Quand les filles font des sports de mecs

Sports hommes femmes

On les croise au quotidien, ces femmes et jeunes filles «sportives» qu’on reconnaît à leur grand sac de sport et à leurs tenues rose bonbon. Elles font du sport en salle et sont adeptes de machines dernier cri. Pourtant, loin des stéréotypes de la femme sexy qui fait un sport «mignon», certaines ne s’attaquent pas aux sports dits «pour filles». Celles-là, c’est le face-à-face qu’elles aiment. Chez les femmes qui font du sport, en effet, il y a deux tendances qui s’entrechoquent, l’une plutôt «girly » et l’autre tout le contraire…
Et cette deuxième prend de plus en plus d’importance.
Attention les hommes, les femmes montent sur le ring !

Elles ne cherchent pas à faire de compétitions nationales, ni internationales, mais veulent améliorer leur condition physique pour la plupart d’entre-elles. Depuis que certains films à succès comme Kill Bill, Street Dance ou encore Million Dollar Baby ont démocratisé des sports réservés jadis aux hommes et donné aux femmes envie de pratiquer du sport intensif, plusieurs femmes se laissent tenter par des abonnements à des salles de sport pour se défouler et évacuer le stress accumulé en semaine.
«1, 2, 3, 4… 5, 6, 7 et 8! Allez plus vite, plus vite!», crie Hatim le coach sportif. A 35 ans, il a passé presque toute sa vie dans des salles de sport. A 3 ans à peine, ses parents l’avaient inscrit dans une salle pour qu’il se défoule. C’était un enfant turbulent et hyperactif, ses parents avaient du mal à supporter son hyperactivité toute la journée et donc, la solution était de lui faire dépenser tout ce surplus d’énergie dans un sport. Très vite, il s’est pris de passion pour la pratique de divers sports dans lesquels il excelle aujourd’hui. «C’était ma vocation depuis le début, je suis fait pour ça», dit-il, sûr de lui. Il est aujourd’hui l’un des entraîneurs sportifs les plus redoutés dans la salle de sport où il travaille. Il est malgré tout recherché, parce que sa technique donne des résultats. Sa technique infaillible, c’est qu’il ne vous laisse pas une seconde de répit. Coach en condition physique en groupe mixte et coach personnel en boxe. Il n’accepte pas n’importe qui en cours privés. Il lui faut de la réelle motivation.

La course au ventre plat

Pouvoir porter un maillot l’été et être adulée par tous, avoir un corps parfait, porter des vêtements près du corps sans complexes, c’est devenu une nécessité chez les femmes. Elles s’inscrivent à des salles de sport portant des noms en anglais et postent leurs photos en plein exercice devant le miroir sur les réseaux sociaux. Pour elles, le sport est un moyen de faire des rencontres intéressantes, une façon de joindre l’utile à l’agréable. Et c’est sans grande surprise qu’elles accordent un soin tout particulier au choix de leurs tenues de sport. «Entre filles, on est en compétition. On se doit d’avoir de belles tenues moulantes et de marque, ici aussi», dit tout naturellement Jihane, jeune cadre bancaire de 28 ans, habillée en petit short et débardeur fluo. «On paie cher chaque mois pour venir ici, ça ne rimerait à rien si on arrivait avec des fringues vieilles, cheap et moches», poursuit-elle.
En quête de reconnaissance de la part de la gente masculine, «elles sont capables des pires privations et de dépenser des millions, pourvu qu’ils les remarquent», se moque Chaimae qui rentrait chez elle après un footing. Elle, qui se dit bien dans son corps, n’a pas envie de fournir d’efforts pour plaire. «Il attendra longtemps celui qui espérera me voir me ruiner la santé, faire des mains et des pieds pour paraître plus attirante, juste pour ses beaux yeux! Ceci, à supposer qu’il ait de beaux yeux. Parce que, comme nous le savons tous, ils sont rares», ajoute-elle dans un éclat de rire. Cette brunette très à l’aise dans son corps longiligne avait pratiqué pendant de longues années du kung-fu en salle. Mais si elle en faisait, c’était surtout pour elle, pour personne d’autre; elle tient à le faire savoir.
Des exemples de filles qui font du sport avant tout pour elles-mêmes comme Chaimae, il y en a beaucoup, mais les stéréotypes voudraient que les femmes pratiquent du sport uniquement dans le but de plaire aux hommes. Un cliché largement alimenté par les hommes se sentant flattés.
Néanmoins, les hommes n’ont pas si tort que ça au vu du nombre colossal des inscriptions et l’affluence massive se faisant durant les mois d’avril, mai et juin, mois précédant les vacances estivales. «Les jeunes filles quelque peu avantagées par la nature ont tendance à prendre conscience de la nécessité de faire du sport uniquement quand l’été approche. Le reste de l’année, elles boudent la salle pensant que ce n’est pas si nécessaire que ça. Nous avons aussi des femmes qui viennent presque quotidiennement pour suivre des cours de Zumba (grosso modo, un entrainement physique rythmé à la musique latine) et d’aquagym (gym aquatique). D’autres préfèrent le biking (vélo d’intérieur) ou le fitness pur et simple. Elles suivent des programmes adaptés pour perdre du poids ou raffermir leur corps», raconte ce gérant de salle de sport dite «luxueuse» qui met à la disposition de ses clientes des machines à la pointe de la technologie pour «retrouver un corps de jeune fille».

A ne pas faire au lit!

Il n’y a plus de sports exclusivement masculins !

Ce sont des sports qui ont été exclusivement masculins pendant de longues années. Des sports ou des arts martiaux où la sueur se mêle aux muscles crispés du visage. Pas de place pour les chochottes dans les salles de musculation, par exemple. Jouer avec des haltères de 20kg, soulever une barre avec des poids ajoutés systématiquement, se hisser sur la barre fixe sans relâche, voici un programme que ne pourrait faire qu’un sportif assidu et expérimenté.
Considérée comme une pratique sportive consacrée uniquement aux hommes, selon certains esprits étriqués, la musculation commence à plaire aux femmes. Elles s’y mettent elles aussi, jouant les trouble-fête dans cette ambiance chargée en testostérone. «De plus en plus de filles viennent à la salle de muscu. Elles sont gentilles, ne dérangent personne. Ca fait plaisir de les voir chaque semaine, elles ne baissent pas les bras», constate ce jeune homme. Pourtant, elles ne le font pas pour les séduire, c’est surtout pour renforcer leurs muscles et perdre de la graisse. La musculation est sans conteste le meilleur brûle graisses qui soit. Elles cherchent à avoir une meilleure forme physique, un corps mieux dessiné et pas flasque.
«C’est un ami qui m’a traînée ici, presque de force. J’ai commencé à m’isoler et à déprimer après avoir vécu un échec sentimental. Depuis que je fais de la musculation, je me sens plus forte, plus résistante. Je ne regrette pas». Influencées par des vidéos de femmes au corps sculpté, ventre plat, voire même des abdos qui ressortent légèrement, les Marocaines sont aussi abonnées via les réseaux sociaux à des sportives sexy qui leur donnent envie d’être, elles aussi, au meilleur de leur forme. Elles se fixent des objectifs, mangent «healthy» (sain) et suivent à la lettre des programmes tels que les «défis 30 jours» qui ont connu un franc succès cette année, au mois de juin, sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook.
Dans d’autres disciplines telles que les arts martiaux, on adopte une parité exemplaire et ce, depuis l’enfance. Les parents inscrivent filles et garçons dans des salles pour s’exercer aux arts martiaux, gagner des ceintures de couleur représentant des niveaux. Sauf que rares sont les filles qui continuent sur cette voie. Néanmoins, ce n’est pas une fatalité, puisqu’il est possible de commencer et de reprendre à tout âge. On retrouve souvent hommes et femmes dans des cours mixtes apprenant le taekwondo ou le karaté et, depuis peu, plus de femmes qui se réunissent et créent des groupes pour apprendre ces arts martiaux entre elles. Le judo est, jusqu’ici, l’art martial le mieux adapté aux femmes, selon des amatrices de judo et aussi certains experts en arts martiaux. Permettant d’apprendre des techniques de «self-defense» et de se forger un bon mental, il allie sport et psychique. C’est l’atout majeur des arts martiaux. Ils inculquent discipline, garantissent souplesse et dynamisme, le tout pour maximiser la sensation de bien-être physique et mental.
Revenons à Hatim le coach, il s’apprête à donner un cours de condition physique d’une heure à deux jeunes filles timides qui viennent tout juste de débuter. «Elles ont choisi de faire de la boxe et pour cela, il leur faut un entraînement pour préparer leur muscles. C’est aussi un bon moyen pour moi d’observer leurs lacunes», dit-il. La boxe, un sport de combat pratiqué surtout au niveau professionnel, fait envie, mais la pratique n’est pas tentée par tout le monde, encore moins par des femmes. Il faut cependant croire que certaines n’ont pas peur des coups, comme l’a prouvé Audrey Pulvar, la journaliste française connue pour avoir présenté le 19/20 sur France 3, puis pour avoir été chroniqueuse dans l’émission On N’est Pas Couché de Laurent Ruquier sur France 2 (et aussi pour avoir été la compagne d’Arnaud Montebourg, ex-ministre de l’Economie et du Redressement productif et numérique). La journaliste a montré au grand public ses séances d’entraînement et a même donné des interviews à ce sujet, notamment à Paris Match.
«Je crois que la boxe m’aidera à avoir plus confiance en moi. J’ai besoin de me savoir capable de me défendre», explique l’une des deux filles ayant voulu faire de la boxe. La séance les a mises à bout de souffle, elles n’ont pas pu réaliser tous les exercices parce qu’elles n’avaient pas assez de force physique, mais aussi parce qu’elles n’avaient pas encore les bons réflexes.
Selon Hatim le coach, il y a toujours une raison sérieuse qui pousse les femmes à vouloir boxer. «La première question que je pose à celles qui cherchent un sport de combat est: est-ce que tu t’es fait agresser?», dit-il. En creusant plus dans la vie de chacune, afin de connaître les raisons de cet engouement pour ce sport brutal, on distingue divers profils. Il y a effectivement celles qui ont subi une agression et qui, la rage au ventre, veulent leur part de vengeance. Il y a, comme cette petite blonde à la silhouette fluette qui passe dans le hall, des filles ayant un petit-ami violent, très jaloux et qui plus est, pèse dans les 90 kg. «Je travaille dans une entreprise où je suis entourée d’hommes pensant être les meilleurs. Ils sont machos même lors des réunions avec le boss. Faire de la boxe m’a permis de faire sortir toute ma haine, d’apprendre à canaliser mes forces et surtout de m’affirmer en tant que femme. Maintenant, j’ai de l’allure et de l’assurance, je me fais respecter», raconte cette femme sortant d’un cours privé, une bouteille d’eau à la main.
Véritable besoin de s’affirmer, de prendre confiance en elles, les femmes ont de plus en plus ce sentiment et le sport de combat leur permet de faire face aux aléas du quotidien. Elles peuvent se protéger elles-mêmes, elles sont rassurées. Devant la multitude de disciplines sportives qui s’offrent à elles, le choix de la meilleure ou du moins de celle qui conviendrait le mieux à chacune d’elles dépend souvent des affinités qu’elles ont au préalable avec tel ou tel sport. Envie de se dégourdir et gagner en tonus ou de travailler son corps en profondeur, à chacune ses méthodes.

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YS

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