Pesticides : Y-a-t-il vraiment un risque à consommer les fruits et légumes ?

Une nouvelle fois, l’utilisation des pesticides prohibés au Maroc soulève un tollé chez les consuméristes. Alors que les critiques sur l’utilisation massive de certains pesticides hautement nocifs, de certains agriculteurs, ne sont pas encore tues- les affaires du thé et de la menthe étant révélées, il y a quelques mois-, le sujet revient de nouveau sur la scène nationale.

Quelques jours après la destruction de 136 tonnes de pommes de terre traitées avec des pesticides non homologués, la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC) réagit. Son président, Bouazza Kherrati tire la sonnette d’alarme. Dans une déclaration à Le Reporter, il dresse un état des lieux très critique sur la présence visible des produits non homologués et de contrebande sur le marché national.

Pendant que le danger de ces produits n’est plus à prouver, ces matières continuent d’être écoulées dans les marchés par des revendeurs non agréés qui les vendent à des agriculteurs ne respectant ni dosage ni délai d’attente avant récolte, affirme le président de cette fédération, Bouazza Kherrati.  Pour ce dernier, le recours aux pesticides issus de la contrebande dans le traitement des produits agricoles échappe à tout contrôle.

«Le phénomène prend des dimensions inquiétantes. Des pesticides interdits en Europe rentrent au Maroc de manière illégale et sont vendus de manière à anarchique aux agriculteurs», met-il en garde. Il poursuit: «N’importe qui peut aujourd’hui vendre des pesticides».

Pour notre interlocuteur, la distribution et la revente présentent de grands défis. «Beaucoup d’agriculteurs n’arrivent toujours pas à adopter les bonnes pratiques phytosanitaires. Ils ne savent ni la dose ni la période de traitement», déplore ce vétérinaire. Cette situation, insiste-t-il, est aggravée par la vente de pesticides en vrac au niveau des souks hebdomadaires.

A l’ONSSA, on reconnaît qu’il y a en effet des problématiques en termes de distribution et de revente de ces produits. «L’ONSSA est actuellement à l’œuvre pour préparer une nouvelle loi sur la vente des pesticides au détail», indique-t-on auprès de la même source.

La décision est appréciée à différents niveau. «C’est une bonne chose. Car la vente au détail de ces produits, c’est le talon d’Achille de tout le circuit. Beaucoup d’unités n’étaient pas connues et n’étaient passibles d’aucune autorisation. Il était donc nécessaire de connaitre la situation  de tous les revendeurs pour pouvoir mettre sur place un système d’autorisation ou d’agrément pour la vente de ces produits», commente le président de la FMDC Bouazza Kherrati. 

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Reste que cette opération ne pourrait pas pour autant régler le problème des résidus dans les produits agricoles vendus sur nos marchés, selon ce vétérinaire.

Explication de cet associatif: «Il y a un problème de loi. Tant que la loi en vigueur n’a pas changé, on aura toujours des produits agricoles qui poseront problème pour la santé des citoyens, à cause de ces pesticides. Car, disons-le, les services de l’ONSSA ne sont pas autorisés à procéder à des contrôles au niveau des marchés de gros et des points de ventes. Puisque la loi ne le permet pas», explique le président.

Et de poursuivre: «Ce que fait actuellement l’ONSSA s’inscrit dans le cadre d’un programme d’étude et de surveillance des pesticides et  non pas de contrôle. A noter que les produits destinés à l’exportation sont soumis à un programme de suivi et de contrôle, le Maroc étant tenu à avoir ce programme pour pouvoir exporter vers le marché européen. Mais sur nos marchés de gros, aucun contrôle n’est fait sur nos fruits et légumes. Car les textes en vigueur sur la répression des fraudes excluent les légumes et les fruits frais du contrôle».

Face à cette situation, dit-il, «nous attirons l’attention des responsables pour mettre en place une nouvelle loi à même d’assurer un contrôle au niveau des marchés de gros et des points de ventes, pour la protection des consommateurs marocains».

Ya-t-il vraiment un risque à consommer nos légumes et fruits ? Des informations circulent, en tout cas, sur la présence des traces des produits toxiques dans certains produits agricoles consommés par les Marocains.  Des pratiques dangereuses sont malheureusement généralisées à travers le pays, confie un consultant agronome qui est très au fait du dossier. Selon lui, pratiquement tous les produits agricoles seraient concernés par cette problématique. Comme le président de la FMDC, il soutient –lui aussi- que ce qui ouvre la porte à la pagaille, c’est l’absence de normes en termes de répression des fraudes.

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Ce dossier serait-il devenu un dossier principal pour l’ONSSA? Depuis l’éclatement des affaires du thé et de la menthe, l’Office est, en tout cas, mobilisé à cause de la présence de certains pesticides non-homologués qui sont en grande quantité sur le marché marocain, selon une source à l’ONSSA.

Les dernières enquêtes réalisées –tout récemment- au niveau de certains entrepôts non agrées par l’Office, ont prouvé que certains agriculteurs traitent leurs produits avec des pesticides dangereux pour conserver ces produits. La destruction par les services de l’Office d’une quantité énorme de pommes de terre, dans la région de l’Oriental, atteste de la menace qui guette aujourd’hui la sécurité sanitaire des consommateurs. Selon l’ONSSA, suite à cette opération, pas moins de 136 tonnes de pommes de terre ont été détruites à Berkane.

Dans un communiqué, l’Office a annoncé que ses services ont révélé que les résultats d’analyses ont confirmé que les pommes de terre incriminées ont été stockées en dehors des entrepôts agréés.

Les procès-verbaux d’infractions relatifs à cette nouvelle affaire ont été dressés et transmis à la justice, suite aux résultats d’analyse qui ont dévoilé que les pommes de terre ont été traitées avec des produits non homologués pour ce légume de grande consommation par les Marocains, indique un communiqué de l’ONSSA.

En l’absence de ressources humaines suffisantes, et avec une loi n’autorisant pas les services de l’Office à procéder à un contrôle de nos légumes et fruits au niveau de nos marchés de gros, c’est une grande anarchie qui s’annonce dangereuse pour la santé des consommateurs, selon les dires de nos sources proches du dossier.

Naîma Cherii

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