Casablanca comme Barcelone, mais comment?

Casablanca maroc 2013

Que se passe-t-il à Casablanca? Jusqu’à présent, pas grand-chose de probant… Il faut dire qu’il faut du temps pour que «Dar El Beïda» puisse retrouver sa «blancheur», maculée depuis un certain temps par bien des agissements et des décisions qui vont à l’encontre de son réel développement.

Ce n’est bien entendu que depuis le discours royal du 11 octobre dernier, où le Souverain a pointé du doigt tous les maux qui gangrènent la ville, à l’occasion de l’ouverture de la session automnale du parlement, que certaines choses ont commencé à changer. Le coup de semonce royal, suivi de la nomination d’un nouveau wali et la tenue, comme par enchantement, d’une session du conseil de la ville, qui coinçait depuis deux ans, ont laissé comprendre que Casablanca tient absolument à changer de peau pour être à la hauteur des aspirations de ceux qui y vivent et surtout de la sollicitude particulière dont le Souverain entoure la capitale économique du Royaume.

Une métropole où il fait bon vivre

En effet, Khalid Safir, nouveau wali de la région, arrive avec une vision stratégique de développement du Grand Casablanca. Celle-ci vise à en faire une métropole équilibrée, propre, attractive, agréable et où il fait bon vivre. Cette vision stratégique qui est inspirée notamment des «facteurs clés du succès d’une démarche de changement», est basée sur une démarche stratégique qui élabore les solutions, définit les moyens, exécute les projets, consolide les changements et diagnostique autant qu’elle fixe les objectifs.
Elle suit aussi une démarche d’élaboration du plan d’action stratégique, inspirée d’expériences internationales, telle l’expérience de Barcelone, Bilbao, ou encore du Québec.

La mobilisation de tous les intervenants

Conscient que la tâche n’est pas celle d’un seul homme: le wali, Khalid Safir préconise, pour faire sortir le Grand Casablanca de son état critique et de son déficit de gouvernance, la mobilisation de tous les décideurs et l’implication des acteurs responsables. Notamment, les arrondissements, les communes, les parlementaires, les acteurs politiques et syndicaux, le secteur privé et la société civile pour travailler sur les problèmes de résorption de l’habitat insalubre, de lutte contre la dégradation de l’environnement, de la disparité sociale et du sentiment d’insécurité, du chômage, de la prolifération du commerce informel et des marchands ambulants, des difficultés du transport et de la circulation, ainsi que du problème de stationnement… Entre autres.

Et on passe à l’action

Les rencontres du wali avec des élus, opérateurs économiques et acteurs de la presse, pour leur exposer la méthodologie de travail adoptée en vue de définir la vision stratégique pour le développement du Grand Casablanca, montre qu’il s’agit d’une approche qui vise à mettre tout le monde à contribution, et à définir le rôle de chacun des acteurs dans l’atteinte de l’objectif. En réunissant tous ces opérateurs, Safir cherchait à définir les atouts, les défis et les enjeux auxquels doit faire face la capitale économique. C’est à partir de là que la vision stratégique sera définie et traduite en plans d’action.
Reste seulement à espérer que les guerres politiciennes n’entraveront pas la démarche entamée.
Le wali reste cependant convaincu et c’est déjà encourageant, que «le renouveau ne peut venir que de la mobilisation de toutes les potentialités, de tous les acteurs». D’où il compte appliquer cette vision participative. Ceci laisse comprendre que ses rencontres avec les différents intervenants n’avaient pas un caractère formel et ce ne sont pas non plus des visites de courtoisie. Elles répondent à un vrai besoin, celui de mobiliser tous les Casablancais pour sortir la ville de l’ornière où elle se trouve. Dans cette configuration, le wali joue le rôle de chef d’orchestre, d’animateur. C’est ce que laisse entrevoir sa démarche et c’est la bonne approche.

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Au suivant!

Mohamed Sajid, président du Conseil de la ville, semble sortir de la crise d’immobilité qui frappait son Conseil. Il insiste aujourd’hui sur le fait de passer à la vitesse maximale pour la mise en œuvre des orientations contenues dans le discours royal du 11 octobre pour faire sortir la métropole de son état critique et résoudre le problème de l’habitat insalubre notamment, ainsi que le fardeau du transport et de la circulation… Des problèmes qui ont tellement trainé qu’ils ont pu s’ancrer comme habitudes chez les Casablancais… Où étions-nous? Bref, l’essentiel c’est qu’on se soit enfin décidé à passer à l’action et c’est déjà ça !
Pour Mohamed Chafik Benkirane, président du Conseil de la région du Grand Casablanca, il y a lieu aujourd’hui de trouver les moyens propices pour venir à bout des défaillances dont souffre la région. Les problèmes de la région du Grand Casablanca sont le résultat d’un déséquilibre entre la capitale économique et sa périphérie. Le Conseil de la région a attaqué en premier lieu tout ce qui est aménagement des pénétrantes de la métropole avec l’objectif d’assurer la jonction entre la ville et les pôles urbains situés dans les zones périphériques, notamment la ville de Mohammedia, Nouaceur et Médiouna… Résultat… !
Mais l’intention est encore là, quoique ce ne soit pas avec de bonnes intentions seulement qu’on va changer «Casablanca». Le président du Conseil de la région relève qu’il faut œuvrer davantage pour la réalisation de plus de projets d’aménagement de terrains de sport, de complexes culturels et d’espaces verts dans cette région digne d’être la locomotive de développement économique et le pôle financier international.

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Tout cela pour 1 MMDH

La vision stratégique de développement de la région du Grand Casablanca suit ainsi une démarche d’élaboration du plan d’action stratégique inspirée d’expériences internationales, telle l’expérience de Barcelone ou encore celle du Québec. La mise en œuvre de ce plan nécessitera un financement spécifique certes, mais il paraît qu’il n’y a pas de souci à se faire là-dessus puisque, selon des sources de la Wilaya, le Ministère de l’Intérieur va réserver 1 MMDH pour alimenter le projet d’urgence de la capitale économique.

Et le temps?

Il y a près de dix ans, on parlait déjà à Casablanca d’une stratégie de développement, avec cette option du choix du modèle de «Barcelone» ou de celui de «Calcutta». On parlait de résoudre les problèmes de l’habitat insalubre, du transport et de la circulation, un certain Plan de déplacement urbain (PDU) qui n’a jamais vu le jour… On parlait d’harmonisation urbanistique, d’aménagement, de lutte contre la dégradation de l’environnement, de disparité sociale, du chômage, de prolifération du commerce informel et des marchands ambulants… On parlait de projets structurant pour Casablanca… Mais il ne s’agissait que de projets qui s’étalaient sur le long et le moyen terme… Rien pour le court… Alors que Casablanca et les Casablancais étaient à court de temps… Ils ne pouvaient plus attendre au vu de leur «chère» «Dar El Beïda», tomber en ruines sous leur regard… On entama bien des actions, court terme, pour faire en sorte que les choses commencent à bouger… Tout a commencé par une vaste opération de récupération des espaces publics squattés et exploités illégalement, par un «brin» d’harmonisation urbanistique et une réponse aux attentes des citoyens face au grand problème du transport public avec le RER, baptisé alors «Al Bidaoui»… (À l’époque, le tram n’existait pas encore, seule circulait l’idée de doter Casablanca d’un métro !)… Dix ans plus tard, Casablanca est presque dix fois plus dégradée, les mêmes problèmes sont encore là. On se mobilise autour d’une vision qui répond à une bonne démarche. L’approche du wali est là et c’est la bonne. L’argent serait aussi là, mais combien de temps devra-t-on encore attendre, pour voir se réaliser de vraies actions? Espérons que ça ne prendra pas dix autres années.

Hamid Dades

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