Angela Merkel : Une chancelière en hiver

Angela Merkel : Une chancelière en hiver

Il n’y a pas si longtemps, elle était désignée comme la femme la plus puissante du monde. On la jugeait inoxydable. C’en est fini de ces temps-là…

L’Allemagne de Merkel faisait la loi en Europe: elle était le symbole de l’euro fort comme le mark, de la prospérité économique et de la rigueur budgétaire. La chancelière donnait des leçons, quitte à humilier les Grecs et les Espagnols. Elle imposait des cures de rigueur et d’austérité aux mauvais élèves de l’Europe.

Aujourd’hui, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Affaiblie et, pour certains, même en sursis, sa grande coalition avec la gauche sociale démocrate est sur le fil; elle est malmenée par son alliée de droite et bavaroise de la CSU et même au sein de la CDU, son propre parti. On voit pointer des impatiences pour une relève.

Pire que tout, dans l’Allemagne  démocratique et repentante de Merkel, une extrême droite populiste et parfois radicale, avec des  références pas éloignées du national socialisme, est revenue en force.

Mais quand la machine s’est-elle déréglée et pourquoi?

Voilà qui est étudié de très près par toutes les capitales européennes. Merkel  a été victime d’une générosité considérée, par une large partie de l’opinion, comme du laxisme. Son ouverture de l’Allemagne à un million de migrants et de réfugiés, célébrée par tous les dirigeants du monde ou presque, a marqué la fin de sa popularité en Allemagne même. La vague populiste montre qu’il n’y en a pas qu’en Allemagne et le durcissement vis-à-vis des migrants de nombreux pays européens est la conséquence du syndrome Merkel.

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La question n’est plus «Merkel peut-elle être remplacée?», mais «quand et par qui?».

La perte de son homme de confiance à la présidence du groupe parlementaire est lourde de conséquences pour la chancelière Angela Merkel. La guerre de succession est désormais déclarée. Cette fois, la question de l’après-Merkel n’est plus pudiquement reléguée dans les profondeurs de l’ordre du jour. Elle occupe la première position, en toutes lettres: qui la remplacera et quand? De cette question dépendent le destin de la CDU [le parti de la chancelière] et celui de l’Allemagne, dont cette femme a présidé aux destinées si longtemps.

«Qu’est-ce qui a propulsé Ralph Brinkhaus à la tête du groupe parlementaire des deux partis conservateurs CDU-CSU au Bundestag?», se demande la Frankfurter Rundschau. «Son expertise politique?» Non, répond le journal pour qui ce n’est pas suffisant pour l’expliquer. 

Personne ne croyait que les parlementaires de l’union CDU-CSU accorderaient leur préférence à ce conseiller fiscal expert en matière financière. Non seulement ce choix est une énorme surprise, mais il permet surtout de mesurer l’ampleur du mécontentement dans les rangs de la CDU, le propre parti d’Angela Merkel et de la CSU, sa petite sœur bavaroise.

Pour le quotidien de Francfort, si Brinkhaus a bien battu l’homme de confiance de Merkel, Volker Kauder, c’est parce qu’il ne s’est pas présenté comme l’opposant numéro un de la  chancelière, mais aussi parce que son programme, critique peut être, décrit en quelques mots: «Cela ne peut pas continuer comme ça», a fait remarquer la Frankfurter Rundschau.

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Pour die Welt, Angela Merkel est à sa fin.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung a fait, elle aussi, la même observation. Pour ce quotidien, l’autorité d’Angela Merkel s’effrite une fois qu’elle s’approche de la fin. En Amérique, cela s’appelle le phénomène du canard boiteux, conclut le journal.

A Berlin, on n’hésite pas à parler d’un «démontage en règle». Ça ne peut plus continuer comme ça, ont signifié les députés conservateurs qui reprochent à la chancelière de prendre de plus en plus souvent des décisions sans les consulter -comme celle de laisser entrer des dizaines de milliers de réfugiés en Allemagne, il y a trois ans-. Certains n’hésitent pas à demander l’organisation de nouvelles élections. Angela Merkel a fait savoir qu’elle ne voyait aucunement la nécessité d’un vote de confiance au Parlement.

La GroKo, la grande coalition CDU-CSU-SPD au pouvoir à Berlin, est en crise permanente depuis sa formation. Dernière en date: le limogeage, la nomination à un poste, puis à un autre de Hans-Georg Maassen, le chef des renseignements allemands, soupçonné de sympathies avec l’extrême droite. Le spectacle désolant qu’offre la GroKo profite aux partis d’opposition, les Verts d’un côté, les populistes de l’AFD de l’autre.

Les Allemands, sincèrement effrayés par la montée de l’AFD, en sont à en rendre responsable la chancelière. «Elle a fait entrer le loup nationaliste dans la bergerie démocratique».

Patrice  Zehr

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