Maroc Elections 2021 | Les arrangements techniques ne suffiront pas !

Couverture N° 1030 – 11 Mars 2021 Le Reporter.ma

Depuis que les lois électorales ont été remises sur la table ; et que s’en est suivie une série de réunions du ministère de l’Intérieur avec les différents partis politiques, à des fins de concertations autour de la révision de ces lois, la fièvre électorale n’a cessé de gagner du terrain dans les milieux politiques.

Cette montée progressive a connu un coup d’accélérateur le 11 février dernier, lorsque s’est tenu le Conseil des ministres –que préside le Roi- qui n’a plus laissé de doute sur le maintien de l’organisation de ces élections en 2021, comme prévu, malgré la pandémie Covid-19 (certains y avaient vu une possibilité de report).

La fièvre connaît enfin aujourd’hui une flambée –y compris dans les milieux médiatiques et réseaux sociaux- avec le rythme impulsé à l’examen de ces lois par le Parlement… Notamment l’examen du mode de calcul du quotient électoral qui a fait l’objet d’une longue bataille entre les partis politiques.

Tout a commencé lorsque 3 partis politiques de l’opposition – l’Istiqlal, le PAM et le PPS- ont présenté un amendement de la loi portant sur le calcul du quotient électoral, pour que ce calcul se fasse non plus sur la base des votants mais sur celle des inscrits sur les listes électorales.

Jusque-là le quotient électoral se calculait en divisant le nombre de votants par le nombre de sièges à pourvoir.

Ces partis demandent que le quotient électoral soit plutôt calculé en divisant le nombre d’inscrits sur les listes électorales par le nombre de sièges.

Ce mode de calcul laisserait une chance à un plus grand nombre de partis d’obtenir des sièges.

Mais ce serait autant de sièges que perdrait le parti qui dirige la Majorité actuellement, le PJD (Parti de la Justice et du Développement, à référentiel islamique). Selon une estimation de ce parti, le calcul du quotient électoral sur la base des inscrits au lieu des votants ferait perdre au PJD quelque 25 sièges à la Chambre des représentants.

D’où une opposition acharnée du chef de Gouvernement et de son parti à cet amendement… Quoique sans succès, d’autres partis de la Majorité ayant rejoint ceux de l’opposition, pour appuyer cet amendement.

Il s’agit du RNI (Rassemblement National des Indépendants), de l’UC (Union Constitutionnelle), du MP (Mouvement Populaire) et de l’USFP (Union Socialiste des Forces Populaires). Ajoutés aux 3 formations de l’opposition qui ont présenté l’amendement, ils se retrouvent donc à 7 favorables à l’amendement contre le seul PJD.

Aussi, l’amendement a-t-il été adopté le 3 mars dernier (2021) par la Commission parlementaire de l’Intérieur à la majorité de 29 voix pour et 12 contre. Puis il a été adopté à la Chambre des représentants, en séance plénière, deux jours plus tard (5 mars 2021), avec 162 voix pour, 104 contre et une abstention.

Les débats autour de cet amendement sont, bien évidemment, à caractère moins technique que politique. Car il est clair que le nouveau mode de calcul du quotient électoral –sur la base des inscrits au lieu des votants- aura pour 1er résultat de réduire la représentativité du PJD. La répartition des sièges se fera à son désavantage et au profit des autres partis politiques.

Ce n’est en effet un secret pour personne que les deux mandats successifs du PJD à la tête de la Majorité, en plus de l’éventualité d’un troisième, ne réjouissent pas les autres grandes formations, tels l’Istiqlal, le RNI, l’USFP… Ni d’ailleurs les moins grandes…

Néanmoins, ce qui est reproché à ces formations, c’est de compter sur le coup de pouce technique pour venir à bout de leur adversaire politique, sans déployer de véritable stratégie sur le terrain afin de gagner la confiance de l’électorat.

Car, le véritable défi à relever, c’est au niveau de l’électeur qu’il se situe !

Le PJD dispose d’une base de militants mobilisés, fidèles, disciplinés et qui votent sans se faire prier, ni acheter. Ils se déplacent aux urnes par conviction.

Les autres partis politiques, eux, ont de plus en plus de mal à convaincre leur base, ou à l’élargir, pour une raison simple: cette base, que ne cimente pas un référentiel aussi fort que celui du PJD (la religion) et qui est la plupart du temps délaissée, négligée, ne voyant aucun intérêt à se mobiliser… Cette base se réduit en peau de chagrin.

Les partis politiques peuvent se féliciter d’avoir remporté la victoire du quotient électoral et d’autres arrangements électoraux «les arrangeant»… Ce n’est pas pour autant que les citoyens qui ne veulent plus être représentés par le PJD se tourneront vers eux.

Il faudra, pour cela, que ces partis puissent présenter un projet de société compétitif et convainquant et, surtout, y rallier le plus grand nombre de voix.

Ce qui est loin d’être gagné au vu de l’état actuel de ce que présentent les partis politiques. Ils ont d’énormes efforts à faire pour relever le seul défi qui compte, celui de convaincre l’électorat !

L’on aura largement l’occasion de revenir sur ce qu’ils devraient faire et qu’ils ne font pas. Aujourd’hui, tous ceux qui ont commenté «la bataille du quotient électoral» leur ont martelé un seul et même message: cela ne suffira pas !

Bahia Amrani

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