
La Charte relative au financement et à l’accompagnement des très petites entreprises (TPE) a été signée, jeudi à Rabat, par le ministère de l’Économie et des Finances, le ministère de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques, Bank Al-Maghrib, Tamwilcom, Maroc PME, le groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), la fédération nationale des associations de microcrédit (FNAM) et la confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM).
Cette Charte s’inscrit dans le cadre des Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, contenues dans le Discours du Trône du 30 juillet 2025, appelant à la réduction des disparités sociales et territoriales et à la promotion d’un développement territorial intégré.
S’exprimant lors de la cérémonie de signature, le Wali de BAM, Abdellatif Jouahri, a souligné que le secteur financier se devait de répondre l’appel Royal de réduire les disparités entre les régions du Royaume.
M. Jouahri a mis l’accent sur les défis liés à l’importance du cash dans l’économie marocaine, notant que le taux de circulation fiduciaire représente 28% du produit intérieur brut (PIB), l’un des taux les plus élevés au monde.
“Nous avons analysé toutes les composantes de cette problématique et identifié les leviers qui nous permettent de travailler efficacement,” a-t-il fait savoir, ajoutant que les solutions passent notamment par le numérique, le digital et l’intelligence artificielle.
Le Wali de BAM a également évoqué la stratégie d’inclusion financière visant à couvrir intégralement le territoire marocain avec au moins un point d’accès aux services financiers dans chaque commune.
De son côté, le vice-président du GPBM, Mohamed El Kettani, a salué le travail de la Banque Centrale et de toutes les institutions parties prenantes qui contribuent au quotidien à la promotion des TPE.
“Cette Charte a l’avantage de mettre en place des dispositions spécifiques qui vont guider les activités du secteur bancaire dans les semaines et les mois à venir,” a-t-il dit.
M. El Kettani a insisté sur la nécessité de spécialiser les équipes bancaires pour mieux servir cette catégorie d’entreprises, de digitaliser les offres de produits et services, et surtout d’améliorer la qualité des modèles de scoring à travers la construction d’une base nationale de données comportementales.
“Il s’agit de traiter mensuellement plusieurs dizaines de milliers de dossiers de petits crédits. Il faut industrialiser le processus et c’est l’intelligence artificielle qui permettra d’y parvenir,” a-t-il fait valoir.
Pour sa part, Youssef El Alaoui, président du groupe CGEM à la Chambre des Conseillers, a précisé que 90% des adhérents de la CGEM sont des PME ou TPE.
“Cette Charte vient compléter l’arsenal de financement existant en intégrant un système de scoring national, en assurant un accompagnement non financier et en mettant en place un système de reporting régulier,” a-t-il expliqué.
M. El Alaoui a mis en avant l’importance pour la CGEM de renforcer sa présence auprès des PME à travers ses délégations régionales.
Et de poursuivre : “Le potentiel est là. Si nous parvenons à améliorer l’accès au financement et à renforcer les capacités des entrepreneurs, nous placerons ces TPE sur des trajectoires de croissance et de création d’emplois”.
Le directeur général de Tamwilcom, Said Jabrani, a souligné, quant à lui, le rôle crucial de son institution dans l’accompagnement du secteur financier pour faciliter l’accès au financement des entreprises.
“En 2024, nous avons contribué à la mobilisation de 41 milliards de dirhams (MMDH) de financement, dont 89% prévus aux TPE”, a-t-il rappelé, indiquant que cela reflète l’ADN même de Tamwilcom.
Saluant le partenariat exemplaire avec le GPBM et le secteur financier, M. Jabrani a fait savoir que Tamwilcom délègue tous les dossiers de moins de 1 million de dirhams aux banques pour décision et traitement et ce, depuis une dizaine d’années avec des résultats globalement positifs.
Tamwilcom, a-t-il soutenu, s’engage à améliorer davantage sa politique de garantie et à accompagner tous les dossiers présentés par le secteur bancaire sans limite de volume.
Cette Charte pour le financement et l’accompagnement des TPE accompagne aussi le déploiement de la Charte de l’investissement qui a créé de nouveaux dispositifs de soutien à l’investissement des entreprises, notamment les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), dans le but notamment de promouvoir l’investissement privé, de renforcer la création d’emplois et de réduire les disparités territoriales.
Elle s’inscrit également dans la continuité des efforts menés par les parties prenantes concernées, depuis plus de deux décennies, pour faciliter l’accès de ce segment au financement, notamment dans le cadre de la Stratégie nationale d’inclusion financière portée conjointement par le ministère de l’Économie et des Finances et BAM.
A travers cette Charte, les parties signataires unissent leurs efforts en vue de mieux servir, tout au long de leur cycle de vie, les TPE qui représentent près de 94% du tissu productif national et contribuent fortement à l’emploi, mais dont le potentiel économique demeure encore sous-exploité.
Ladite Charte vise aussi à lever les entraves qui freinent leur développement et à favoriser une croissance plus inclusive et équilibrée sur l’ensemble du territoire national.
A ce titre, les parties signataires s’engagent à mettre en œuvre de nouvelles mesures concrètes et opérationnelles aux plans du financement, de la notation des crédits alloués et de l’accompagnement.
Ainsi, les banques, les institutions de microfinance et Tamwilcom mettront en place des offres de crédit et de garantie renforcées et adaptées aux besoins spécifiques des TPE. Pour sa part, Bank Al-Maghrib, a mis en place, dès mars 2025, un nouveau mécanisme de refinancement spécifique aux TPE à un taux préférentiel.
En outre, les banques et les institutions de microfinance mettront à niveau leurs dispositifs de notation interne pour mieux prendre en compte les spécificités des TPE, tout en intégrant les scores du système national de scoring dédié à ce segment d’entreprises qui devrait être mis en place à partir de début 2026.
Les parties signataires œuvreront pour renforcer et coordonner les actions d’accompagnement menées dans le cadre des programmes de formation, de sensibilisation et d’appui technique en faveur des TPE en tenant compte de leurs spécificités.
La Charte institue un Comité TPE chargé du suivi de la mise en œuvre des engagements pris par les parties signataires.
LR/MAP
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