L’enseignement public au Maroc : Il faut de vraies réformes !

L’enseignement public au Maroc : Il faut de vraies réformes !

Enseignants, parents d’élèves et défenseurs du droit à l’accès à un enseignement digne de ce nom sont unanimes pour dire que le secteur a grandement besoin de vraies réformes et non pas de mesures de colmatage limitées dans le temps.

Depuis l’année 2000, le Maroc est passé à la vitesse supérieure en matière d’engagement en faveur d’une vraie réforme de l’enseignement public. Depuis cette date et pendant 16 longues années, les ministres en charge du département de l’Education nationale se sont succédé, chacun apportant sa propre conception de l’école marocaine, pour relancer un secteur de l’enseignement qu’il aurait fallu défaire et refaire. C’est ce à quoi croient les professionnels du secteur dans le domaine de l’enseignement. L’exemple le plus poignant, qui démontre à quel point les plans de sauvetage de l’enseignement se sont suivis et diversifiés avec, à la clé, de piètres résultats, est le programme 2009-2012 pour la réforme de l’enseignement qui a coûté la coquette somme de 3 milliards de dirhams.

Lorsque les grands projets ne trouvent pas des exécutants à la hauteur

Conscient que l’enseignement est en crise, le Souverain décide de prendre le taureau par les cornes. En juillet 2014, le Roi Mohammed VI crée le Conseil supérieur de l’Education, dont la présidence est confiée à Omar Azziman. Depuis juillet 2014, les réunions du Conseil se multiplient, afin de sauver ce qui peut encore l’être et améliorer le secteur avec le moins de séquelles possibles. Malheureusement, les politiques gouvernementales n’ont jamais vraiment suivi la cadence et n’ont, à ce jour, pas pu concrétiser la volonté royale, celle d’un enseignement digne de ce nom. Au lieu d’améliorer les choses, le chef de l’Exécutif crie sur tous les toits au complot et rappelle à l’ordre toute personne qui oserait contredire sa volonté, lui, chef de gouvernement que de nombreux adhérents au PJD considèrent comme le Zaïm qui a toujours raison. Pendant ce temps, que se passe-t-il dans nos écoles publiques et à l’intérieur des salles de cours? Pas grand-chose, si ce n’est ce climat de désespoir qui s’est emparé du corps enseignant, notamment ceux qui réussissent toujours à tenir le coup et continuent dans ce métier ingrat. Un jour, feu Hassan II a dit dans une interview que, pour que les responsables gouvernementaux puissent appliquer au mieux un programme ou une stratégie nationale, il faut d’abord qu’ils comprennent au maximum ce qu’il leur est demandé. Hassan II avait alors dit cette phrase: «Or, certains ne comprennent pas, d’autres ne veulent pas comprendre et enfin il y a ceux qui ne peuvent pas comprendre».

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Le surnombre dans les classes

Les témoignages se suivent et se ressemblent. Mais le point d’achoppement reste que l’école publique va mal, très mal. A titre d’exemple, ce phénomène de surnombre des apprenants dans les classes. En septembre 2016, quelques jours à peine après la rentrée scolaire, les enseignants de plusieurs écoles à Casablanca ont manifesté leur désarroi face à des classes de 50 élèves et plus. Pire, certaines écoles emploient des instituteurs et des institutrices pour enseigner dans plusieurs niveaux, faute d’embauche. Bien que le gouvernement ait annoncé le recrutement d’un nombre important d’enseignants, via des contrats renouvelables, le nombre des recrus reste en deçà du besoin. A Berrechid, le directeur d’une école privé a confié que, dans son établissement, le nombre par classe ne dépasse pas 40 élèves. Quel bonheur! En effet, la situation n’est guère réjouissante dans d’autres villes, comme Casablanca, même dans des établissements privés.

Des écoles tournant à moyens réduits

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Les dysfonctionnements de l’école publique au Maroc ne se comptent plus. Parmi-eux, le manque flagrant d’infrastructures d’accueil des élèves (nombre d’élèves parfois supérieur à celui des bancs de classes disponibles) ne permet pas aux enseignants de donner leurs cours et maîtriser leurs élèves comme il se doit. D’où les problèmes d’incompatibilité et le fait qu’à la fin, on se retrouve face à des diplômés qui peinent de longues années durant, avant trouver un travail auquel ils n’ont pas été formés, ni à l’école primaire, ni durant le cycle collégial et encore moins au lycée et à l’université.

Qui sème la négligence récolte la médiocrité 

Selon les syndicalistes et les membres des associations des parents d’élèves à Casablanca, l’impasse dans laquelle se trouve l’enseignement au Maroc est à imputer aux politiques des gouvernements successifs. De l’avis d’un grand nombre de retraités de l’enseignement -même ceux qui ont préféré partir plus tôt à la retraite, en y laissant des plumes et en perdant une partie de leur pension-, sont unanimes pour dire que l’école marocaine paie aujourd’hui les politiques inadéquates ayant régie le secteur durant de longues décennies.

Pour conclure, il n’y a pas plus fort, pour illustrer la crise de l’enseignement au Maroc, que les propos du Souverain dans son Discours du Trône du 30 juillet 2015. Sa Majesté le Roi a dit: «Est-ce que l’enseignement que reçoivent nos enfants aujourd’hui dans les écoles publiques est capable de garantir leur avenir?». La réponse est dans la question.

Mohcine Lourhzal

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