Que retenir du printemps arabe ?

Il était déjà original que le printemps arabe soit né en plein hiver, un 17 décembre, jour où le jeune diplômé chômeur tunisien Bouaazizi, converti en marchand ambulant, s’est auto-immolé, déclenchant la révolution tunisienne.

Il est encore plus original de voir ce printemps arabe traverser les saisons –9 mois se sont écoulés et nous sommes aux portes de l’automne- sans que l’on puisse dire, aujourd’hui encore, si ce printemps arabe est une grande réussite, un grand échec, ou un peu des deux… S’il va bientôt prendre fin, ou s’il aura une longévité de plusieurs printemps… Si l’on parle toujours de la même chose en l’évoquant, ou si les différentes manipulations, récupérations et interventions internationales ont transformé ce qui était, au départ, une aspiration des peuples arabes à un Etat de droit répondant aux exigences de dignité du citoyen et de justice sociale, en un grand désordre régional où se mêlent le tragique et le burlesque…

 

A la question, en effet, que l’on se poserait aujourd’hui de savoir que retenir du printemps arabe, on est bien incapable de répondre avec clarté et concision.

Le fait est que ni les peuples arabes, ni leurs dirigeants, ni les décideurs à la tête des grandes puissances ne savent plus où ils en sont. Les codes ne sont pas clairs. Ce qui est valable ici, ne l’est pas là.

Pourquoi la Russie soutient-elle le régime de Syrie, alors que dans ce pays les morts se ramassent à la pelle et qu’aucune autre grande puissance n’a pu broncher (sauf à exprimer quelques remontrances) ?

Les sans culotte du monde arabe

Le message, à l’évidence n’est pas le même que pour la Libye où, pour sauver la population, les plus grands moyens ont été mis en avant (dont l’intervention de l’Otan), au point qu’aujourd’hui, les Libyens se battent contre les Libyens et que les occidentaux ne savent plus comment en finir.

Autre pays, autre réaction, cette fois-ci des Américains qui n’ont rien trouvé à redire lorsqu’au Bahrein, les armées voisines ont accouru pour mater la population. Et pour cause… Ce n’est pas à l’Arabie saoudite –grand allié régional et grand client en matière d’armement- que les USA feraient des sermons pour avoir envoyé son armée combattre les rebelles de Manama ! Ils en ont pourtant fait à leur ami Hosni Moubarak qui, pendant 30 ans, a accepté toutes les compromissions pour protéger Israël… Ils l’ont même totalement laissé tomber alors que la révolution n’a pas ébranlé le socle du régime égyptien qu’est l’armée.

Et au Yemen, qui a fait quoi quand les citoyens tombaient sous les balles, eux qui n’ont dû leur (relatif) salut qu’à la neutralisation (provisoire) du Président Ali Abdallah Saleh, suite aux grandes brûlures qui lui ont ravagé crâne, visage et bras…?

Au final, les citoyens ne savent plus si les grandes puissances sont pour les peuples ou pour leurs dirigeants et en concluent souvent: «ni pour les peuples, ni pour les dirigeants. Juste pour leurs intérêts!».

Ces mêmes citoyens ne savent même plus si le printemps arabe les a sauvés ou enfoncés… Les classes inférieures n’y ont vu aucun avantage. En Tunisie, par exemple, alors que la fin de la mainmise de la famille Trabelsi sur les richesses du pays a été accueillie avec un bonheur réel, la révolution n’a pas dissuadé les Tunisiens de fuir le pays par dizaines de pateras, ni les a convaincus d’aller aux urnes.

Blagues à part, le congé…

En Egypte, les révolutionnaires se sentent floués, mais ils savent qu’il n’est plus question de changer les choses par la simple occupation de place Tahrir.

En Algérie, le régime tient la population en bride, maniant la carotte et le bâton. D’un côté, il achète la paix sociale à coups de subventions et de l’autre, il interdit toute manifestation. Sans que cela dise si le printemps arabe a, ou aura, un effet sur le pays et, si c’est le cas, quand et comment ?

Enfin, au Maroc, le printemps arabe n’a pas été sans secousses pour le pays. Tous les opposants en ont profité pour donner de la voix (et battre le pavé). Mais le souhait dominant des Marocains a été d’éviter les bains de sang. Ce qui a été largement facilité par les initiatives royales, le Roi ayant répondu quasi-instantanément aux revendications. Depuis, le processus politique se poursuit. Après une nouvelle Constitution, on va vers des élections (25 novembre).

In fine, quel que soit le pays, la seule chose que l’on puisse réellement retenir du printemps arabe, c’est une prise de conscience générale. Pour le reste, il y a à boire et à manger…

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