveau gouvernement. Ils prennent la mer et débarquent, en toute illégalité en Italie, sur l’île de Lampedusa. Régime déchu ou pas, la faim et les privations sont toujours là.

On en apprendra avec les «sans culotte» du monde arabe, puisque le mouvement n’est pas fini.

Mais les régimes arabes les plus intelligents seront bien ceux qui sauront anticiper. Les revendications populaires sont partout les mêmes. Pourquoi attendre de les satisfaire sous la pression ?

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