Hirak d’Algérie : Arrestations, procès, coup de force, mais la rue ne cède pas

Hirak d’Algérie : Arrestations, procès, coup de force, mais la rue ne cède pas

Presque cinq mois se sont écoulés depuis le début du Hirak en Algérie contre le pouvoir et ses symboles. Après vingt ans passés sous un régime dictatorial, le peuple algérien s’est révolté, conscient que les droits s’arrachent et ne s’offrent pas. Malgré les manœuvres et les ruses du régime, incarné désormais par le chef de l’armée Gaïd Salah, la rue ne baisse pas les bras.

Pour contrer la pression populaire, l’armée, dirigée par le Général chef d’état-major et vice-ministre de la défense, Ahmed  Gaïd Salah, a pris le devant de la scène politique et s’évertue à asseoir son pouvoir. Pour ce faire, Gaïd Salah multiplie les sorties médiatiques, sous forme de discours télévisés, prononcés depuis une des six régions militaires du pays.

Les ratés du pouvoir

Parmi ces discours, celui prononcé le 28 mai 2019 depuis la région militaire de Tamanrasset. Portant une tenue militaire, Gaïd Salah a prouvé une nouvelle fois que, pour lui, les revendications populaires, surtout celle concernant le départ de tous les représentants du système, importent peu. Aussi a-t-il argumenté que «l’unique issue pour résoudre la crise que vit notre pays est d’adopter la voie du dialogue sérieux, rationnel, constructif et clairvoyant, qui place l’Algérie au-dessus de toute considération». Pour le chef d’état-major, l’élection présidentielle doit être organisée «le plus tôt possible». Dans ce sens, il a insisté sur le fait qu’«il n’y a aucune raison de continuer de perdre du temps, car ce dernier est précieux et il n’y a pas moyen de le gâcher dans des discussions stériles».  

La rage algérienne

Sous son contrôle, le président de la République par intérim, Abdelkader Bensalah, est également allé dans le même sens, contre la volonté populaire. Dans un discours prononcé le 6 juin 2019, il a affirmé: «Les élections présidentielles, organisées dans des délais raisonnables, sont la solution la plus raisonnable démocratiquement à la crise politique actuelle». Il a appelé les acteurs politiques et de la société civile algérienne à «choisir le dialogue pour dessiner la feuille de route devant mener à l’organisation de l’élection présidentielle». Intervenant après l’annulation, par le Conseil constitutionnel, de la présidentielle du 4 juillet 2019, son discours a été considéré comme un non-événement par la rue algérienne.

Vendredi 7 juin 2019, le centre d’Alger était plein de manifestants, pour le 16ème vendredi  consécutif de contestation, contre le système. «Abdelkader Bensalah est toujours à son poste. Nourreddine Bedoui est toujours à son poste. Combien de fois doit-on répéter à Gaïd Salah que nous ne négocierons pas avec ce gang», pouvait-on lire sur l’une des banderoles brandie par les manifestants ce même vendredi.

Les arrestations en guise d’intimidation

Pour faire diversion, le régime poursuit sa chasse aux sorcières, entamée il y a quelques semaines et qui a emporté plusieurs figures influentes du régime de Bouteflika, dont son propre frère et bras droit, Saïd Bouteflika. C’est dans ce contexte qu’est intervenue, le 10 juin 2019, l’arrestation de l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout, ses deux frères et l’un de ses fils, soupçonné d’implication dans des affaires liées à des contrats publics. A noter que de nombreux responsables, notamment l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, les ministres Youcef Yousfi et Abdelkader Zaâlane et l’ancien wali d’Alger Abdelkader Zoukh, ont été eux aussi entendus, dans le cadre de ce vaste dossier ouvert par la justice algérienne, sur instructions du chef d’état-major de l’armée, Gaïd Salah. Mercredi 12 juin 2019, l’ancien premier ministre Ahmed Ouyahia a été placé sous mandat de dépôt par le juge d’instruction de la Cour suprême, et incarcéré à la prison d’El Harrach.  Au total, plus d’une quarantaine de responsables devant les tribunaux !

Le président algérien infecté par le coronavirus

Auparavant, Gaïd Salah avait déclaré que la justice allait ouvrir «de grands dossiers concernant des affaires de corruption».

Est-ce le début d’une nouvelle vague d’interpellations? Une chose est sûre: la rue algérienne n’est pas prête à céder à la volonté et aux manigances d’un pouvoir qui a, visiblement, décidé de tout tenter pour maintenir sa poigne de fer sur le pays…

Mohcine Lourhzal

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