USA-GB-Russie | Les Anglo-saxons contre Poutine

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On n’est pas loin d’une nouvelle guerre froide. En tout cas le ton monte à Londres, comme à Washington, contre la Russie de Poutine.

A 24 heures d’intervalle le premier ministre britannique Boris Johnson a désigné la Russie comme menace principale pour son pays. Cela a surpris. Le Président Biden, lui, n’a pas hésité à traiter le Président Poutine de tueur qui aura des comptes à rendre. Pensez-vous que c’est un tueur? «La question de George Stephanopoulos, journaliste vedette de la chaîne américaine ABC, est directe, et la réponse du Président des Etats-Unis ne laisse pas de place au doute: «Oui», a-t-il acquiescé dans cet entretien diffusé mercredi. Il n’a pas précisé s’il faisait référence au sort de l’opposant russe Alexeï Navalny, victime en août d’un empoisonnement imputé par les Etats-Unis à Moscou et aujourd’hui incarcéré en Russie.

Dans un geste spectaculaire, Moscou a  annoncé sans tarder avoir rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis Anatoli Antonov «pour des consultations». «Pour nous, l’essentiel est de déterminer quels peuvent être les moyens de rectifier les relations russo-américaines, qui sont dans un état difficile et que Washington a conduit dans une impasse ces dernières années», a expliqué la diplomatie russe. Elle a assuré pour autant vouloir «éviter leur dégradation irréversible», disant espérer que «les Américains sont conscients des risques». Le président de la Chambre basse du Parlement russe, Viatcheslav Volodine, avait auparavant reproché au Président américain d’avoir «insulté» tous les Russes et «attaqué» son pays. Semblant vouloir éviter l’escalade, le département d’Etat américain a assuré à l’AFP qu’il ne prévoyait pas de rappeler son propre ambassadeur à Moscou, disant vouloir maintenir «les canaux de communication ouverts» pour «promouvoir les intérêts américains et réduire les risques de malentendus» entre les deux puissances. Le Président Biden affiche, depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier, une grande fermeté à l’égard du maître du Kremlin, par opposition avec la bienveillance souvent reprochée à son prédécesseur Donald Trump jusque dans son camp républicain.

Guerre de Tchétchénie

«Les Etats-Unis seront pleinement responsables d’une nouvelle dégradation des relations russo-américaines, cela ne doit faire aucun doute», a réagi le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov au sujet de ces sanctions. Le renseignement américain est aussi en train de mener un examen de différents autres faits dont les Etats-Unis ont déjà ouvertement soupçonné la Russie, dont une récente cyberattaque géante et le versement de primes à des Talibans pour qu’ils tuent des soldats américains en Afghanistan.

Sur l’Afghanistan d’ailleurs, le Président Biden parait être dans une ligne de rupture. On hésite entre la douche froide et le camouflet. Principale pourvoyeuse d’aides civiles à l’Afghanistan, avant les Etats-Unis et le Japon, l’Union européenne (UE) a été, en quelques semaines, écartée par Washington du règlement de la crise afghane. Ainsi l’UE n’a pas eu de représentant, jeudi 18 mars, lors d’une première relance, à Moscou, d’un processus de paix au point mort, réunissant des délégations de haut niveau du gouvernement afghan, des Talibans, mais également l’envoyé spécial américain chargé du dossier afghan, Zalmay Khalilzad, et la Chine. L’ONU et la Turquie, sollicitées par M. Blinken pour organiser, en avril, d’autres rendez-vous destinés à restaurer la paix dans ce pays meurtri, n’ont pas non plus prévu d’associer l’UE. Les Etats-Unis, qui ont signé, le 29 février 2020, sous la présidence Trump, un préaccord de paix avec les Talibans à condition de quitter l’Afghanistan le 1er mai au plus tard, veulent aujourd’hui forcer l’ensemble des belligérants afghans à accepter un gouvernement de transition réunissant les ennemis d’hier. Une condition rejetée, mardi 16 mars, par le président afghan, Ashraf Ghani, si des élections n’étaient pas organisées pour cette «passation de pouvoir». Or, le document de travail des Etats-Unis, qui prévoit une nouvelle Constitution, exclut tout scrutin électoral avant l’issue des pourparlers de paix. Les Talibans ont aussi exprimé leur «scepticisme» face aux propositions de Washington.

La reconnaissance US, un tournant dans l’histoire de la région

Dernier front pour Biden, la Corée du Nord semble bien avoir l’intention de le tester. La sœur cadette du leader suprême Kim Jong Un a délivré, la première flèche à l’encontre de l’administration de Joe Biden, en ressortant du placard l’artillerie rhétorique dont le régime est friand. «Si vous voulez dormir tranquille pendant les quatre ans à venir, vous feriez bien de ne rien entreprendre qui vous fasse perdre le sommeil», a grondé Kim Yo Jong à l’adresse de la première puissance mondiale. Le message a été transmis par le Rodong Sinmun, le quotidien du Parti des Travailleurs qui règne sans partage sur le pays, plus que jamais reclus à l’heure de la pandémie. Cet avertissement a été délivré à point nommé, alors que le Secrétaire d’État Américain Antony Blinken atterrissait à Séoul pour sa première visite au sud des barbelés de la DMZ séparant les deux Corée.

La politique internationale entre dans une nouvelle zone d’incertitudes avec la constitution, après le Brexit, d’une sorte de front anglo-saxon désignant au delà de la Chine, la Russie comme un  danger prioritaire en raison de la personnalité de son Président. Londres comme Washington, qui considèrent maintenant l’Asie -et non plus l’Europe- comme la zone géopolitique la plus importante, semblent en accord sur une stratégie mondiale: contenir la Chine en diabolisant la Russie.

Patrice Zehr

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