Mais que se passe-t-il à Casablanca? Ça bouge partout et tout le monde semble s’être enfin résolu à se mettre au travail… Aurait-il fallu attendre que Sa Majesté tire la sonnette d’alarme pour que la ville se réveille?
Des dysfonctionnements à la pelle, une gouvernance qui laisse à désirer, des projets qui ne voient jamais le jour, des citoyens perdus dans les méandres d’une commune aux destinées de laquelle personne ne préside et des responsables qui vivent encore sur les vestiges d’une ville qui fut. Une ville qui a abrité la Conférence d’Anfa, une ville qui fut le berceau de la résistance, une ville immortalisée dans un chef-d’œuvre mondial du 7ème art intitulé «Casablanca», une ville qui a grandi et grandi à tel point qu’elle n’arrive plus à contenir ses problèmes devenus, au fil des années, de plus en plus grands… Une ville encore qui ne trouve plus de gouvernant à sa taille…
Une noble mission
C’est d’ailleurs à partir de la mission de ces gouvernants que Sa Majesté Mohammed VI a introduit, lors de son discours du 11 octobre au parlement, tous les reproches et remarques que le Souverain a fait sur la situation de Casablanca, en rappelant la responsabilité et le devoir de chacun dans la gestion de la chose locale et toute la noblesse et l’étendue de la mission des élus communaux, censés être proches du citoyen et veiller sur ses intérêts, étant les premiers responsables des services publics. Mais, la réalité est autre. Sa Majesté l’avait d’ailleurs précisé soulignant la constatation «d’amples variations entre les niveaux de gestion des affaires locales et régionales». Alors que des collectivités territoriales ont pu développer un modèle de gestion raisonnable, d’autres malheureusement, «pâtissent d’une gestion défectueuse de la part des instances élues».
Casablanca, le mauvais exemple
C’est partant de ses propres investigations et des visites de terrain dans ses différents quartiers que Sa Majesté a pointé du doigt Casablanca. Une ville qu’il affectionne et dont il veille «à suivre de près les différents programmes et projets visant à pallier les déficiences que connaît cette ville». Ville dont on aspire à faire un pôle financier international, vu la place qu’elle occupe en tant que locomotive de développement économique. Un projet qui ne saurait se concrétiser à travers «une simple décision d’ériger des méga-édifices selon les meilleurs schémas architecturaux».
Transformer Casablanca en hub financier international «exige d’abord et avant tout des infrastructures et des services de base, répondant aux normes mondiales. Elle requiert, en outre, la consolidation des règles de bonne gouvernance, la mise en place d’un cadre juridique approprié, la formation de ressources humaines hautement qualifiées et l’adoption de techniques et de méthodes de gestion modernes» a fait remarquer le Roi.
Le constat aujourd’hui est que Casablanca ne dispose pas des atouts adéquats. Certes, c’est l’une des plus riches villes du Maroc, mais dans le concret, elle demeure incapable de connaître l’essor qui lui est échu. C’est «un espace des grandes contradictions, jusqu’à devenir l’un des modèles les plus faibles en matière de gestion territoriale». Et le souverain de résumer la situation de Casablanca en la qualifiant de ville des disparités sociales. Une ville «où se côtoient les catégories riches et les classes pauvres. C’est la ville des gratte-ciel et des bidonvilles. C’est le centre de la finance et des affaires, mais aussi de la misère, du chômage et d’autres maux, sans parler des déchets et des ordures qui en ternissent la blancheur et entachent la réputation». Situation désastreuse pour une ville aux grandes ambitions et dont les causes sont nombreuses.
Les causes d’une déchéance
Si Casablanca a atteint ce niveau de décadence c’est bien à cause d’un flagrant déficit de gouvernance. Ce qui est dû, relèvera encore le Souverain au «mode de gestion adopté par certains Conseils élus qui se sont succédé à la gestion de la ville, ainsi que les antagonismes stériles entre leurs composantes respectives. On constate, de surcroît, la multiplicité des fonctions assumées par les membres de ces Conseils et le cumul des responsabilités…».
Malgré son budget faramineux, le conseil communal demeure dans l’incapacité de gérer les grands dossiers. En témoigne le grand déficit que connaît le domaine de l’assainissement, «où les réalisations restent limitées, en tout cas bien en-deçà des besoins de la population».
Ceci étant, il ne suffit pas de constater. Il faut donc se mettre au travail. Sa Majesté l’a d’ailleurs clairement exprimé en soulignant que «Cette situation complexe nécessite d’urgence un diagnostic qui permette d’identifier les origines du mal et les moyens d’y remédier. Car, en effet, l’essor des villes ne se mesure pas uniquement à l’aune de la hauteur de leurs tours et de la largeur de leurs avenues, mais on l’évalue essentiellement en fonction des infrastructures et des services publics disponibles, et à la lumière de la qualité de vie dans ces villes».
Et le Souverain d’ajouter «les responsables de la gestion des affaires de la métropole ont la volonté et la résolution d’œuvrer à la promotion et à l’essor de leur ville. Il leur incombe de les traduire concrètement sur le terrain».
Autrement dit, il est temps de se mettre sérieusement au travail parce qu’au-delà d’un tel niveau de dégradation, il y a de forts risques que la capitale économique du Royaume voie toutes ses réalisations rester à l’état de projets, ou qu’elle se voie surclassée par d’autres qui aspireraient alors à sa position de destination économique privilégiée et locomotive de l’économie nationale. Ce qui serait vraiment dommage pour la métropole.
Hamid Dades
Khalid Safir En présidant la cérémonie d’installation de Khalid Safir, que le Roi Mohammed VI a nommé Wali de la région du Grand Casablanca, gouverneur de la préfecture de Casablanca, le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, l’a félicité pour la confiance placée en lui par le Souverain en le nommant Wali de cette région, qui représente le tiers de l’économie nationale (30%), insistant sur l’impératif d’œuvrer de concert avec les élus et tous les responsables de cette ville, appelés à «unifier leurs rangs et à mettre en place un programme de travail commun». HD |
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Casablanca, la blancheur maculée
Le 11 octobre à Rabat, à l’occasion de l’ouverture de la première session de la 3ème année législative de la 9ème législature, le Roi Mohammed VI a prononcé un discours dont une importante partie a été consacrée à la ville de Casablanca, à sa gestion et à ses maux, surtout.
SM le Roi a donc parlé de tous les maux de cette ville; des maux antérieurement soulevés par la presse nationale. «Casablanca est la ville des disparités les plus criantes où se côtoient les catégories riches et les classes pauvres. C’est la ville des gratte-ciel et des bidonvilles…Sans parler des déchets et des ordures qui en ternissent la blancheur et entachent la réputation», a dit le Roi.
Casablanca, une ville sale
Effectivement, les déchets et des ordures sont parmi les problèmes sérieux qui se posent à Casablanca, malgré l’attribution du ramassage des déchets à trois sociétés, Tecmed, Sita El Beïda et CGDMA. Depuis 2004, ces trois sociétés devaient rendre la ville de Casablanca très propre. Mais elles n’accomplissent pas dument leur mission. Les éboueurs de ces sociétés nettoient les quartiers de la ville en colletant manuellement les déchets, pour ensuite les mettre dans les camions qui les transportent vers la décharge de Médiouna. Il faut souligner qu’il y a toujours eu certains points noirs à Casablanca après le ramassage régulier des déchets par les sociétés de collecte, sans oublier les odeurs nauséabondes après le passage des camions à déchets ménagers dans les quartiers. Les services de contrôle du travail de ces sociétés ne fonctionnent pas comme il se doit au niveau des différentes communes de Casablanca. La preuve en est que les déchets ménagers sont éparpillés par-ci par-là.
«Mercredi dernier (9 octobre), les membres du Conseil de la ville se sont réunis pour activer la feuille de route qui était validée par le Roi Mohammed VI. L’une des priorités de Casablanca est la gestion des déchets et la propreté urbaine. En 2004, la ville de Casablanca à délégué le ramassage des déchets à trois sociétés, mais il y a eu des failles. Les élus se réuniront prochainement pour revoir les cahiers des charges de ce secteur et élargir le champ d’activité. Il est aussi prévu que chaque collectivité locale ou arrondissements de la métropole économique ait un ingénieur pour un contrôle quotidien du ramassage des déchets», informe Abdelhak Mabchour, élu du Parti Travailliste au Conseil de la ville.
Les contrats avec ces trois sociétés arriveront à terme en mars 2014. Actuellement, une guerre intestine est déclarée au sein du Conseil de la ville. Les élus reprochent à ceux chargés de gérer ce secteur de ne pas travailler dans la transparence. Les appels d’offres concernant ce marché juteux se font dans des conditions douteuses. Les cahiers des charges conviennent plus aux sociétés qui opèrent déjà dans ce secteur qu’aux nouveaux entrants. Une des conditions absurdes imposées, c’est d’avoir une expérience de cinq années dans ce secteur d’activité, dans toute ville dont la population dépasse 300.000 personnes, sans oublier les autres conditions dissuasives. Alors que ces sociétés ont échoué dans leur mission depuis 2004, celle de rendre propre la ville de Casablanca, est-il logique que les contrats avec ces mêmes sociétés soient reconduits? Autre chose que remarquent aussi les Casablancais: les camions utilisés pour le ramassage des ordures sont vétustes. En conclusion, ces sociétés, qui devraient ne pas lésiner sur les moyens pour réussir leur mission, se contentent d’accomplir leur travail avec les moyens de bord, d’où les défaillances constatées.
Qu’en est-il des infrastructures?
Le Souverain a également soulevé le problème des infrastructures. «Malheureusement, Casablanca ne réunit pas tous les atouts, malgré les grands efforts en matière d’équipement et d’investissement, surtout pour ce qui est de la mise à niveau urbaine… En réalité, la transformation de Casablanca en hub financier international exige d’abord et avant tout des infrastructures et des services de base répondant aux normes mondiales», a estimé le Roi Mohammed VI.
L’assainissement est également considéré comme un point noir de la métropole économique. «L’action de la Lydec se limite à un taux de raccordement de 45% des foyers au réseau d’assainissement liquide. Le découpage des zones en 2009 a intégré les communes rurales de Lmkanssa, Bouskoura et Lahraouiyine à la ville de Casablanca. Ces quartiers périphériques comprennent des habitations insalubres et manquent d’infrastructures d’assainissement. Ils sont abandonnés à leur sort et n’ont pas leurs propres ressources, alors qu’il faut prévoir les grands moyens pour permettre une bonne urbanisation. Ces dernières années, l’élu a été écarté de la gestion de la ville de Casablanca. On a ainsi revu la façon de travailler», informe Abdelhak Mabchour.
Mais il n’y a pas que cela. En effet, l’évacuation des eaux pluviales est aussi problématique. Les inondations qui avaient paralysé la ville de Casablanca sont toujours présentes dans l’esprit des Bidaouis. Certes, des efforts ont été déployés à ce niveau-là, mais ils restent insuffisants.
La ville connaît également un autre fléau, celui des bidonvilles qui foisonnent d’année en année et dont la résorption est de plus en plus difficile, alors qu’il a été décidé que Casablanca soit une «Ville sans bidonvilles» en 2010. Outre les bidonvilles dont le nombre des baraques ne cesse de se développer dans la périphérie, il y a aussi ceux qui se sont implantés au sein même de la ville au vu et au su des responsables. Par ailleurs, la ville souffre également d’habitations vétustes, en état de délabrement très avancé. Elle compte entre 20.000 et 25.000 maisons menaçant ruine, chacune abritant plusieurs ménages. Près de 50% de ces ménages sont concentrés à Derb Soltane, alors que l’ancienne Médina concentre près de 30%.
Un des autres problèmes dont souffre la ville: le transport public.
Se déplacer, un calvaire…
En effet, les difficultés de transport et de mobilité des habitants sont un élément limitant les possibilités de développement. En plus des autobus composés de plus de 1.100 véhicules, majoritairement dans un état lamentable et assurant le déplacement de centaines de milliers de personnes chaque jour, le tramway s’est imposé dans le paysage casablancais en essayant de couvrir les besoins de la ville à ce niveau-là. Mais cela reste insuffisant, en attendant le lancement des autres tranches du tramway, ainsi qu’une ligne de type Réseau express régional (RER). On est donc loin des normes internationales en matière de transport en commun. Les bousculades et les bus pleins d’usagers à craquer les ressorts, ainsi que l’état mécanique désastreux des véhicules mis en service ne font qu’aggraver la problématique du transport urbain dans cette ville.
… Et l’insécurité
En termes d’insécurité et de criminalité, Casablanca occupe aujourd’hui un rang de leader au Maroc. L’insécurité qui y règne et si rien n’est fait pour stopper la vague de violence et atténuer le sentiment de peur qui s’empare de plus en plus du citoyen bidaoui, la ville peut ressembler à certaines métropoles internationales connues comme des fiefs de mafias et autres gangs en matière de délinquance. Il ne se passe pas un jour sans qu’on entende parler d’une agression, d’un vol, d’un viol ou même de meurtre. L’insécurité est présente, résultat du chômage, du manque d’éducation et de l’absence de perspectives pour des milliers de jeunes personnes. La plupart de ces dernières ne trouvent d’autre moyen de gagner de l’argent que l’agression des passants et la propagation de la terreur parmi les citoyens. Malgré les arrestations de milliers d’individus pour différents crimes et délits, ces efforts restent insuffisants. Les Casablancais pensent que les agents de sécurité doivent encore redoubler d’efforts dans leur lutte contre le crime, surtout que l’insécurité ne cesse de prendre de l’ampleur.
Badia Dref
Casablanca n’est pas seule à signaler concernant la mauvaise gestion de la gouvernance avec tous les problèmes qu’elle engendre en passant par le manque d’entretien des locaux administratifs la saleté de ses artères et j’en passe.C’est désolant de voir nos villes se dégrader au fil des temps c’est à croire qu’elles sont livrées à elle même.La sonnette d’alarme doit être lancée partout.