Maroc : Exploitation des sables, légale et illégale…

Exploitation des sables maroc

L’extraction des sables et leur exploitation sont courantes de par le monde. Mais elles sont réglementées, contrairement au Maroc où la loi relative à l’exploitation des carrières n’est pas appliquée. L’impact et les conséquences d’un business juteux sont lourds sur l’environnement dans les côtes marocaines.
Les écologistes marocains ont tiré la sonnette d’alarme, mais le gouvernement ne fait pas grand-chose!

L’exploitation du sable des carrières à ciel ouvert ou par dragage sous-marin impacte négativement l’environnement en provoquant d’importants dégâts écologiques. Les écologistes et les chercheurs marocains ne cessent de sonner l’alarme: le pillage du sable et le dragage pourraient être à l’origine d’une catastrophe environnementale déjà menaçante.

En effet, les équipements d’extraction du sable sous-marin troublent l’eau en remettant en suspension des polluants. En plus, les pompes aspirent à la fois et le sable et le plancton et la faune marine. Cette pratique détruit donc systématiquement les écosystèmes marins. L’extraction du sable impacte également la physionomie du littoral, puisqu’elle provoque annuellement des érosions de quelques mètres. Ces érosions sont pratiquement liées plus au dragage qu’à l’exploitation du sable des dunes. C’est malheureusement ce qui se passe dans de nombreuses plages marocaines.
«La plage de Mehdia souffre de plusieurs maux. En plus du problème de l’érosion annuelle, suite à l’extraction du sable par les sociétés installées sur place, l’écosystème est en danger et ce, à cause de l’aspiration du sable ou du dragage effectués depuis plus de trois décennies. Mais il y a aussi l’exploitation dunaire du sable qui contribue à la dégradation environnementale des plages», s’insurge Taoufiq, un habitant de la ville de Kénitra.
Or, la plage de Mehdia n’est pas la seule à souffrir de ce phénomène. De nombreuses plages marocaines situées aussi bien sur le littoral atlantique que sur la côte méditerranéenne souffrent de l’extraction du sable, que ce soit de façon légale ou illégale. L’informel est toujours là et les camions transportant le sable travaillent sans relâche, surtout la nuit. Le pillage du sable continue au vu et au su des autorités, mais sans que celles-ci réagissent ou rappellent à l’ordre ces pilleurs.
«La plage de Saïdia a fait l’objet de la plus grande opération de pillage de sable qu’a connue le Maroc. Pour la construction des projets à Saïdia, les sociétés installées sur place, dont des firmes étrangères, ont profité de la destruction du cordon dunaire pour piller le sable, au profit de leurs chantiers. Ce sable pillé coûte pourtant des fortunes, ce qui prouve que rien n’est contrôlé sur place. Mais à mon avis, ce qu’il faut relever, c’est que le paysage naturel de cette belle plage a été détruit pour qu’on le remplace par le béton, ce qui est écœurant», informe Khalid, un casablancais originaire de Berkane.
Quand on se rend sur les plages du Maroc, on s’aperçoit de la gravité de la situation. Les plages ont été défigurées, depuis Tanger et jusqu’au sud du pays. «L’extraction du sable a un impact environnemental qui s’illustre par la transformation du paysage. On a un paysage très chaotique. Les exploitants laissent toujours derrière eux de grands trous. Cette exploitation cause la transformation du paysage et la parution de reliefs entaillés ou des rechanges qui représentent complétement la défiguration du paysage naturel. Dans la zone de Kénitra et jusqu’au nord, au lieu de trouver des dunes naturelles, on remarque d’énormes carrières qui atteignent 30 à 40 m. Ce qui change complétement l’esthétique du paysage», indique Hassan Chouaouta, président de l’Association marocaine des experts en gestion des déchets municipaux (AMEDE).

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L’exploitation des sables n’est toujours pas légalisée

L’exploitation des sables provoque d’importants dégâts écologiques. Cette pratique est rentable pour d’autres, mais rapporte peu à l’Etat, à cause de l’informel. «La consommation annuelle du sable est de 20 millions de m3. Une étude réalisée au Maroc a révélé que 40% de la consommation du sable de la part du BTP vient de l’informel. C’est en fait de la concurrence déloyale. Parce que l’Etat demande aux sociétés d’exploitation du sable d’investir au niveau des équipements nécessaires pour une exploitation rationnelle dans les carrières. Le coût de revient de l’extraction d’une tonne de sable est de 65 DH. Par contre et juste à côté, les opérateurs de l’informel vendent la tonne à 15 DH, soit le m3 maximum. Ce qu’il se passe aussi, c’est que l’Etat perd. Les collectivités locales n’imposent pas de taxe sur ce sable extrait. Le ministère de l’Equipement et du Transport avait estimé un manque à gagner de 117 millions de DH, soit plus de 1 milliard de DH de taxes que l’Etat perd à cause de l’informel», explique Hassan Chouaouta.
Le gouvernement a promulgué en 2002 la loi 08-01 relative à l’exploitation des carrières. Mais son décret d’application n’est toujours pas mis en application. Il y a eu également une circulaire du Premier ministre en juin 2010. Celle-ci stipule que les demandes d’exploitation des carrières de sable doivent être traitées par les services du ministère de l’Equipement et du Transport qui examinent les dossiers, avant d’attribuer les autorisations préalables sur la base d’un cahier des charges. Cette circulaire prévoit aussi la rationalisation des carrières de sable, ainsi que la mise en place d’outils de contrôle et de suivi des activités des exploitants de carrières. «La circulaire du premier ministre n’est pas respectée. En tant qu’experts de l’environnement et en tant que citoyens, nous savons très bien que la loi 08-01, discutée depuis 3 ans, risque d’être retardée et cela à cause du lobbying. Il est des prérogatives du chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, de retirer la circulaire de 2010 et d’en proposer une nouvelle pour mettre fin au chaos existant, suite à l’extraction des sables de nos plages», souligne Chouaouta.

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Comment sauver l’environnement des plages?

L’exploitation du sable du Sahara reviendra trop chère aux exploitants, car il faudrait parcourir 1.500 km pour ramener une tonne de sable. Donc, une solution comme celle-là est à écarter. Mais il y a d’autres alternatives pour remédier à la situation. C’est ce qu’on appelle le sable de concassage qui est simple et fin, en remplacement du sable des plages. Il y a une étude qui a été faite par le ministère de l’Equipement et du Transport. Elle a estimé que le stock potentiel du sable de concassage est de 250 millions de m3, ce qui représente la consommation pendant une longue période. C’est une alternative pour réduire la pression sur le sable de la zone côtière. C’est à Larache, Azila, Kénitra, El Jadida… qu’on voit très bien les grandes carrières. Mais pour ce faire, il faut des investissements coûteux, qu’il s’agisse de concasseurs ou d’autres équipements. Toutefois, il faut avant tout que l’Etat fasse face à l’informel et qu’il adopte la loi sur l’exploitation des carrières, estime le président de l’Association marocaine des experts en gestion des déchets municipaux (AMEDE). «A l’étranger, il faut faire une étude technique d’exploitation et élaborer un plan topographique pour que l’Etat accorde une autorisation. Une fois l’autorisation accordée, les visites pour contrôler les carrières se font de façon inopinée. Et à la fin de l’exploitation d’une carrière, l’exploitant doit obligatoirement réhabiliter le lieu en essayant d’intégrer cette carrière dans son paysage naturel à travers la plantation d’arbres. Mais il y a également d’autres solutions. Les déchets de démolition peuvent servir à reboucher, au moins, ces carrières; une manière de remodeler ces terrains», informe Hassan Chouaouta.

Badia Dref

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