Et puis, merde alors !

Abdelhak Najib Lr

Ce matin en prenant mon taxi pour aller au bureau, j’assiste à une joute verbale assez corsée entre le taximan et sa cliente. Celle-ci est une dame, la quarantaine bien tassée, élégante, légèrement exubérante, une voix qui porte et un beau sourire aux lèvres. Le driver, lui, a la mine des mauvais jours.

Renfrogné, triste, mal luné. Je prends place à l’arrière et j’écoute: «Mais vous n’avez pas appris à faire de compliments, cher ami ! Même une femme parfumée, qui embaume votre rafiot de merde, qui sent la pisse, ça vous dérange ! On dirait, mon pauvre monsieur, que vos narines ont pris de sales habitudes, pour ainsi dire !». Aïe ! Ça sent mauvais. Ça sent le roussi. J’ai compris, puisque j’ai raté le début, que le chauffeur a été gêné par les fragrances de la dame. Il s’est risqué dans un commentaire inapproprié. Ce qui a allumé la belle parfumée. Celle-ci se tourne vers moi: «Monsieur, mon parfum vous incommode-t-il ?» Non, chère madame. Au contraire, j’aime votre parfum et votre sourire. J’aime aussi comment vous avez rabattu le caquet à ce pauvre hère, qui sent (histoire de flair), très vite, que nous nous sommes ligués contre lui. La suite de la conversation est une série d’inepties de la part du bonhomme qui a senti qu’il avait chié dans la colle, comme dirait l’autre. Il se tourne vers moi, l’air de dire: comment j’ai pu prendre la défense de la belle, au lieu de me liguer contre elle en soutenant le mâle ! (Question de flair). 

Entretien avec Abdelhak Najib, écrivain et journaliste | Schizophrénie quand tu nous tiens !

Tout ceci n’est qu’un prétexte pour embrayer sur autre chose. Cette indélicatesse à la Marocaine. Cette réticence devant le compliment. Cette parcimonie dans le sourire, dans la gentillesse, dans l’amabilité, dans le mot sympa, dans la phrase qui remonte le moral… Vous tombez sur votre voisin, quand il ne vous toise pas du regard, il vous lance, parce qu’il se croit familier avec vous: «Tu as une sale mine». Ou alors: «Oh, tu as grossi, ma chérie». Le poison… et le «ma chérie», pour faire passer la gélule. Parfois, cela prend des proportions terribles et franchement méchantes. On tente par tous les moyens de vous saper le moral, de vous couper l’herbe sous le pied, de vous miner, de vous faire la remarque qui tue. Les psys diront que c’est de la jalousie qui ne se contient pas. Ils diront que c’est l’envie de faire mal, la frustration, la rancœur déguisée en sourire faux et fade. Normal, vous allez me dire, une voisine moche et désagréable détestera toujours sa voisine belle et sexy.

Un bonhomme gras et lourd, s’il n’a pas assez de philosophie pour bien accepter sa surcharge pondérale, voudra écraser tous les sveltes, minces et autres bien foutus. C’est la nature, mon vieux, qui le veut ainsi. C’est comme ça et pas autrement. C’est inscrit dans les gênes.  Idem pour un cancre qui déteste le premier de la classe. Idem pour le bel athlète qui sera toujours jalousé par le looser. Certains iront jusqu’à colporter dans votre dos des rumeurs fausses, des mensonges fabriqués de toutes pièces, parce que votre succès les rend malades et les empêche de dormir. Et si vous avez le malheur d’être un électron libre, tous les amoureux du troupeau, tous les beaucoup-trop-nombreux, tous les adorateurs des instincts grégaires, voudront vous lyncher parce que vous avez choisi de marcher en solitaire. On voudra vous faire rentrer dans l’ordre. On voudra vous faire devenir une copie conforme, produite en série, comme tous les autres. Là aussi, c’est humain. C’est bas, mais c’est humain !

L’école est la solution

Alors, un petit conseil, qui vaut ce qu’il vaut. Ne vous attendez pas à ce qu’on applaudisse vos succès. N’espérez pas qu’on célèbre vos victoires. Peu de gens en sont capables. Très peu ont cette générosité d’âme pour porter aux nues même les plus petites actions des autres.  La vie devrait nous apprendre tous à nous blinder, à nous huiler pour que tout glisse, surtout la méchanceté plate des envieux et des jaloux, de tous les frustrés qui ne font rien et ne veulent pas voir les autres réussir ce qu’ils entreprennent.  Moralité de l’histoire, aimez-vous, mettez du parfum et emmerdez le monde. Vous le valez bien.

Par Abdelhak Najib

Écrivain-Journaliste

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