Après Alep : Quelle stratégie pour les «Rebelles»?

Après Alep : Quelle stratégie pour les «Rebelles»?

La chute d’Alep, anticipée dans notre dernier numéro, ne marque pas la fin de la rébellion anti-Al-Assad en Syrie.

La chute d’Alep est certes une victoire capitale pour Damas, la Russie et l’arc chiite, notamment l’Iran.

La chute de leur bastion à Alep-Est a anéanti l’espoir des opposants de Bachar Al-Assad de chasser le président syrien du pouvoir ou même d’entamer, en position de force, des négociations sérieuses en vue d’une transition politique. «La perte d’Alep est un coup très dur pour le courant dominant de la rébellion qui a misé sur le soutien de pays comme la Turquie, les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite, mais qui peut maintenant voir ses sponsors perdre foi dans le projet. Cela dit, la rébellion en tant que telle ne disparaîtra pas et la guerre ne sera pas terminée bientôt. Mais sa nature et son intensité peuvent commencer à changer», explique ainsi Aron Lund, chercheur associé à la Century Foundation.

Les rebelles ne sont cependant pas totalement anéantis. Il est vrai qu’ils ne disposent plus d’une assise géographique importante pour affirmer leur présence sur le terrain. Avec la perte d’Alep-Est, ils ont ainsi perdu la dernière grande ville syrienne et les zones contrôlées par l’opposition syrienne se réduisent comme une peau de chagrin.
Il reste d’abord et principalement la région d’Idleb. Une multitude de groupes et de groupuscules à forte influence djihadiste contrôle cette zone du nord de la Syrie, à l’instar de Fateh al-Cham et Ahrar al-Cham.
Il y a ensuite des rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL), appuyés par la Turquie, qui mènent actuellement des combats plus au nord d’Alep. Plusieurs poches de résistance sont par ailleurs disséminées à Hama, Homs, autour de la capitale syrienne et de ses banlieues, mais aussi à la frontière avec le Liban, notamment dans le jurd de Ersal. Ces régions subissent, elles aussi, des sièges implacables et des bombardements féroces de la part des forces loyalistes. Les insurgés qui les contrôlent varient des rebelles dits «modérés» aux plus radicaux.

Syrie Al-Assad n’est plus un tabou

Le revirement turc et le lâchage militaire des Occidentaux expliquent la défaite totale à Alep. La France, elle, se contente d’un discours humanitaire qui est son positionnement traditionnel.

La tactique des attaques-éclair, des embuscades, des voitures piégées, voire des attentats-suicide pourrait être adoptée par certains groupes. D’autant plus que pour la majorité des Syriens, leur pays est aujourd’hui occupé par les Russes, les Iraniens et les milices chiites de la région. Et, pour eux, c’est cette occupation qui maintient Al-Assad au pouvoir. Donc, une forme de guerre de libération pourrait être la nouvelle étape dans ce conflit.
La radicalisation islamiste est cependant le danger principal qui menace la rébellion actuellement. Entre désillusion, frustrations, et manque de moyens et de soutiens, l’option djihadiste est devenue de plus en plus tentante pour certains rebelles.

«Les seuls groupes qui ont réussi à mener une insurrection souterraine sont l’Etat islamique d’Irak, qui est devenu plus tard l’EI et, dans une moindre mesure, le mouvement Naqshbandi qui était un front pour le Parti Baas de Ezzat Ibrahim al-Douri. Les mouvements rebelles les plus modérés, pragmatiques, sunnites ont simplement disparu ou ont été dépassés par les radicaux», déplore ainsi Aron Lund.

Ce scénario ne fera que renforcer la propagande du régime syrien et de ses alliés pour frapper impitoyablement l’opposition syrienne. Rappelons que la présence des miliciens de Fateh al-Cham (anciennement Front al-Nosra) a été la justification principale des Russes lors de leur offensive à Alep-Est.

Syrie Une guerre d’Espagne arabo-musulmane?

Le président russe, Vladimir Poutine, a déclaré que «la prochaine étape» pour la Syrie serait un cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire. «Nous nous sommes mis d’accord lors d’un entretien téléphonique avec M. Erdogan (le président turc Recep Tayyip Erdogan) pour proposer aux différentes parties du conflit un nouveau terrain pour des pourparlers de paix. Cela pourrait être la capitale du Kazakhstan, Astana». Ces déclarations interviennent alors que le Conseil de sécurité de l’ONU tentait d’obtenir le déploiement à Alep d’observateurs internationaux chargés de surveiller les opérations d’évacuation de civils et rebelles.

Nous avons évoqué l’échec de l ONU et de la diplomatie humanitaire.

Alors que la presse occidentale se lamente sur Alep la martyre, la presse iranienne salue la libération de la ville marquant la fin de terroristes et affirmant le rôle majeur de l’Iran dans la région, dont  Washington et les autres devront tenir compte. Dans la capitale iranienne, des panneaux ont été apposés sur les murs portant l’inscription «la lutte contre les Etats-Unis a encore payé. Alep a été libérée». Un slogan signé des Gardiens de la révolution, la force d’élite du pays et de la mairie de Téhéran. L’Iran a ainsi souligné le rôle des milices chiites armées, entraînées et encadrées par les Gardiens de la révolution iraniens. A savoir, les milices irakiennes regroupées sous le nom de al Hachd al Chaabi (la mobilisation populaire), les Azaras, des chiites afghans réfugiés en Iran et enrôlés dans la guerre en Syrie et enfin le Hezbollah libanais, fer de lance de l’«axe de la résistance» chapeauté par la République Islamique. Victoire russe certes, mais aussi chiite. Et  cela ne fait que compliquer la solution politique pour un pays à majorité sunnite.

Patrice Zehr

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