Les Marocains veulent décamper : Mais rien n’est encore perdu

C’est un secret de polichinelle. Les compétences marocaines poursuivent leur fuite vers l’étranger. Pour réduire l’ampleur du phénomène, l’Etat se doit de réagir au plus vite.

Dès lors qu’on observe la diaspora marocaine à l’étranger, le nombre de réussites socioprofessionnelles font rêver et donnent envie de tenter le coup et partir vers d’autres cieux, en dépit des risques et dangers que comporte une telle décision.

Quand le cœur n’y est plus

Les réformes sociales lancées par les gouvernements successifs, depuis l’indépendance, n’ont pas été concluantes. Il en a résulté un profond sentiment de déception chez les citoyens marocains. Cette désillusion a pris de l’ampleur au fil du temps. Actuellement, la population est intimement convaincue qu’il est possible de construire son avenir et celui de ses enfants partout dans le monde, sauf au Maroc. Si quelques-uns  disposent des moyens financiers qui leur permettent d’émigrer à l’étranger, d’autres sont beaucoup moins chanceux. En effet, faire le choix de quitter définitivement son pays n’est pas une décision facile. Le passage à l’acte nécessite toujours des moyens financiers conséquents que tous les Marocains n’ont pas. Ceux qui ne parviennent pas à concrétiser leur rêve de refaire leur vie à l’étranger, en famille ou en solo, sont souvent pris d’une anxiété envahissante. En 2017, un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a révélé que 1.477.408 de Marocains souffrent de troubles anxieux.

Pourquoi changer une formule qui marche?

Pour freiner l’exode des compétences et inciter les Marocains à mettre leur savoir-faire au service de leur pays, les avis sont unanimes pour dire que les responsables doivent s’attaquer aux dysfonctionnements qui gangrènent les secteurs vitaux pour le citoyen. La santé, l’enseignement, l’emploi et l’administration doivent, de ce fait, figurer en tête des priorités gouvernementales. Les mêmes spécialistes estiment que pour redonner la confiance aux citoyens, toutes catégories sociales confondues, il est primordial d’instaurer un environnement propice au développement des compétences individuelles et collectives. Aussi, est-il important d’encourager ces compétences à créer et innover au sein même de leur pays. A l’ère technologique et afin de concurrencer les pays qui réussissent à attirer et retenir les compétences étrangères, notamment marocaines, il faut bannir définitivement cette conception obsolète du travail. Ceci d’une part. D’autre part, l’Etat est invité à redonner l’éclat à l’école marocaine, dans le cadre d’une réforme globale et profonde du système d’enseignement. L’une des raisons pour lesquelles les compétences regardent ailleurs, est liée à la manière de vivre dans les entreprises au Maroc. La plupart des citoyens estiment que les droits salariaux ne sont respectés que par une poignée de recruteurs. Parmi ces droits, figurent les heures supplémentaires non rémunérées, les horaires de travail excessives ou, pire encore, la non déclaration des employés au régime de sécurité sociale. Ne pouvant faire autrement, beaucoup de travailleurs de différentes catégories, se posent aujourd’hui la question de savoir si ça vaut encore le coup de trimer au Maroc, alors qu’il est possible d’être mieux considéré à l’étranger. Aujourd’hui, le Marocain a besoin d’être remis en confiance. C’est en mettant en valeur ses compétences et en lui rendant toute l’assurance d’une vie digne, qu’on pourra alors espérer un raffermissement des liens avec la mère patrie. Avant de convaincre la diaspora de regagner le pays, peut-être faudrait-il commencer par valoriser les compétences et le savoir-faire des résidents permanents dans le Royaume. 

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Pour finir sur une bonne note, il convient de citer le rapport «Working Millennial Index». Il en ressort que le Maroc est la meilleure destination de la région MENA pour les jeunes de moins de 35 ans, pour vivre et travailler. Le Royaume occupe ainsi la 25ème  place mondiale dans ce classement établi par le cabinet de recrutement britannique Silver Swan, basé sur un sondage effectué dans 75 pays à travers le monde. Dans ce classement qui tient compte du taux de chômage, du revenu moyen et du climat des affaires pour les entreprises émergentes, le Maroc a devancé des pays comme la Russie, la Norvège ou encore la Belgique. On ne demande qu’à y croire.

Mohcine Lourhzal

Métiers en vogue là-bas et chasseurs de têtes ici

Le secteur des nouvelles technologies de l’information (IT) a le vent en poupe à l’étranger. Les compétences informatiques marocaines restent les plus recherchées, du fait qu’elles connaissent une évolution soutenue. Ceci est particulièrement problématique du fait que ça contribue à aggraver le phénomène de la fuite des cerveaux que le Maroc espère endiguer.  D’après la Fédération Marocaine des Technologies de l’Information, des Télécommunications et de l’Offshoring (APEBI), le phénomène de la fuite des compétences marocaines a pris de l’ampleur, ces dernières années. Non seulement le Maroc ne parvient pas à récupérer ses ressortissants talentueux à l’étranger, mais en plus, les recruteurs étrangers viennent dénicher les meilleurs talents sur le marché marocain. Selon des statistiques, le Royaume produit 8.000 profils IT par an. 600 d’entre eux quittent le pays chaque année. Comme l’indiquent de grands opérateurs nationaux opérant dans le secteur des IT, au moins trois entreprises étrangères viennent tous les 15 jours au Maroc, pour  débaucher des ingénieurs.

** Appel conjoint à la Libye (1)

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