Moussaoui Ajlaoui, membre de l’IRA à l’Université Mohammed V Agdal et spécialiste en Histoire des sciences et techniques dans l’espace saharien

Moussaoui Ajlaoui, membre de l’IRA à l’Université Mohammed V Agdal et spécialiste en Histoire des sciences et techniques dans l’espace saharien

«La réintégration du Maroc au sein l’UA n’est en rien synonyme de reconnaissance de la RASD»

Le Maroc ne cesse de réaffirmer son identité africaine. Leader du continent africain, il ne pouvait continuer de pratiquer la politique de la chaise vide au sein de l’Union Africaine (UA), au profit de parties qui profitent de l’adage qui dit que «les absents ont toujours tort», pour torpiller les intérêts du Royaume.

Malgré la légitimité de la demande du Royaume à l’UA, certaines parties adverses rechignent rien qu’à l’idée de voir le Maroc reprendre son siège au sein de sa famille institutionnelle panafricaine. Dans leurs efforts d’entraver ce processus, tous les arguments fallacieux sont bons à rabâcher. Le point avec Moussaoui Ajlaoui, membre de l’Institut de recherches africaines à l’Université Mohammed V Agdal et spécialiste en Histoire des sciences et techniques dans l’espace saharien.

Entretien

Plus de 30 ans après avoir quitté l’OUA, le Maroc est à deux doigts de reprendre son siège au sein de cette organisation panafricaine qui a, entre-temps, changé de nom pour devenir, depuis 2002, l’Union Africaine (UA). Pourquoi ce retour en ce moment précis?

Le retour du Maroc au sein de sa famille institutionnelle panafricaine traduit la volonté du Souverain de rompre avec la politique de la chaise vide qui nous a, dans le passé, fait rater plusieurs occasions de coopération avec les pays du continent africain. Comme le dit l’adage, les absents ont toujours tort. C’est pourquoi il fallait absolument que le Maroc reprenne sa place à l’Union Africaine (UA) pour défendre ses points de vue et ses positions dans plusieurs domaines, au lieu de laisser d’autres interlocuteurs parler à sa place à tort et à travers. Le retour du Maroc à l’Union Africaine (UA) nécessite le passage par un circuit juridique bien défini au niveau interne. C’est pour cela que le Souverain a présidé un Conseil des ministres au Palais royal à Marrakech. Le Roi Mohammed VI, conscient de la nécessité de remplir toutes les conditions juridiques à même de permettre au Maroc d’effectuer son retour honorable à l’Union Africaine, a exigé l’adoption, par les deux Chambres du Parlement, de l’Acte constitutif de l’UA et les textes y afférents. Le Souverain a ainsi donné un poids politique à la demande formulée par le Maroc pour réintégrer cette organisation panafricaine à partir de son statut de chef d’Etat.

Le Maroc est-il dans la légalité lorsqu’il demande de réintégrer l’Union Africaine ou aurait-il dû, comme l’avancent ses ennemis de l’intérieur de l’UA, formuler une nouvelle demande d’adhésion à l’Union Africaine?

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Réintégrer l’Union Africaine n’est pas une décision facile pour le Maroc. Après plus de 30 années d’absence, le Maroc doit aujourd’hui affronter des pays et des lobbies qui ne cachent pas leur hostilité aux intérêts du Royaume et voient d’un mauvais œil les percées qu’enregistre notre pays à l’échelle du continent. Les adversaires du Maroc persistent à dire qu’il s’agit d’une demande d’adhésion plus que d’une réintégration du Royaume à l’Union Africaine (UA). Cet argument est facilement détricotable. Le Maroc est un pays fondateur de l’Organisation de l’Union Africaine (OUA), ancêtre de l’actuelle Union Africaine (UA). En plus, l’Acte constitutif de l’UA n’empêche à aucun moment le Maroc de réintégrer cette Union. Dans son article 29, il est clairement dit: «Tout Etat africain peut, à tout moment, après l’entrée en vigueur du présent Acte, notifier au Président de la Commission son intention d’adhérer au présent Acte et d’être admis comme membre de l’Union». Cette demande doit transiter par le président de la Commission africaine qui est dans l’obligation, dès réception d’une telle notification, d’en communiquer copie à l’ensemble des Etats membres.

Le Maroc affirme que l’actuelle présidente de la Commission africaine a délibérément retardé la distribution de cette notification. Qu’en pensez-vous?

En effet, la présidente de la Commission africaine de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a délibérément accusé beaucoup de retard, avant de communiquer copie, aux Etats membres de l’Union, de la demande de réintégration à l’UA formulée par le Maroc. La raison de ce retard délibéré est connue de tous. On sait tous les affinités qui existent entre le Polisario et l’Algérie et Zuma. C’est grâce à l’intervention  du Souverain qui a interpellé, le 31 octobre 2016, le chef de l’Etat tchadien, Idriss Déby Itno, Président en exercice de l’Union Africaine, sur le retard pris dans la distribution de la demande d’adhésion marocaine aux membres de l’UA, que Zuma s’est décidée à diffuser aux membres de l’UA la demande marocaine, alors que cette dernière lui avait été remise bien avant: le 22 septembre 2016. Nkosazana Dlamini-Zuma a conservé, sans aucune justification valable, la demande marocaine dans les tiroirs de son bureau.

En réintégrant l’UA, le Maroc est-il dans l’obligation de reconnaître le Polisario et la RASD?

La réintégration du Maroc au sein de l’Union Africaine (UA) n’est en rien synonyme de reconnaissance de la RASD. Le Maroc gère la question de son intégrité territoriale au sein des instances onusiennes. La demande d’exclusion n’a pas figuré dans la demande de réintégration de l’UA formulée par le Maroc. Le Royaume veut, d’abord et avant tout, réintégrer sa famille institutionnelle panafricaine. Le Maroc est un pays africain. Qu’il demande à réintégrer l’UA n’a rien d’anormal. La RASD qui, en réalité, n’est que la république de Tindouf, n’a le soutien que d’une poignée de pays africains, alors qu’une trentaine de pays africains soutiennent le Maroc, ce qui résout cette question de nombre de voix en faveur du Maroc et de son retour à l’UA.

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Les ennemis du Maroc estiment que, pour pouvoir réintégrer l’Union Africaine, le Royaume devra observer les dispositions de l’Union Africaine, dont celle relative à l’inviolabilité des frontières. Une manière d’obliger le Maroc de reconnaître le Polisario?

Le Maroc respecte déjà plusieurs dispositions de l’Acte constitutif de l’Union Africaine (UA). Plusieurs articles de ce texte exigent des pays membres de cette institution panafricaine d’œuvrer pour la mise en place de politiques de développement et d’échanges, à plusieurs niveaux, entre les pays africains. L’Acte africain rappelle, à maintes reprises, la nécessité de renforcer en permanence les partenariats entre les différents pays africains. Le Maroc est inscrit dans cette politique. Les multiples tournées du Souverain dans presque tous les pays africains prouvent que le Maroc est déjà impliqué dans le développement du continent. Les ennemis du Maroc souhaitent utiliser la question des frontières pour servir les intérêts du Polisario. Il est à rappeler que sur le continent africain, le Maroc constitue une exception car, à la différence de la plupart des autres Etats de la région, il n’est pas une création coloniale. Le Royaume a toujours été une plaque tournante de l’économie.

Le retour du Maroc présage-t-il un nouveau départ dans les relations entre le Maroc et ses partenaires africains?

Le retour du Maroc à l’Union Africaine marquera un nouveau départ qui traduit un changement de rapport des forces au sein même de cette organisation panafricaine, du continent africain et du monde. Plusieurs centres de réflexion à travers le monde sont unanimes pour dire que le Maroc constitue aujourd’hui un acteur non-négligeable dans le continent africain. Les mêmes sources estiment, dans leurs pronostics pour le continent africain, que le Royaume deviendra en un peu de temps une véritable puissance dans la région.

Propos recueillis par: Mohcine Lourhzal

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