A peine les vacances d’été viennent-elles de commencer que les spéculations sur les prix des tickets battent déjà leur plein.
En effet, depuis quelques jours, il y a de l’ambiance à la célèbre gare routière Ouled Ziane, à Casablanca. Ce mardi matin 18 juin, des voyageurs, pressés de prendre la route vers leur destination, se bousculaient devant les guichets, pour décrocher leurs billets. D’autres attendaient à côté des autocars qui accueillaient déjà leurs passagers. Autour d’eux, plusieurs courtiers et intermédiaires rôdaient, jouant aux facilitateurs. Ils annonçaient à tue-tête les destinations, cherchant à vendre des tickets. Mission qu’ils accomplissaient sans aucune difficulté!
Pourtant, la présence de ces courtiers à l’intérieur de la gare est interdite. A leurs cris, se mélangeaient les bruits et les gaz polluants des vieux autocars qui continuent de sillonner les routes du pays. Et ce, malgré l’état pitoyable de ces véhicules qui, normalement, ne devraient plus circuler, selon des observateurs.
Dans cette gare routière, les voyageurs doivent également supporter le retard des autocars qui, selon un employé à la gare Ouled Ziane, n’arrivent presque jamais à l’heure indiquée. A l’extérieur de cette gare, un décor désolant! Les rues et les boulevards avoisinants sont occupés par des cars et des courtiers criards, gênant de la sorte la circulation et s’obstinant à considérer ces lieux comme leur propre gare routière. Selon des riverains, les incidents de violence et les agressions sont très habituels, autour et même à l’intérieur de cette infrastructure routière.
«Je me demande si on peut, un jour, mettre un terme à cette situation d’anarchie et d’insécurité qui caractérise nos gares routières», lance Ahmed, un jeune étudiant allant à Fès. «Les responsables ne cessent d’annoncer que des mesures sont prises pour lutter contre les spéculations illégales, notamment durant les vacances et les fêtes. Toutefois, on a toujours du mal à constater les changements sur le terrain», riposte ce voyageur non sans colère. Et de conclure: «Le règlement n’est pas respecté dans cette gare. Des personnes, comme ces courtiers, font ce qu’ils veulent au vu et au su de tout le monde. C’est à se demander: qui est derrière eux et qui les protège?».
Pour sa part, Fatiha, une voyageuse rencontrée à la gare routière ce même mardi, souligne: «Quand la flotte n’est pas renforcée, les voyageurs sont obligés de s’adresser à ces courtiers pour avoir leurs tickets». Notre interlocutrice met en cause le manque de contrôle. Elle affirme qu’elle s’est fait arnaquer plusieurs fois, ajoutant qu’«afin d’éviter les magouilles de ces courtiers et aussi les bousculades qu’il y a en période de pointe, je préfère prendre mon ticket à l’avance, auprès des guichets».
Notons que les tarifs appliqués dans le transport routier ne sont pas libres. Toute augmentation illégale des prix est passible, selon la loi 06-99 régissant la liberté des prix et la concurrence, d’une peine d’emprisonnement de 2 mois à 2 ans et une amende de 10.000 à 500.000 DH.
Pourtant, «chaque année, en périodes de vacances et de fêtes, les tickets à la gare routière Ouled Ziane sont illégalement augmentés de 50%, voire parfois plus», affirme Ali Khafi, SG des employés du transport routier des voyageurs à la gare routière Ouled Ziane. Ce dernier dénonce, dans ce cadre, les pratiques de certains lobbies qui seraient derrière la flambée des prix des tickets dans cette gare, en profitant des périodes qui connaissent une grande affluence de voyageurs.
Le SG Ali Khafi ne mâche pas ses mots: «L’expérience a montré que le système adopté depuis plus de deux décennies, pour vendre les tickets à la gare routière à Ouled Ziane, n’a pas réussi à limiter l’intervention de ces intermédiaires. Pour lutter contre les agissements de ces lobbies et éviter toute augmentation illégale des prix des tickets, il faut mettre en place un nouveau système de réservation moderne, comme cela se fait d’ailleurs pour le train, par exemple».
Naîma Cherii