Algérie : La force du peuple face aux ruses du pouvoir

 

Le bras de fer se poursuit… en Algérie

Algérie : La force du peuple face aux ruses du pouvoir

En Algérie, le pouvoir n’accorde aucune importance aux revendications de la population. Le discours prononcé tout récemment par le chef d’Etat par intérim en est la preuve. 

Retransmis le 5 mai 2019 par la télévision publique, le discours de Abdelkader Bensalah n’a rien apporté de nouveau. Pire, cette allocution n’a fait que renforcer cette conviction qu’il n’y a plus rien à espérer d’un régime enfermé dans sa tour d’ivoire et complètement déconnecté de la réalité, des changements et de la dynamique populaire pour le changement qui anime la société algérienne depuis presque trois mois.

La bêtise du régime est infinie 

Dans son discours, Abdelkader Bensalah a fait savoir que l’Etat tient au respect de son agenda annoncé au lendemain de la démission de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika. Il a affirmé, en outre, que la présidentielle algérienne aura bien lieu le 4 juillet 2019. «Un dialogue  intelligent, constructif, de bonne foi reste, en effet, l’unique moyen pour construire un consensus fécond, le plus large possible, de nature à permettre la réunion des conditions appropriées pour l’organisation, dans les délais convenus, de l’élection présidentielle, seule à même de permettre au pays de sortir définitivement et durablement de l’instabilité politique et institutionnelle», a précisé Bensalah dans son discours. Il a ajouté: «Un président de la République, issu d’une élection incontestable, aura, en effet, toute la légitimité nécessaire et toutes les prérogatives requises pour concrétiser l’aspiration profonde au changement et satisfaire l’ensemble des revendications populaires légitimes». Par ailleurs, le président par intérim, après avoir salué ce qu’il a considéré comme rôle important de l’armée, a évoqué les arrestations qui ont touché récemment des hommes d’affaires et d’anciens responsables. «Au cœur des revendications populaires, la lutte contre la corruption et la dilapidation des deniers publics a ainsi connu une accélération qui laisse entrevoir une prise en main déterminée par la Justice des dossiers qui ont défrayé la chronique, mais aussi et surtout une action méthodique, inscrite dans la durée et induisant un impact salutaire sur l’économie nationale», a-t-il dit.

Le peuple conscient du jeu de dupes du régime 

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Sur les réseaux sociaux, la réaction des Algériens a été prompte, qualifiant le discours du président provisoire, Abdelkader Bensalah, de fuite en avant. Selon les mêmes commentaires, le pouvoir algérien se trompe s’il croit qu’en procédant à l’arrestation de quelques figures de l’ancien régime ou en promettant une élection présidentielle transparente, le peuple va renoncer à manifester dans les rues algériennes. Aujourd’hui, la conviction quasi générale en Algérie est qu’aucun changement n’est possible dans le pays sans le départ de tous les symboles du régime. Comment convaincre le peuple d’aller voter pour des figures anciennes largement refusées? Comment faire confiance à Bensalah et Bedoui, figures emblématiques du règne des Bouteflika? Tant de questions et d’autres que continuent de se poser la population algérienne qui, depuis plus de deux mois, clame un changement radical du système de gouvernance dans le pays. Pour les connaisseurs des arcanes du pouvoir algérien, le jeu du régime est clair. Selon eux, c’est le chef de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, qui tire les ficelles dans le pays, après avoir écarté tous ceux qui auraient pu se mettre au travers de son chemin. Cette analyse est partagée par un grand nombre de spécialistes des questions algériennes qui pensent que Salah sait pertinemment qu’il ne jouit d’aucun capital sympathie auprès du peuple, pour prétendre au poste de président de la République. Pour contourner ce problème, le numéro un de l’armée est à la recherche d’une personnalité charismatique, «propre» au sens figuré du terme, mais surtout malléable et docile vis-à-vis des véritables donneurs d’ordres en Algérie, à savoir les militaires. Dans le contexte et le climat actuels du pays, il est quasi impossible de trouver une personnalité publique en laquelle le peuple peut avoir confiance. Ce qui complique encore plus la situation, c’est que le scrutin présidentiel que le régime s’entête à organiser le 4 juillet 2019 est irréalisable. Rappelons dans ce sens que les magistrats et les maires ont clairement annoncé qu’ils n’allaient pas superviser ce rendez-vous que les Algériens veulent démocratique et réellement transparent. Aussi, la dernière réunion de concertation à l’appel de la présidence algérienne a-t-elle été un fiasco. Non seulement cette rencontre a été boycottée par la majorité des partis et des figures politiques dans le pays, mais elle a également été marquée par l’absence de son initiateur, le président Abdelkader Bensalah lui-même.

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Et maintiennent, la pression jusqu’au bout!

Ces développements interviennent pendant que les manifestants continuent de croire et de s’accrocher à un seul et unique espoir, celui du départ de toutes les composantes du régime de Abdelaziz Bouteflika, sans exception. Dans ce cadre, les protestataires sont massivement descendus, vendredi 3 mai 2019, dans les principales artères de la capitale algérienne. Munis de drapeaux algériens, ils ont une nouvelle fois rejeté l’élection présidentielle programmée pour le 4 juillet. Car, pour les manifestants, les conditions ne sont pas réunies pour garantir la transparence d’un rendez-vous politique aussi décisif et dont dépendra l’avenir de tout le pays. «Nous refusons ce système. Il faut qu’il parte». «Ce gouvernement ne peut pas assurer la transition»…, pouvait-on lire sur des pancartes brandies par les manifestants.

Aujourd’hui, il est clair qu’aucun dialogue n’est possible avec Abdelkader Bensalah, ni avec Noureddine Bedoui, ni encore avec les personnes qui ont été responsables de la situation actuelle, à leur tête le chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah. Dans ce contexte, l’opposition algérienne demeure convaincue que le régime veut «gagner du temps», ni plus, ni moins.

Mohcine Lourhzal

Une détermination à toute épreuve  

Tandis que le régime mise gros sur l’essoufflement de la mobilisation populaire qui secoue toutes les villes et localités algériennes, depuis le 22 février 2019, les manifestants, eux, promettent de poursuivre leur élan jusqu’au bout, malgré le Ramadan et la fatigue physique qui accompagne ce mois sacré. «On continuera de marcher durant le Ramadan, pour exiger une période de transition avec des personnes propres. On ne va rien lâcher», assurent de nombreux manifestants. Pour éviter la fatigue, la faim et la soif de la journée, ils proposent d’organiser, pendant le Ramadan, les marches de protestations le soir, après la rupture du jeûne.

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