Eric Baulard, Directeur de l’Agence française de développement (AFD) Maroc

Eric  Baulard, Directeur de l’Agence française de développement (AFD) Maroc

L’AFD, partenaire de l’action territoriale et des projections africaines

Présent aux 1ères rencontres de la Maison Méditerranéenne du Climat, Eric  Baulard, directeur de l’AFD-Maroc, livre au Reporter ses impressions sur ces journées, leur teneur et leur dimension et explique l’étendue de l’intervention de l’AFD au Maroc et Afrique.

L’AFD assiste aux 1ères  rencontres de la Maison Méditerranéenne du Climat (MMC). Que représente pour vous cette initiative et que pourra-t-elle traduire?

Les rencontres de ce matin sont les premières rencontres sous les auspices de la MMC qui est en voie de création. Elles sont très importantes parce qu’elles traduisent en fait l’engagement des régions, l’engagement des territoires, c’est-à-dire, quelque part, l’engagement de tous au bénéfice de la sauvegarde de la planète, à travers la lutte contre les effets du dérèglement climatique. Donc, elles traduisent une prise de conscience et une volonté d’agir; elles traduisent aussi trois objectifs qui sont ceux d’œuvrer concrètement et collectivement, puisqu’on est plus fort tous ensemble. Elles traduisent également la volonté d’innover, parce qu’il faut absolument être astucieux et plus novateur pour trouver des solutions aux problèmes que nous rencontrons et de manière à être plus efficaces en matière d’émission de carbone, en matière d’adaptation, autrement dit en matière de résilience des populations, des bâtiments, des ouvrages aux effets du dérèglement climatique. Et puis, enfin, le 3ème objectif, essentiel, c’est la solidarité.

Pourquoi nécessairement cette solidarité?

Parce que nous subissons tous, sur la planète, les effets du dérèglement climatique. Mais certains les subissent plus que d’autres et certains en souffrent plus que d’autres. C’est bien le cas de la Méditerranée qui souffre du stress hydrique depuis déjà longtemps et qui, malheureusement, est appelée à en souffrir davantage. Et donc, la Méditerranée est une zone particulièrement vulnérable et la solidarité doit s’exercer à son endroit et à son bénéfice. C’est un des principes essentiels qui guident, je crois, la fondation de cette maison méditerranéenne du climat…

Dans ce sens, comment peut-on évaluer l’action de l’AFD, au Maroc particulièrement et quelles en seront les retombées?

Il faut dire que le partenariat entre l’Agence et le Royaume du Maroc est extrêmement dense, riche et diversifié. Je pense qu’il est quelque part le reflet du partenariat d’exception entre le Maroc et la France et ce qui se traduit par le fait, que le Maroc est le premier pays d’intervention de l’AFD dans le monde. C’est près de six milliards d’euros de financements, cumulés depuis les premières interventions de l’AFD, aujourd’hui, ce qu’on appelle une exposition financière. Mais les chiffres parlent de plus de deux milliards et demi d’euros; c’est considérable. Aujourd’hui, nous avons lancé une nouvelle stratégie quinquennale, 2017-2021, qui va œuvrer dans le sens d’un appui à une croissance plus inclusive et plus durable au Maroc et va se décliner à travers trois grands objectifs opérationnels.

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Le premier c’est de valoriser et de  protéger le capital humain. Cela renvoie à l’éducation, à la formation professionnelle, l’emploi… Donc, évidemment, une priorité nationale.

Le second objectif opérationnel consiste à favoriser la réduction des disparités spatiales, appuyer une mobilité durable, l’attractivité des territoires et une plus grande inclusivité… Tout ceci se traduit par des actions dans différents secteurs, notamment développer les écosystèmes urbains et ruraux, les plates-formes industrielles, le logement social, mais aussi le Plan Maroc Vert. Ça veut dire aussi la mobilité durable, financer des transports peu émissifs, tels que les tramways de Rabat et de Casablanca, la Ligne à grande vitesse, mais aussi dans l’attractivité des territoires. L’inclusivité passe par l’accès de tous aux services essentiels ce qui, pour nous, signifie qu’on va appuyer le programme national d’assainissement, la fin de l’extension du PERG, c’est-à-dire l’électricité généralisée pour l’ensemble du territoire et aussi, naturellement, l’eau potable. D’ailleurs, lors de la récente rencontre de haut niveau, on a signé une lettre d’entente avec l’ONEE, pour financer un très beau projet de promotion de l’accès à l’eau potable en faveur des populations du nord du Royaume du Maroc.

Enfin, le troisième grand bloc d’objectifs opérationnels est de favoriser la transition énergétique, la transition écologique et l’adaptation aux changements climatiques. Et là, c’est surtout l’appui au Plan solaire, c’est l’efficacité énergétique, soit directement, soit à travers des appuis à la codification, le refinancement des banques, pour œuvrer en la matière. Mais c’est aussi la protection de la biodiversité.

Donc, cet ensemble d’objectifs opérationnels est accompagné de deux grands objectifs transversaux qui vont appuyer la gouvernance et accompagner la régionalisation avancée. Là, on se retrouve pleinement dans cette initiative qui est prise à Tanger et qui consiste à favoriser et à magnifier quelque part, en fait, le rôle des territoires et le rôle des régions dans la lutte générale contre les effets du dérèglement  climatique.

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Pour ce qui est de l’Afrique, aujourd’hui, on parle du Maroc comme hub africain. Comment peut se traduire l’action de l’AFD sur ce plan et dans quels domaines précisément?

Cette action se traduit déjà concrètement parce que, en sous jacent de notre stratégie d’intervention, il y a l’appui des opérateurs publics marocains dans leurs projections en Afrique, depuis déjà des années. Nous l’avons réaffirmé pour les années qui viennent et ça se traduit à plusieurs niveaux. D’abord, nous avons accompagné financièrement et en partage de risques la projection des grandes banques marocaines en Afrique, depuis 2008, c’est-à-dire depuis bientôt dix ans. Puis, c’est aussi la promotion du modèle marocain. Car, lorsqu’on a appuyé et accompagné des projets qui fonctionnent et qui ont fait leurs preuves et que l’on pense collectivement que ce modèle peut être répliqué et qu’il doit être montré, nous aidons à cela. C’est, par exemple, ce qu’on a fait en matière d’agriculture, en mettant en relation les autorités camerounaises et les autorités marocaines en matière de conseil agricole et de promotion d’une fertilisation raisonnée des sols. C’est aussi ce que nous avons fait en matière de formation professionnelle, en amenant au Maroc des amis du Nigeria, pour leur montrer les modèles de l’IFIA, de l’IMA, c’est-à-dire des instituts de formation professionnelle engagés dans la formation dans l’aéronautique et dans la construction automobile qui fonctionnent et dont les taux d’employabilité sont extrêmement élevés. Et c’est ce que nous continuerons  de faire. Nous ambitionnons de le faire avec l’ONEE et, dans quelques temps, en matière d’assainissement avec les Tanzaniens. Tout ceci est bien concret. Puis, nous ne pouvons pas nous empêcher de  penser à l’initiative Triple A de l’adaptation de l’agriculture pour l’Afrique que nous soutenons. D’ailleurs, il y a quelques jours, nous avons signé un mémorandum avec le ministre de l’Agriculture et la Banque Mondiale qui va le mettre en œuvre. Nous apportons un financement d’un million d’euros pour mettre en place la gouvernance de cette initiative qui nous plaît énormément pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’elle fait un grand sens, puisqu’il s’agit de l’adaptation. Ensuite, il s’agit de l’agriculture, ce qui renvoie à la sécurité alimentaire. Et il s’agit de l’Afrique qui est notre territoire historique d’intervention. Voilà pourquoi cette initiative devait être appuyée par l’AFD, ce qui a déjà été fait et continuera de se faire.

Propos recueillis à Tanger par Hamid Dades  

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