Le coup de grâce

Malgré la très importante visite du Roi d’Espagne au Maroc -qui resserre considérablement les liens politiques et économiques entre les deux royaumes et qui a fait l’objet d’un intérêt national digne de l’évènement- la crise de la majorité gouvernementale n’a pas quitté les devants de la scène, continuant de mobiliser la classe politique.
En effet, aujourd’hui que le parti de l’Istiqlal a enfin quitté officiellement le gouvernement, mettant fin à un suspense qui a tenu en haleine l’opinion publique pendant plus de deux mois, l’on entre dans une autre étape, encore plus porteuse de suspens: celle des tractations pour la constitution d’une nouvelle majorité.

Les responsables du PJD se sont réunis pour prendre acte du passage effectif de l’Istiqlal à l’opposition. Réunion à l’issue de laquelle la décision a été prise d’engager les concertations avec les partis politiques pouvant intégrer la majorité.
Ceux du RNI en ont fait de même pour se concerter sur la gestion de cette nouvelle donne qui fait du RNI le premier parti qui sera inévitablement sollicité pour rejoindre les trois formations au pouvoir (le PJD chef de file, le Mouvement Populaire et le PPS). Et le Bureau politique du RNI a donné les pleins pouvoirs à son N°1, Salaheddine Mezouar, pour négocier avec Abdelilah Benkirane.
Mais alors que tout le monde attend avec impatience le coup d’envoi des tractations ; alors que nul n’ignore que la tâche ne sera pas facile, tant il sera compliqué de concilier les exigences des uns et des autres ; alors –enfin- que la majorité des acteurs politiques qui se sont exprimés, ont émis le souhait de voir les partis politiques éviter le blocage et le pays éviter les élections anticipées… Hamid Chabat, lui, continue de «mitrailler», cette fois-ci, à partir de l’opposition où il vient de basculer.
Et c’est une vraie salve d’artillerie qu’ont envoyé, lundi 15 juillet, Chabat, chef de l’Istiqlal et Lachgar, chef de l’USFP.
Ce jour-là, Hamid Chabat, avec son comité exécutif et Driss Lachgar, avec son Bureau politique, réunis au siège de l’USFP à Rabat, ont annoncé avoir scellé un accord pour que leurs deux formations conduisent désormais une opposition parlementaire des plus fermes.
Et pour qu’il n’y ait aucun doute sur leurs intentions, ils ont expliqué, dans un communiqué, ce qu’ils comptaient faire: constituer un Front commun, avec la participation des «forces démocratiques nationales sous toutes leurs formes: politique, associative et syndicale», mais aussi avec «des hommes de lettres, des penseurs, des artistes, des militants de droits de l’Homme, des personnalités nationales et des théologiens éclairés».
A défaut de ressusciter «la Koutla» qui n’a plus de sens, aujourd’hui, l’Istiqlal de Chabat et l’USFP de Lachgar, décident de «réinventer» l’opposition parlementaire… Et le Front syndical (Adieu la paix sociale ?).
Chabat et Lachgar disent vouloir œuvrer à mettre en application la nouvelle Constitution. Mais il ne faut pas être grand clerc pour comprendre les motivations premières de ce nouveau «Front commun» initié par Chabat dès son arrivée dans l’opposition. Elles consistent de toute évidence à occuper massivement le terrain face au PJD et à mobiliser l’électorat dès à présent en vue des prochaines compétitions électorales avec ce parti.
Cependant, cette offensive du nouveau Front, qui se veut essentiellement orientée contre le PJD islamiste, a un effet collatéral. Elle porte le coup de grâce au PAM (parti authenticité et modernité) qui, après avoir perdu tout espoir de diriger la majorité (ce qui était à portée de main avant le «Printemps arabe»), perd -avec Chabat- toute chance d’avoir une visibilité au sein de l’opposition… Et donc toute possibilité de reconquérir l’opinion publique.
Pour le PAM, il est exclu d’intégrer l’actuelle majorité. Abdelhakim Benchammas, président du groupe parlementaire du PAM à la chambre des Conseillers, vient de déclarer au Forum de la MAP, dont il était l’invité mardi 16 juillet, que son parti était ouvert «à toute concertation avec le gouvernement dans l’objectif de trouver une issue aux difficultés qui planent sur l’économie nationale», mais qu’il n’avait «pas l’intention d’entamer des négociations avec le PJD pour rejoindre le gouvernement», parce que ce dernier, a-t-il dit, «porte un projet de société avec lequel nous sommes fondamentalement en désaccord».
Il ne reste alors au PAM qu’un rôle d’appoint dans une opposition dominée par le remuant Chabat et son allié du moment, l’USFP que les luttes intestines ont tellement affaibli qu’il ne peut plus jouer que les seconds rôles…
Mais ce parti, autrefois tant redouté, le réalise-t-il seulement ? Le PAM voit-il venir l’ombre qui va l’éclipser ? Sont-ils tous conscients de cet «impact Chabat» ? Personne n’y verra plus clair avant de voir sur quoi auront débouché les tractations.

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