L’Istiqlal, gagnant ou perdant ?

C’est donc fait. L’Istiqlal a mis à exécution sa décision de se retirer du gouvernement, prise il y a deux mois. Il est désormais dans l’opposition. Il l’est depuis lundi 8 juillet. Trois ultimes étapes ont été franchies.
D’abord, le Secrétaire général du parti, Hamid Chabat, a informé le Roi de son intention de réunir le Comité exécutif pour entériner la décision de retrait qui avait été prise par le Conseil national en mai dernier. S’attendait-il à une réaction royale qui retarde, voire même annule, la décision de retrait ? Quizas… En tout cas, l’entretien téléphonique n’a pas changé la donne, confirmant aux yeux de l’opinion publique la neutralité du Souverain dans ce différend qui oppose les deux premiers partis du pays: PJD et Istiqlal.

Chabat est donc passé à la deuxième étape, réunissant le Comité exécutif dans la nuit du 8 juillet. L’annonce officielle du retrait effectif de l’Istiqlal a alors été faite par le porte-parole du parti, Adil Benhamza, qui a averti par la même occasion que les ministres de l’Istiqlal présenteraient leur démission dès le lendemain. C’est la 3ème et dernière étape du retrait. Elle a en effet eu lieu le matin suivant, au détail près que sur les 6 ministres du parti, 5 seulement ont présenté leur démission écrite et signée au chef de gouvernement, le 6ème –Mohamed Louafa, ministre de l’éducation nationale- ne s’étant pas exécuté.
La direction de l’Istiqlal a menacé d’expulsion du parti tout ministre qui ne démissionnerait pas. L’on suivra, dans les prochains jours, l’«épisode Louafa», mais l’on peut d’ores et déjà dire qu’expulser Louafa de l’Istiqlal n’a de valeur que rhétorique, ses liens avec l’Istiqlal ne pouvant être dissous, étant l’époux de la fille du fondateur du parti -Allal El Fassi- et faisant partie de la famille depuis des décennies…
L’Istiqlal a donc basculé dans l’opposition et le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, se retrouve par voie de conséquence sans majorité. Il n’a désormais que deux solutions. Composer une nouvelle majorité, en remplaçant la soixantaine de sièges istiqlaliens par ceux que voudraient bien lui apporter d’autres partis, aujourd’hui dans l’opposition (tous les regards sont braqués sur le RNI et l’UC…). Ou alors, si pour une raison ou une autre, il n’arrivait pas à constituer cette nouvelle majorité, aller vers des élections anticipées. Une solution que tous les acteurs politiques disent ne pas craindre, mais dont ils ne manquent pas de souligner les frais financiers -le cas échéant- bien malvenus en ces temps de déficit budgétaire aggravé.
Les prochaines semaines seront ainsi celles d’intenses tractations, de délibérations de Conseils nationaux des partis (aussi bien du PJD que de ses éventuels nouveaux partenaires) et d’inévitables montées des enchères, à la fois pour l’entrée au gouvernement sous la férule du PJD et, l’une conditionnant l’autre, pour la répartition des portefeuilles ministériels. Sans compter la très probable course au perchoir (présidence de la 1ère Chambre du Parlement) actuellement occupé par l’Istiqlalien Karim Ghellab…
Pendant tout ce temps-là, l’Istiqlal sera hors circuit, ne pouvant que digérer son passage vers l’opposition qu’il n’a plus connue depuis 1998 et se préparer à son nouveau rôle qui, assure Chabat, lui rapporte déjà des voix.
Le nouveau chef de file de l’Istiqlal est en effet convaincu (il l’a déclaré) que depuis qu’il campe le rôle de 1er opposant du PJD, les sympathisants, voire les adhérents, affluent… Ce qui, semble-t-il croire, permet d’espérer un succès écrasant de l’Istiqlal aux futures grandes échéances électorales. Beaucoup d’Istiqlaliens se réjouissent aussi de la perspective de ressusciter le vieux pôle d’opposition qu’est la Koutla (mais qui ne réunirait plus que l’USFP -actuellement dans l’opposition- et l’Istiqlal).
Or, l’Istiqlal gagne-t-il vraiment à quitter la majorité ? L’avenir le dira. En attendant, nombreux sont ceux qui lui reprochent –ou plus exactement à son chef, Hamid Chabat, d’avoir «cassé» la majorité gouvernementale au mauvais moment, pour de mauvaises raisons. Ils lui reprochent d’avoir remplacé le débat d’idées par des attaques personnelles. Ils lui reprochent surtout de n’avoir pas, au final, fait avancer la situation dans une meilleure direction.

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Un commentaire

  1. Par malchance pour notre pays, ses meilleurs ennemis se comptent aujourd’hui parmi les caciques des partis de l’ »Istiklal » et consort.. , a la vue de ce Ghallab,président de la Chambre basse qui s’accroche avec ténacité a son siège , et ces « ministres-militants » manifestement pas décidés a tourner la page.. !, malgré les risettes de tous les marocains contre leur chef Chabbat, ils continuent a lui laisser le champ libre de commettre plus de gaffes démagogiques ,leur électorat traditionnel d’obédience islamique s’effrite; Ses électeurs de droite pourraient se tourner vers le PJD automatiquement.
    La volte-face du ministre marrakchi Elwafa a fait tache d’huile dans les rangs de l’Hizb,qui était autrefois prestigieux avec des Hommes du calibre du Moudjahid Si Allal al-Fassi et son successeur Boucetta al-Marrakchi.

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