Etats-Unis | Six raisons pour lesquelles Donald Trump pourrait être réélu

Etats-Unis Six raisons pour lesquelles Donald Trump pourrait être réélu

Le 3 novembre prochain se tiendront les élections présidentielles américaines qui permettront de réélire (ou non) le très controversé Donald Trump. Pourtant, à J-2 du grand jour, l’actuel président continue de diviser.

Cible d’une tentative de destitution (non aboutie) l’année même des élections, subissant de plein fouet les effets de la crise sanitaire qu’il n’avait pas pris au sérieux, avant d’être lui-même testé positif, et affaibli par les manifestations monstres et émeutes contre les violences policières raciales qui avaient secoué le pays, Donald Trump est donné outsider dans la course à sa propre réélection. Pourtant, plusieurs éléments portent à croire que les urnes pourront bien apporter une mauvaise surprise aux démocrates, officiellement ralliés derrière Joe Biden. Voici pourquoi.

ATYPIQUE ET AUDACIEUX

Connu et critiqué pour son côté antipathique et sa personnalité hors du commun, Donald Trump est pointé du doigt par plusieurs experts pour son « incompétence » et son amateurisme sur le plan politique, géopolitique et diplomatique. Pour Tanguy S. de Swielande, professeur de relations internationales à l’Université Catholique de Louvain : « Cela fait quatre ans que l’on observe un président qui ne s’informe pas, qui s’appuie surtout sur ce qu’il pense lui, sans consulter ses conseillers et sans se documenter (…) Trump agit encore comme si c’était son premier jour de présidence ». D’ailleurs, son ex-conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, n’a pas hésité à compiler ses sorties grotesques dans son ouvrage intitulé « The room where it happened » publié en juin dernier. Ainsi, il raconte entre autres, comment Trump a demandé à son chef de cabinet si la Finlande faisait partie de la Russie. Si ces maladresses peuvent paraître rédhibitoires, il jouit en réalité d’une réputation de dirigeant spontané et authentique, qui se démarque de tous ses prédécesseurs et de ses homologues. Ses électeurs y voient une personne au discours franc, sans filtre et donc sans langue de bois qui n’a pas peur du politiquement incorrect, y compris lorsqu’il s’agit d’attaquer son rival chinois ou le patron de l’OMS à travers des sorties virales, ou sur Twitter. Il n’hésite pas également à sortir les grands moyens et à sanctionner des États ou des organisations, « pour le bien de sa population », lorsque tout ne se passe pas comme il le souhaite. Par ailleurs, sa technique de communication particulière peut aussi s’avérer gagnante. En extrapolant les faits : « un bilan incroyable », la réforme « la plus importante de l’histoire », une qualité de l’air « plus propre que jamais », les potentiels électeurs pourraient effectivement penser que son mandat a été « extraordinaire » et le réélire.

L’ARGUMENT ÉCONOMIQUE

Le bilan de la pandémie aux États-Unis est l’un des plus chaotiques au monde, tant sur le plan humain, avec près de 200.000 décès, qu’économique avec une contraction de près de 33% du PIB au deuxième trimestre. Pourtant, il convient de se rappeler que l’économie du pays, qui était l’argument choc de sa campagne électorale, connaissait un véritable boom avant la crise sanitaire. Un bilan « incroyable » déclarait-il lors de son discours sur l’état de l’Union en début d’année, où il a « brisé la mentalité du déclin américain », une idée très marquée depuis la crise de 2008. Selon le site de la Maison-Blanche, 4 millions d’emplois auraient été créés depuis les dernières élections et l’économie aurait connu une croissance de 4,2% du PIB avant la crise sanitaire. S’il est vrai que l’administration Obama lui a permis d’hériter d’une économie favorable, la tâche de maintenir cette expansion n’était pas chose aisée puisqu’un an auparavant la croissance du PIB était de +1,2% seulement. Des chiffres qui ont par ailleurs, permis de stimuler la confiance des investisseurs et de placer la bourse à un niveau historique début 2020. Quant au taux de chômage, les chiffres sont également sans appel, passant de 4,7% à 3,7% en 2019. Enfin, si les analystes estiment que la crise sanitaire a rebattu les cartes, force est de rappeler que Trump n’a pas hésité à écourter la période de confinement pour sauver l’économie du pays, et à prévoir un plan de relance historique de près de 1.000 milliards de dollars. Celui-ci a permis de rassurer le marché et d’octroyer des aides aux ménages les plus touchés : 1.200 dollars par personne, 2.400 dollars pour les couples mariés et 500 dollars par enfants, pour les foyers éligibles.

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FAUT-IL SE FIER AUX SONDAGES ?

Si l’on en croit les sondages et les meetings, Trump est loin de faire l’unanimité pour un second mandat et se ferait devancer de plusieurs points par son adversaire, Joe Biden. De son meeting à Tulsa qui a tourné au fiasco aux sondages de l’Institut Gallup, sa cote aurait dégringolé en l’espace de quelques mois. Entre la mi-mai et fin juin, 38% d’Américains seulement se disaient satisfaits du président. Néanmoins, ce chiffre est tout de même passé à 42% en août pour atteindre 46% fin octobre. De plus, ne faut-il pas rappeler que les sondages n’ont pas toujours été gage de fiabilité aux États-Unis ? En effet, Trump a déjoué tous les pronostics qui donnaient Hilary Clinton en tête lors des dernières élections présidentielles de 2016. Du déjà vu dans l’histoire des États-Unis, lorsque Richard Nixon ou encore Ronald Reagan, peu populaires dans les sondages se sont fait élire.

UNE POLITIQUE VERSATILE

Trump a été élu sur ses promesses de campagne qui n’ont pas toujours fait l’unanimité ou qu’il n’a pas toujours tenues. Mais sa capacité à changer de cap pour s’adapter à ses potentiels électeurs peut changer la donne. Après un échec sur le plan économique durant la pandémie, il n’a pas hésité à passer à un discours pro-valeurs nationales, en exploitant les peurs des Américains, notamment sur l’immigration et à jouer sur l’aspect sécuritaire. Ainsi, durant les manifestations « Black Lives Matter », en accusant les manifestants d’attiser la haine, il a réussi à séduire davantage les électeurs blancs, convaincus que Trump est là pour remettre de l’ordre et les protéger de cette « zizanie ». En effet, l’argument « immigration » lui réussit à tous les coups, notamment auprès de l’Amérique profonde et des Américains les moins éduqués, qui pensent que les personnes issues de l’immigration représentent un danger sur le plan professionnel, social ou encore des allocations. Selon une étude publiée par l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI), intitulée « Trump et l’électorat populaire blanc », les personnes non diplômées de la classe ouvrière « considèrent à 62% que l’immigration est un fardeau pour le pays, car elle occupe des emplois, consomme de l’assurance maladie, etc., tandis qu’une courte majorité des Blancs diplômés la juge toujours comme une chance ». Ainsi, il fait de l’immigration la clé de son discours de rejet, « proposant notamment la construction d’un mur sur la frontière entre les États-Unis et le Mexique, et l’expulsion de tous les immigrés illégaux ». Dans cette étude, l’auteur ajoute qu’une autre classification géographique et économique lors des primaires républicaines confirme son succès auprès des Blancs à statut socio-économique inférieur. Mais quand bien même Trump est hostile à l’immigration, il existe un pourcentage, bien que minime, parmi la communauté hispanique et noire, qui vote en sa faveur. Ainsi, en 2016, il a obtenu 29% du vote hispanique au niveau national.

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AMERICA FIRST ?

Nul ne doute que Trump a fragilisé le soft-power et le leadership américain à travers ses prises de position et ses décisions inattendues. En défiant le multilatéralisme et en quittant les instances internationales, Trump véhicule une image peu attractive des États-Unis. Il n’hésite pas entrer en conflit avec d’autres puissances et à engager des guerres commerciales qui peuvent facilement dégénérer, bien qu’il ait promis lors de sa précédente campagne de ne déclencher aucune guerre inutile. Mais que faire de la Chine, notamment lorsqu’une majeure partie des Américains y est hostile, ou encore de l’Iran, tant que les intérêts des Américains sont préservés ? Ainsi, pour ces derniers, ce qui compte le plus est de briller sur le plan technologique et d’être protégés de l’espionnage. De la même façon, Trump n’a pas hésité à quitter l’OMS ou encore l’accord de Paris pour faire comme la Chine et l’Inde, et ne pas être pénalisé par une perte d’emplois. Enfin, non seulement le budget défense n’a cessé de grimper depuis le début de son mandat, sans quoi estime-t-il, il ne serait jamais parvenu à combattre le chef de Daesh, mais il bénéficie également d’un soutien inconditionnel de la NRA, le puissant Lobby des fabricants d’armes. Auparavant opposé au port d’armes, Trump a pris un virage à 180° depuis qu’il a décidé de supporter l’organisation. « Je ne vous laisserai jamais tomber. Je suis membre de la NRA. Mes enfants sont membres de la NRA. Ils ont tellement de pistolets à la maison, ça commence à m’inquiéter. » Avec ses plus de six millions de membres et un budget annuel de près de 250 millions de dollars, l’organisation aurait versé 30 millions de dollars à la campagne de Trump en 2016.

SON ADVERSAIRE

Discret, Joe Biden bénéficie du soutien du couple Obama, mais aussi de plusieurs personnalités influentes. Un ex-gouverneur de l’Ohio le décrit d’ailleurs comme étant « un homme de foi, sage et respectable ». Jugé moins clivant qu’Hilary Clinton en 2016, il a fait le choix pertinent de choisir, Kamala Harris, femme noire, comme Colistière. D’origine jamaïcaine et indienne, celle-ci peut lui permettre de rallier les minorités noires, qui représentent tout de même près de 13% de la population. Mais c’est sans compter sur son passé sulfureux, durant lequel plusieurs de ses déclarations ont suscité la polémique. En 2019, il a été vivement critiqué après avoir évoqué des échanges « courtois » avec deux sénateurs favorables à la ségrégation raciale. « Les relations du vice-président Biden avec des ségrégationnistes fiers de l’être ne sont pas un modèle pour faire de l’Amérique un endroit plus sûr et plus inclusif pour les Noirs, et pour tous », déclarait Cory Booker, sénateur noir du New Jersey. « Cela m’inquiète profondément », avait également confié son actuelle Colistière Kamala  Harris. Plus récemment, le candidat a fait une nouvelle sortie polémique : « Si vous avez un problème pour décider si vous êtes pour moi ou pour Trump, alors vous n’êtes pas Noir ». Joe Biden a dû présenter ses excuses peu de temps après. Des incidents que Trump a su exploiter en accusant aussitôt son adversaire de racisme.

Près de 80 millions d’Américains ont déjà voté dans le cadre du vote anticipé, une méthode qui pourrait certes, selon les experts, favoriser la victoire du camp des démocrates, néanmoins d’importantes cartes sont détenues par 10 Etats cruciaux comme la Pennsylvanie, la Floride, l’Ohio, ou encore la Caroline du Nord. Le suspens est à son comble, verdict dans quelques heures.

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