2ème Forum des «Panafricaines» Un débat passionnant

2ème Forum des «Panafricaines» Un débat passionnant

De G. à D.: Ana Fonseca, Raffaella Maria Consentino, Patrick Otim, Driss El Yazami, Larry Macaulay et Samira Sitaïl

Dans le cadre de la 2ème édition du Forum des femmes journalistes d’Afrique «Les Panafricaines», un débat a été organisé, vendredi 26 octobre 2018 à Casablanca, autour du nouveau regard à porter sur le phénomène de la migration africaine.  

Sous le thème: «D’une rive à l’autre, pour un regard juste sur les migrants», le débat, auquel ont pris part des experts dans les domaines médiatique, des droits de l’Homme et de la migration, a permis de confronter les idées, dans l’optique de véhiculer une nouvelle image réaliste et plus juste des migrations africaines.

Les traitements médiatiques simplistes fustigés

D’emblée, la modératrice du débat et Directrice adjointe en charge de l’information et des magazines à la 2ème chaîne TV (2M), Samira Sitaïl, a relevé la distorsion dont souffre l’image des migrants africains dans le monde. Pour elle, si les crises humanitaires, les persécutions et les guerres civiles ne peuvent être occultées, elles font cependant l’objet de traitements médiatiques si simplistes et partiels qu’ils en sont venus à constituer la seule réalité qui caractérise les flux migratoires, aux yeux de l’opinion publique internationale, à savoir une image déformée. S. Sitaïl a ajouté que le statut juridique des migrants soulève une question fondamentale, celle de l’impact que peuvent avoir les terminologies adoptées pour décrire cette catégorie de citoyens, notamment dans les médias occidentaux. «Migrants légaux, illégaux, clandestins, autant de termes chargés de sens, qui déforment la réalité et véhiculent une image erronée et biaisée de la migration africaine», a-t-elle précisé.

Enchaînant dans le même sens, le chef de Mission de l’Organisation Internationale pour les Migrations au Maroc, Ana Fonseca, a souligné: «Le traitement du phénomène migratoire doit se faire à travers un prisme humain, car,  au cœur de ce qu’on appelle les flux migratoires, il y a surtout des personnes qui ont besoin de protection».  Une position partagée et soutenue par le président du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), Driss El Yazami. Dans son intervention, il a rappelé que «le migrant a des droits fondamentaux qu’il faut respecter, quel que soit son statut juridique». Ce ne sont pas les Etats qui accordent ces droits, ce sont des droits humains dont jouit, d’office, chaque migrant en tant qu’être humain et dont les Etats doivent tenir compte, a expliqué D. el Yazami.  

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Le débat autour du thème «D’une rive à l’autre, pour un regard juste sur les migrants» a permis aux intervenants d’apporter une analyse profonde et globale de la réalité des migrants africains. Dans ce sens, le journaliste nigérian, Larry Macaulay,  fondateur de «Refugee Radio Network» à Hambourg (Allemagne), a estimé que la déconstruction des préjugés liés à la migration relève, en premier lieu, de la responsabilité des médias africains. Il a appelé ces derniers à refléter la vraie image de l’Afrique. «Nous devons montrer aux médias européens qu’on peut s’organiser en tant qu’Africains, de manière constructive et réfléchie», a-t-il conclu.  

Pour sa part, Raffaella Consentino, reporter à la chaîne de télévision «Rai» et spécialiste des questions migratoires, a expliqué que la montée du discours xénophobe et raciste en Europe, notamment en Italie, peut être combattu si les médias africains véhiculent une autre image plus positive des migrations africaines. «Tout ce que les Italiens connaissent de la migration, ce sont les images d’arrivées massives de migrants subsahariens sur les côtes italiennes», a-t-elle précisé. Néanmoins, pour que cette image des migrants africains évolue, il faut que les médias aient accès à l’information sans distinction aucune. Sur ce point, le spécialiste ougandais de la migration et membre de l’Organisation «Refugee Law Project», Patrick Otim, a rappelé que les médias doivent «disposer de chiffres précis pour faire une évaluation exacte de la situation», attirant l’attention sur le fait qu’«il faut avoir vécu la migration, pour en parler avec justesse».

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De la parole à l’action

A la suite de cette discussion axée sur les moyens de donner une image plus juste sur les migrants, une session de questions-réponses a été organisée avec la salle. Pendant plus d’une heure, les intervenants ont répondu à des questions sur l’importance de sortir du prisme Nord-Sud, pour inclure la problématique du traitement des questions migratoires au sein de l’Afrique elle-même. Pour les orateurs, les décideurs politiques doivent mener une action concertée au niveau du continent africain, pour passer de la parole à l’action en ce qui concerne les politiques migratoires mises en place par les pays africains, notamment les pays de transit. «Il y a un équilibre à trouver entre la souveraineté des Etats et les droits des migrants. Mais il ne faut surtout pas laisser de vide qui peut être exploité par les réseaux criminels», ont résumé les intervenants.

Ainsi, c’était un débat passionnant, riche et humain qui a insisté sur l’importance de donner aux migrants la place qui leur revient dans la société. «Les réfugiés ne sont pas des étrangers, ils font partie de notre société», a tenu à souligner Patrick Otim. Et Driss El Yazami de conclure: «La mobilité humaine est une richesse extraordinaire qu’il faudrait valoriser».

Mohcine Lourhzal

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