Gouvernement : Quel rôle pour l’opposition?

Gouvernement : Quel rôle pour l’opposition?

La course effrénée à la participation au gouvernement, mis à part tout ce qu’elle entraîne comme controverses et ce qu’elle crée comme contradictions, quant à la réalité et aux normes d’une vie politique «normale», est en train de donner naissance à un déséquilibre politique sans précédent au Maroc.

Ainsi, sur les neuf formations politiques classées lors des dernières législatives, sept sont en lice pour des portefeuilles gouvernementaux.

Si, pour certaines, l’avenir demeure incertain, vu qu’elles ne voient pas clairement de quel côté elles vont être, pour d’autres, le tour est joué et elles se sont déjà assuré une place, voire des places au prochain gouvernement.

C’est à croire qu’il n’y a que le gouvernement. Alors qu’en réalité, face à un gouvernement, devrait normalement exister une autre entité tout aussi forte et responsable, à savoir l’opposition. L’opposition dont l’importance est telle que la Constitution marocaine de 2011 l’a hissée au rang d’institution à part entière en lui garantissant un statut qui lui confère des droits à même de lui permettre de s’acquitter de sa mission.

Ainsi, le rôle de l’opposition paraît tout aussi important puisque, hormis le bénéfice du financement public et la participation effective à la procédure législative, elle a aussi un rôle important quant à sa participation effective au contrôle du travail gouvernemental. Lequel travail s’effectue, entre autres, par le biais de motions de censure, d’interpellations du gouvernement et de commissions d’enquête parlementaires. Outre la participation active à la diplomatie parlementaire, en vue de la défense des causes justes de la nation et de ses intérêts vitaux, les groupes de l’opposition sont aussi tenus d’apporter une contribution active et constructive au travail parlementaire.

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Ainsi instituée, l’opposition est aussi un poste à pourvoir, vu qu’elle met le gouvernement face à sa réalité, le critique, l’oriente et pousse son travail vers plus d’efficacité et de rendement pour le bien de la nation. Si le gouvernement constitue le poids, c’est à l’opposition de jouer le contrepoids pour le maintien de tous les équilibres, sinon les plus importants, notamment politiques, sociaux et budgétaires.

L’on voit ainsi que l’opposition, c’est aussi tout un programme et toute une action autour d’une vision solide qui, bien que souvent contradictoire avec la vision du gouvernement, la complète et la maintient sur une bonne voie. C’est loin d’être le seul fait de dire  «non» à tout, comme il est ancré dans l’esprit d’un bon nombre d’hommes politiques marocains qui la fuient puisque, pour eux, le pouvoir, c’est le gouvernement et «rien d’autre».

Qui dira non au parlement…

Aujourd’hui, les négociations pour la formation du gouvernement sont en marche. Comme souligné ci-haut, sur les neuf formations politiques classées, sept visent le gouvernement et sont en discussion avec Benkirane. En face, pas de négociations, ni pourparlers. Comme si l’opposition se formait d’elle-même ou que les rejetés du camp de Benkirane allaient illico rejoindre les rangs de l’opposition, c’est-à-dire faire partie de ceux qui disent tout simplement «non», rien que pour le dire.

Les législatives de 2016 ont donné lieu à une carte politique un peu déséquilibrée. A part le PAM, rival incontesté du PJD, qui s’est déclaré par la force des choses parti de l’opposition et qui est rejoint dans cette position par l’Alliance de la Gauche, dont la présidente a refusé d’entrer en discussion avec le chef de gouvernement nommé, aucun des autres partis n’a eu une position claire. C’est à croire qu’ils optent tous pour une tentative de prendre place d’abord au gouvernement et, si ça ne marche pas, ils se déclareront de l’opposition! D’ailleurs, même ceux qui se positionnent d’ores et déjà ne se sont jamais rencontrés, ni concertés sur l’opposition qu’ils veulent ou comptent constituer.

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Sur le plan numérique, l’opposition «marocaine» ne semble pas favorite. D’abord elle n’attire pas trop les convoitises, puisqu’ils ne sont que deux partis contre sept. En plus, elle ne présente ni programme, ni feuille de route, ni «portefeuille» digne d’intérêt, comme c’est le cas de son rival, le gouvernement qui est encore à l’état embryonnaire, mais déjà trop convoité.

Enfin, l’on voit déjà qu’au lieu de se préparer à assumer pleinement son rôle de contre-pouvoir au parlement et au gouvernement,  l’opposition se met dans un état de faiblesse tel que personne ne peut la considérer à sa juste valeur et vouloir réellement et en toute conviction en faire partie.

Aujourd’hui, ils ne sont que deux à l’opposition et, dès que le gouvernement verra le jour, ils seront rejoints par deux ou probablement trois autres qui vont faire de la figuration et dire «non», juste pour contrarier un gouvernement qui les a rejetés et entraver sa marche et son action, l’éloignant ainsi des vraies missions, tout en s’éloignant de son vrai rôle d’opposition…

H.D

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