Anfgou, notre douleur…

Nous sommes au début du mois de janvier, quelques jours à peine après l’arrivée officielle de l’hiver (la saison froide commence le 21 décembre. Les Marocains appellent cela «Elliali»).

Pour ceux qui ont chauffage, manteaux, couvertures et bonne nourriture chaude, pas de problèmes… L’hiver passera, comme passent toutes les saisons. Et au mois de mars, le printemps et ses arbres fleuris le relègueront aux oubliettes.

Pour ceux, encore plus chanceux qui en ont les moyens, l’hiver sera même l’occasion de belles glisses sur la neige, chaque fois que des vacances ou de longs week end le permettront. A Ifrane ou à l’Oukaïmeden, le ski et la luge font la joie des vacanciers qui font de longs déplacements pour goûter à ce bonheur-là.

Tout cela est bien tant qu’on reste dans ces images d’Epinal. Mais la neige n’est pas un bonheur pour toutes les régions du Maroc. Particulièrement pas pour les régions les plus enclavées, celles auxquelles on n’a plus accès dès qu’arrive l’hiver. Pour ces régions-là, la neige est synonyme d’isolement total, de pénurie, de mort et de «système D» pour la survie.

On n’y a déjà pas facilement accès en temps normal, mais alors, en hiver, cela devient un cauchemar !

C’est le cas des petits villages du Moyen Atlas, notamment Anfgou, dont le monde entier a entendu parler comme d’un village où les bébés meurent de froid.

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Le Reporter qui s’était rendu sur les lieux, il y a quelques années, constatant de visu la précarité de ces agglomérations, en était revenu avec un reportage qui en disait long sur l’endurance des populations de ces régions. Car, au froid et à l’enclavement s’ajoute le dénuement le plus affligeant.

Pourtant, les gens de là-bas sont tout sauf imprévoyants. Sachant que dès que l’hiver viendra, ils ne pourront plus ni quitter leur village, ni y voir venir qui que ce soit –toutes les routes étant impraticables parce qu’ensevelies sous plusieurs mètres de neige- ils s’y préparent toute l’année. Comme la fourmi dans la fable de La Fontaine, ils stockent autant qu’ils peuvent de nourriture, bois, vêtements… Le hic, c’est qu’ils sont pauvres, démunis… Comment mettre de la nourriture de côté quand on ne mange même pas à sa faim, au quotidien ?

Pourtant, ils y arrivent et ils ont ceci d’admirable que leur pauvreté n’affaiblit pas leur sens de la solidarité. Dans le village, au cœur de l’hiver, livrés à eux-mêmes, quand les vivres des uns viennent à s’épuiser, les autres mettent tout en commun. Quand un premier a trois pommes de terre, il les met en partage ; tandis que le second apporte des brindilles de bois pour faire fondre la neige et cuisiner avec cette eau, ou la boire ; et que le troisième va chercher un reste de viande séchée ou une cuillérée de beurre rance pour donner du goût au plat frugal qui les rassemblera tous…

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Ceci se répète chaque année et pourtant, chaque année, ils sont oubliés des politiques. Les habitants de ces régions le disent eux-mêmes, totalement désabusés: «ils ne pensent à nous qu’à l’occasion des élections !».

Depuis deux ou trois ans, la société civile tente de sensibiliser l’opinion publique à ce problème. Des opérations de collecte de vêtements chauds, de médicaments et de nourriture sont organisées. C’est le cas, cette année aussi où l’opération Anfgou vient d’être lancée, les dons pouvant avoir lieu jusqu’au 16 janvier (tous les renseignements sont sur internet en tapant juste Anfgou ou opération Anfgou). Alors, «A vot’bon cœur, messieurs-dames !».

Quant aux politiques, puisque c’est le seul argument qui leur soit audible, nous leur rappelons que les élections communales et régionales approchent… Et que les communes et régions du Moyen Atlas devront aussi choisir leurs élus !

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