C’est à Al Manama, capitale du Royaume de Bahreïn, que s’est ouverte, mercredi 6 décembre 2016, la 37ème session du Conseil suprême du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). L’envoyé spécial du «Reporter» y était…
Au menu de cette importante rencontre au sommet, à laquelle participent les monarchies du Golfe, figure la consolidation de la coopération entre les Etats du CCG. Ceux-ci ont toujours insisté, depuis la création de ce Conseil, sur la nécessité de développer la coopération économique à travers plusieurs mécanismes avec, en tête, le dialogue stratégique, les accords-cadres et les négociations du libre-échange, en vue de mettre sur les rails un partenariat stratégique qui prend en compte les intérêts nationaux des différentes composantes du CCG et les aspirations populaires. Les plus importants partenariats stratégiques régionaux ont été conclus avec la Jordanie, le Maroc et le Yémen, outre les partenariats stratégiques internationaux avec les Etats-Unis d’Amérique, le Royaume-Uni, l’Union Européenne, la France, l’Australie, le Japon, le Canada, la Turquie, la Russie et la Chine.
Avancées notoires
Deuxième volet sur lequel les monarchies du Golfe se sont penchés deux jours durant est, sans conteste, le volet sécuritaire et de la défense, sur le plan de la coopération militaire, vu les menaces qui pèsent sur la région. Ces monarchies estiment avoir réalisé des avancées notoires qui ont permis, nous a confié un diplomate bahreïni, d’assurer la sécurité des ressources des pays du CCG et de garantir les acquis de leurs populations respectives. La sécurité commune interpelle ainsi les pays du Golfe qui veillent à mettre en œuvre toutes les décisions et les recommandations émanant des réunions des ministres de l’Intérieur, ainsi qu’à mettre en place des relations de partenariat et de coopération avec les organisations internationales et régionales, telles Interpol, Europol, le bureau de l’ONU contre la crime…
Les pays du Golfe voient d’un bon œil les manœuvres et exercices militaires, les premiers du genre. Ils les considèrent comme un événement d’envergure dans le sens du renforcement de la coopération militaire dans la région. Les événements qu’a connus Bahreïn et qui ont dicté une intervention rapide du grand frère saoudien, laquelle a permis de remettre de l’ordre dans le pays à sensibilité chiite, sont encore frais dans les mémoires.
Menace du voisin iranien
La menace iranienne est, estiment les monarchies du Golfe, omniprésente et il est nécessaire d’être constamment prêt à répondre à toute tentative de déstabilisation de ces pays. «Il n’y a que les peuples du Golfe qui peuvent défendre leurs pays. Celui que nous appelons notre ‘‘allié’’ ou ‘‘ami’’ n’est en fait qu’un allié (référence à l’Amérique) qui complote contre nous avec les Iraniens», nous a confié la même source. Et un quotidien bahreïni de renchérir: «Ne croyez pas que cet allié se range à nos côtés durant tout le parcours. Surtout que l’Amérique a une autosuffisance, volet pétrole, après la découverte sur ses terres du schiste bitumeux (Annaft Al Hajari)».
L’Iran pointé du doigt
Les Bahreïnis ne mâchent pas leurs mots. Bien plus, ils les étalent à la «une» et sur les pages intérieures de leurs médias. «L’Iran, écrit le quotidien Akhbar Al-Khalleej, est l’ennemi premier des pays du Golfe. C’est lui qui a tout fait pour que les Arabes s’entretuent et toutes ces guerres fratricides visent en fait les pays du Golfe et l’Arabie Saoudite». C’est pourquoi les peuples de la région attendent du Sommet du CCG de mettre fin rapidement à la «bataille de Sanâa», «pour avoir les coudées franches, afin de pouvoir s’attaquer aux fronts nord et est et de protéger ses arrières, après que le Yémen redevienne arabe comme il l’a toujours été», estiment-ils.
Craindre pour la Syrie
Le dossier syrien occupe aussi une place de choix dans le Sommet de Bahreïn, de par sa gravité. On craint en effet que la Syrie ne tombe à nouveau dans les bras de l’Iran. Ce qui augurerait de mauvais jours pour les pays du Golfe et pour la Jordanie, estiment ces derniers. Ceux-ci n’ont d’autre alternative, comme ils le pensent, que l’union et la complémentarité.
Une chose est sûre: l’union à laquelle aspirent les peuples et les monarchies du Golfe n’est pas recherchée par tous. Le Sultanat d’Oman ne cache pas sa velléité; ni le Qatar d’ailleurs, alors que le grand frère saoudien encourage et soutient l’idée de l’union des pays du Golfe qui dépasserait la formule du simple Conseil. «Il faut prendre des décisions qui consolident notre destin», estiment les adeptes de l’union des pays du Golfe, pour qu’il n’y ait d’autre choix que celui-ci. Et ils appellent, pour ce faire, à s’élever au-dessus des petites crises intestines et à se solidariser plus que jamais «pour arrêter toute vague déferlante» qui ne se contentera pas seulement de les éclabousser, s’ils n’optent pas pour l’union. Une union qui est, à leur sens, la réponse naturelle aux manœuvres iraniennes dans la région.
Sur ce chapitre de l’union, des sources proches du ministère de l’Information (du pays accueillant du Sommet) ne cachent pas que l’intention de réaliser une union des Etats du Golfe, qui avait été proposée par feu Abdallah d’Arabie Saoudite, pourrait être annoncée lors du sommet de Bahreïn, si les Etats du Golfe réussissent à convaincre les plus réticents, dont les intérêts ne se croisent pas obligatoirement avec les leurs, mais qui craignent le voisin iranien.
L’union n’est pas pour demain
Cependant, le ministre bahreïni des Affaires étrangères, Cheikh Khaled Ben Ahmed Al Khalifa, dans une interview accordée à la chaîne TV «Al Arabia», a mis fin aux rumeurs concernant l’éventualité de l’annonce, lors du Sommet d’Al Manama, d’une union partielle des Etats du Golfe. Le chef de la diplomatie bahreïnie a toutefois reconnu: «L’idée existe effectivement. Elle est débattue lors de toutes les réunions». Le CCG reste néanmoins prudent et évite de se hasarder. «Nous ne voulons pas brusquer les choses et sauter en avant. Beaucoup reste à faire et des projets qu’il faut boucler, entre autres, la complémentarité économique et défensive», a précisé Cheikh Khaled. Et d’assurer: «Les choses avancent comme il a été convenu, mais de façon naturelle et juste».
Tempérer les ardeurs
Le chef de la diplomatie bahreïnie a tenu à tempérer les ardeurs, s’agissant des relations du CCG avec l’Iran. « Nous avons toujours aspiré, a-t-il précisé, à ce que ces relations soient les meilleures. C’est notre position de toujours. Les choses ont changé (en Iran) après l’avènement du nouveau pouvoir en 1979 (Al Wali Al Faqih). Téhéran a décidé d’exporter sa révolution et d’intervenir dans les affaires intérieures des pays du Golfe. C’est sa révolution et ça ne nous concerne pas».
L’hôte britannique de marque
Le Sommet du CCG à Bahreïn, qui reçoit également en tant qu’hôte d’honneur le Premier ministre britannique, Theresa May, se veut porteur de messages politiques bien définis à tous ceux qui menacent la sécurité des pays du Golfe. Il assure que ceux-ci ont d’ores et déjà réalisé la complémentarité défensive, devenue réelle sur le terrain, en plus de la complémentarité dans le cadre du concept global du développement durable.
Les peuples et les gouvernements des Etats du Golfe attendent beaucoup de ce sommet d’Al Manama, à Bahreïn. Mais ces Etats arriveront-ils à accorder leurs violons dans un contexte régional et international turbulent?
De notre envoyé spécial à Bahreïn: Mohammed Nafaa
Ils n’accorderont jamais leurs violons parce que tous veulent etre leader par n’importe quel moyen. les autres monarchies ont peur de l’Arabie Saoudite mais ne le disent pas. Ils ont en mémoire ce qui s’est déjà passé en Iraq. Pour votre information, Saddam était sunnite et voyez ce qui lui est arrivé, alors parler de l’Iran chiite, ça donne quand meme a réfléchir. Ces monarchies, ainsi que d’autres monarchies, ont peur de tout changement ou de toute autre pensée que la leur. Dans chaque pays arabe et musulman, sunnite ou chiite soit-il, monarchie ou république ou émirat, il y’a une élite dirigeante et vivant fastueusement et une population faisant les frais de ces dirigeants. La population n’a rien à voir et ne venez pas me parler de démocratie parce que ces dirigeants changent leur fusil d’épaule comme et quand il le veulent faisant fi de leurs citoyens.