Biden | L’initiative diplomatique gâchée par l’horreur de l’hôpital de Gaza

L’horreur qui s’est abattue sur l’hôpital de Gaza a changé la nature du conflit en cours. Quoi que dise Israël, les victimes ont changé de camp au niveau de l’opinion arabe et largement internationale.

Le déplacement du Président américain était à haut risque, il est devenu illisible. «Cette visite sert à montrer la solidarité avec Israël, mais elle a aussi pour but de dire aux Israéliens la limite qu’ils ne doivent pas dépasser», a estimé mardi 17 octobre sur franceinfo l’ancien ambassadeur israélien en France Elie Barnavi, à la veille d’une visite en Israël du Président américain Joe Biden et au 11ème jour de la guerre déclenchée par l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien.

C’était avant la frappe sur un  hôpital de Gaza faisant des centaines de morts. Israël a été rendue responsable de ce crime par le Hamas et les manifestants pro palestiniens dans de nombreux pays du monde arabo musulman. Israël à nié et dénonce un tir raté du jihad islamique. C’est la thèse reprise par Biden lors de son arrivée  à Tel Aviv. Le Président américain Joe Biden a affirmé que le tir sur l’hôpital de Gaza semble être le fait de «la partie adverse», dans une déclaration en présence du Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahu.«J’ai été profondément attristé et choqué par l’explosion dans l’hôpital à Gaza. Et sur la base de ce que j’ai vu, il apparaît que cela a été mené par la partie adverse, pas vous», a déclaré le Président américain. Il avait fait part précédemment «de ses plus profondes condoléances pour les vies innocentes perdues dans l’explosion d’un hôpital à Gaza» et souhaité «un prompt rétablissement aux blessés».

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Il s’était également entretenu à ce sujet avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le Roi Abdallah II de Jordanie, avait fait savoir la Maison Blanche. Cela n’aura pas suffi à maintenir le calendrier de la visite en Jordanie. Ce déplacement sera uniquement israélien, les projets de Sommet avec la Jordanie, l’Egypte et l’Autorité  Palestinienne étant devenus impossibles. Le Sommet prévu à Amman avec le Président américain Joe Biden, le Roi Abdallah II de Jordanie, le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le dirigeant de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a été annulé. Plus tôt dans la soirée, un haut responsable palestinien avait déclaré qu’Abbas avait annulé sa participation à la réunion. Abbas devait rejoindre le Roi Abdallah II et Sissi pour des entretiens, où ils devaient discuter de la guerre entre Israël et le Hamas avec Biden. Mais le haut responsable a déclaré qu’Abbas se retirait pour protester contre l’explosion dans un hôpital de Gaza qui, selon les responsables de la santé du Hamas, a tué plus de 500 personnes.

La frappe de l’hôpital Al-Ahli de Gaza, qui a fait des centaines de morts, a changé le climat de la confrontation entre Israël et le Hamas, alors même que les deux parties se renvoient la responsabilité, rappelle radiofrance. «L’explosion qui a fait des centaines de morts à l’hôpital Ahli de Gaza, a déjà eu un impact majeur: elle a tué dans l’œuf l’initiative diplomatique du Président Biden, dont le voyage en Israël devient très problématique ; et elle a embrasé les opinions arabes contre Israël et ses soutiens occidentaux. Pour beaucoup, Israël n’est plus, la victime de la pire attaque terroriste de son Histoire, mais un pays sur la défensive qui doit prouver qu’il n’a pas commis un crime de guerre. Israël est de surcroit pris au piège de son blocus de Gaza: pour cette raison, il n’y a aucune source indépendante sur place, pas un journaliste étranger, pas un observateur extérieur, pour vérifier les faits ; à savoir s’il s’agit d’un bombardement israélien comme accusent les Palestiniens, ou d’un tir de roquette du Jihad islamique qui a provoqué l’explosion, comme l’affirme Israël.

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La disparition du volet diplomatie est donc un échec qui se retourne contre Joe Biden. Reste le volet humanitaire qui va devenir prioritaire. C’était très rapidement perceptible. Par exemple, le changement de ton d’Emmanuel Macron sur son compte Twitter, qui, sans attribuer la frappe, écrit «Rien ne peut justifier une frappe contre un hôpital. Rien ne peut justifier de prendre des civils pour cibles».

Et surtout, les manifestations en Cisjordanie et dans les pays voisins, prenant parfois pour cible, comme à Beyrouth, les ambassades des États-Unis et de France. Le Roi Abdallah de Jordanie, dont le pays a des relations diplomatiques avec Israël depuis trente ans, fait porter le blâme à l’État hébreu et parle de «crime de guerre».

Cette catastrophe sur laquelle nous ne savons pas encore tout, change le climat international. Elle rappelle le bombardement meurtrier de Cana, pendant la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah au Sud Liban. La guerre avait pris fin quelques jours après. Le contexte est différent, mais le changement de climat est similaire, la guerre de Gaza a pris un tour différent depuis le crime de l’hôpital.

Patrice Zehr

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