Cannabis | Le PJD veut jouer les prolongations, Laftit recadre le débat !

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C’est un projet de loi qui a pour objectifs, notamment la création d’opportunités d’emploi pérenne et l’amélioration des revenus des agriculteurs. Si tout le monde est d’accord sur ces points, le Parti Justice et Développement (PJD) s’entête à vouloir bloquer la machine.

Validé le 11 mars 2021 en Conseil de gouvernement, le projet de loi 13.21 ouvre la voie à la légalisation de la plantation et la commercialisation du chanvre indien, plus connu sous le nom de cannabis, à des fins thérapeutiques et industrielles. L’usage récréatif de cette plante demeure interdit et puni par la loi, contrairement à ce que veulent faire croire les frères de Saâdeddine El Othmani.   

Le ministre de l’Intérieur clarifie les choses

Face aux réticences de certains députés du PJD qui restent opposés, pour des raisons politico-religieuses à la réglementation de l’usage du cannabis, le ministre de l’Intérieur a défendu ardemment le texte préparé par son département, en appelant à son adoption le plus tôt possible pour attirer les investisseurs et rattraper le retard pris par le Maroc dans ce domaine par rapport à d’autres pays, notamment européens. Le but escompté est double. Il s’agit de valoriser la culture du cannabis et améliorer la condition des agriculteurs dont une grande partie continue de vivre sous la menace des poursuites judiciaires. Chose impensable dans un pays riche en cette plante qui peut servir au développement de plusieurs régions du Royaume comme celle du nord.

Répondant aux questions des parlementaires, réunis mercredi 28 avril 2021 à la commission de l’Intérieur, des collectivités territoriales, de l’habitat et de la politique de la ville à la Chambre des représentants, le ministre de l’Intérieur a tenu à remettre les pendules à l’heure. C’est ainsi que Abdelouafi Laftit a expliqué que la réglementation des usages licites du chanvre indien revêt un intérêt économique et social particulier. «Ce projet de loi est venu pour une seule raison, celle de sauver les régions connues pour la culture du cannabis de la déperdition économique», a dit Laftit.  Et le ministre de l’Intérieur d’ajouter que «Cultiver la drogue est et restera toujours interdit…». La plupart des interventions des groupes parlementaires ont insisté sur le fait que le projet de loi 13.21 constitue un point de départ pour l’amélioration des conditions de vie de la population locale en intégrant une large frange de citoyens de la région concernée dans l’effort de développement, relevant que ce projet, qui marque une nouvelle ère pour toute une région, constitue un changement qualitatif courageux dans le processus législatif du Royaume, même s’il intervient tard.

Abdallah Bouanou, chef du groupe du PJD à la Chambre des représentants

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En revanche, certaines interventions ont souligné la nécessité de donner plus de temps aux parlementaires pour approfondir le débat sur le contenu de ce projet et cerner tous ses aspects économiques, sociaux et environnementaux. Ainsi, le Groupe Justice et Développement a appelé à accorder suffisamment de temps au Parlement pour élargir le débat public et la consultation avec la participation des acteurs institutionnels, des partis politiques, de la société civile et de la population concernée, relevant que les régions connues pour la culture du cannabis «ont besoin de véritables programmes de développement et d’infrastructures solides pour améliorer leurs indicateurs de santé et d’éducation qui sont bas». Les députés du PJD ont également mis l’accent sur la nécessité de jeter la lumière sur les politiques publiques à adopter pour lutter contre la culture des plantes servant à la production de drogues ainsi que sur les programmes gouvernementaux visant à créer des activités économiques dans les régions concernées.

Pour sa part, le groupe Authenticité et Modernité a qualifié la présentation par le gouvernement d’un projet de loi visant à réglementer l’usage légal du cannabis de «tournant historique dans le processus de traitement de ce sujet, considéré comme un tabou il y a quelques années», estimant que le débat autour de ce sujet est l’aboutissent naturel de l’évolution de tout phénomène social et scientifique. Après avoir souligné le retard pris dans l’élaboration de ce projet, d’une grande importance économique et sociale pour accompagner les mutations au niveau international en la matière, le groupe parlementaire s’est félicité de cette initiative législative qui va tranché la polémique autour de la culture du cannabis.

Quant au groupe Rassemblement constitutionnel, il a salué cette initiative tendant à légaliser les usages de cette plante à des fins thérapeutiques, industrielles et cosmétiques plutôt que de pérenniser les usages actuels aux conséquences néfastes sur les plans sanitaire, économique et environnemental. Le projet en question n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’un changement dans les positions officielles et au niveau international par rapport aux utilisations de cette plante à des fins économiques, sociales et médicales, dans un contexte national et international en mutation, a-t-il estimé, mettant l’accent sur l’évolution ces dernières années des législations comparées régissant l’usage du cannabis et de ses dérivés.

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Abondant dans le même sens, le groupe Istiqlalien de l’unité et de l’égalitarisme a affirmé que l’examen du projet de loi sur les usages licites du cannabis est un moment historique marquant un changement majeur dans la gestion de ce phénomène, tout en ajoutant que le Maroc a pris un «grand retard» dans la légalisation du cannabis, étant donné que la culture de cette plante est une réalité. Il a rappelé, dans ce cadre, que le projet de loi présenté par le Parti de l’Istiqlal en 2013, qui «ne diffère pas dans la forme ou le contenu du projet actuel», appelant à tirer profit de cette plante pour le début d’une nouvelle ère dans l’ensemble de la région concernée.

Pour sa part, le Groupe MP a estimé que ce projet de loi constitue une «valeur ajoutée et un grand gain» pour le Maroc, car il est de nature à ouvrir un nouvel horizon dans le traitement du dossier du cannabis, avec la création de nouveaux postes d’emploi et la contribution au développement du pays. Le Groupe a encore noté que, depuis plus d’un siècle, «la culture du cannabis a fait de nombreuses victimes dans les régions concernées du point de vue légal», ajoutant que la loi aura des effets positifs sur la population locale.

Quant au groupe socialiste, il a relevé que l’élaboration de ce texte de loi a été accompagnée par un débat de société autour de ses répercussions sur la population locale et la réalité des régions concernées par la culture de cette plante. Et d’ajouter que le ministre de l’Intérieur a présenté ce projet de loi en interaction avec un contexte particulier lié à l’évolution de l’usage de cette plante à l’échelle internationale et la nécessité de légaliser ses utilisations thérapeutiques et cosmétiques.

De son côté, le groupement parlementaire du Progrès et du Socialisme a qualifié le débat autour du projet de moment fort dans le processus de législation au Maroc, ajoutant qu’il s’agit d’une initiative courageuse après des années de tergiversation et de revendications de différentes parties pour légaliser l’utilisation de cette plante.

Mohcine Lourhzal

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