Malbouffe : La Junk Food, à la marocaine

Junk food maroc

Elle a commencé avec les sandwichs à la médina, les grillades et charrettes vendant des escargots et s’est poursuivie avec les grands noms du Fast Food. S’en sont suivis les Food-Trucks…
La malbouffe a changé nos habitudes alimentaires au point où nous en consommons au moins une fois par semaine, si ce n’est tous les jours. Pourquoi raffolons-nous de ces plats préparés? Et quelle est la Junk Food préférée des Marocains?

Une odeur de cuisson, peut-être de la viande hachée, nous amène à un snack fréquenté par une majorité d’étudiants fauchés. Le service commence dès midi et ne prend fin que vers 17 heures où le rythme effréné de la «pause déj» laisse place à une désinvolture -sans doute causée par la fatigue- de la part des serveurs. Ici, si l’on arrive à se faire servir, on peut choisir entre les sandwichs ou les paninis, omelettes ou Bocadillos, accompagnés de frites bien grasses au goût de friture de poisson. Les prix y sont moins chers par rapport au concurrent d’à côté qui, lui, mise sur un service à table et un chouia sur la présentation. «Ici, les Bocadillos et les frites te font choper des pustules en moins de deux minutes, tellement c’est gras. Mais c’est bon», se moque un jeune homme. Tellement bon que la mayonnaise, faite «maison» à partir d’huile de friture réutilisée jusqu’à n’en plus finir, est le condiment qui a fait le succès de ce snack. «Eh, toi! Rajoute-moi de la mayonnaise!», peut-on entendre à chaque fois que le caissier essaye de chipoter sur les «sachets de mayo».

La passion de la Junk Food

Dans la médina de Rabat, il existe un tas d’endroits pour manger. Ça va des têtes de veaux exposées sur les étalages, aux beignets de pommes de terre frits (Ma’akouda) à la sauce pimentée (Harissa), en passant par les saucisses fumées que n’osent engloutir que les estomacs les plus costauds ou les malheureux aux budgets restreints.
Un groupe de jeunes filles a fait le déplacement de l’autre bout de la ville pour venir manger un sandwich de Ma’akouda à la Harrissa après leurs cours. «Il faut que l’on vienne au moins une ou deux fois par semaine ici pour manger ça», dit l’une d’elles entre deux bouchées.
«Quand on ne prend pas ça, il nous arrive d’acheter des galettes à la graisse et un verre de thé, ou des churros au sucre, ou encore des mini-pastillas. Il y a de tout ici et on a pris l’habitude de venir. C’est un passage obligé avant de rentrer à la maison. On y rencontre souvent les mêmes personnes», ajoute l’une des filles.
Comme elles, plusieurs clients défilent pour satisfaire leur besoin de Junk Food locale. Le marchand affirme que ses clients ne trouveront jamais le même goût ailleurs que chez lui, même pas chez eux. Fier, il nous raconte que certains de ses clients sont très riches, peuvent se permettre de manger dans les plus chers des restaurants et, malgré ça, ils adorent venir acheter ses sandwichs à lui.
Un peu plus loin, un marchand de «Traqued» a ses propres clients qui dévorent des légumes aigres-doux portés à la bouche avec les doigts. Chacun son dada, apparemment. «Manger tout le temps à la maison, ou des plats faits à la maison, ça n’a aucun sens, vu l’actuel rythme de vie. Il n’y a rien de mieux que de venir déguster des trucs improbables ici. Je ne saurais vous dire comment, mais le goût est différent», essaie d’expliquer cet homme aux lunettes rondes. «On ne trouvera jamais un truc comme ça chez nous», affirme-t-il.

Frites de patates douces

«Khanez ou bnine»

Nous faisons la rencontre de Youssef devant un Food Truck rouge tout décoré de hamburgers géants, de brochettes et de frites, de quoi mettre l’eau à la bouche des passants. Stationné juste à côté d’une benne à ordures, le Food Truck a néanmoins ses clients qui n’ont pas l’air d’être découragés par la puanteur ambiante à quelques mètres de là, à peine. Une file de jeunes garçons font la queue pour manger debout leur repas du soir: un sandwich à la viande hachée avec une couche de gras qu’il faut demander en supplément, tandis que d’autres, venus plus tôt, sont assis sur de tous petits bancs en plastique. On aurait dit qu’ils sont assis à même le sol. «J’ai appris à manger des Fast Food depuis mon plus jeune âge. Je me souviens qu’on se retrouvait dans la rue avec les voisins, on jouait un match de foot, ensuite nos parents nous donnaient 10 DH de temps en temps. On allait tous à la laiterie du coin pour du Raib et de la Harcha».
Au lieu de manger chez eux à l’heure du goûter, ils préféraient manger ensemble et se sentir comme des grands. Une habitude qui s’est développée avec le temps au point où Youssef ne mange presque plus chez lui aujourd’hui, à part quand il y est obligé, notamment les jours de fête de famille. «Je n’aime pas manger chez moi», dit-il. Il connaît tous les snacks de quartier et emplacements des Food Truck de sa ville. «Le meilleur, c’est celui de Boulahya. Pour 15 DH, tu as un sandwich à la dinde et un grand verre de jus d’avocat. Même les femmes qui n’ont pas envie de faire la cuisine viennent chez lui!».
Si certains ont la chance de manger en famille, d’autres, vivant loin de chez eux et n’ayant pas assez de moyens, n’ont guère d’autre choix que de se rabattre sur ce genre de Fast Food pour calmer leur faim. Pour relativiser, ils rigolent en disant: «L’benna fel khnez» (comprendre: c’est dans la saleté qu’il y a du goût). «J’ai bien conscience que je mange n’importe quoi ici, mais je suis trop fainéant pour faire la cuisine et puis, ça n’a pas le même goût», argue quant à lui Hamza, étudiant en master.

Frites de patates douces

Les 10 Junk Food préférées des Marocains

Si la Junk Food est un phénomène mondial, elle se prête néanmoins à certains changements d’un pays à l’autre. Elle peut même muter d’une culture à une autre, mais pas seulement… Parfois même au sein d’une même ville, en changeant de quartier, les habitudes et les tendances alimentaires changent. La Junk Food n’en demeure pas moins «commune» dans la perception d’une majorité, notamment lorsqu’il s’agit de hamburgers, de chips, de bonbons ou de hot dog… Cependant, nous avons tenté de connaître les exemples types de la malbouffe chez nous autres Marocains. Ainsi, nous avons posé la question à plusieurs personnes afin d’établir une liste (pas un classement) de la Junk Food made in Maroc et elle est comme suit:
1- Le sandwich de sardines frites à la Chermoula de la médina.
2- Les beignets de Ma’akouda toujours à la médina.
3- Chez l’épicier, le sandwich de «Siviana» (sardines en boîte) et la bouteille de Cola -dans certains quartiers, la bouteille a été changée par un verre- économique et écologique!
4- Le duo sandwich œufs durs-mortadelle et Raibi de la Mehlaba (laiterie) ou de l’épicier.
5- Le Méloui au fromage blanc et le verre de lait caillé (laiterie)
6- Le Raib aux fruits de saison et sirop de grenadine (laiterie)
7- La Harira complète (œuf durs, dattes et chebakia), uniquement en laiteries spécialisées en Harira…
8- Les escargots et leur sauce pimentée chez un marchand ambulant perdu dans un coin de rue.
9- Le poulet rôti et frites (rôtisserie)
10- Les Bocadillos. Notons que c’est une spécialité espagnole à l’origine et elle a muté au Maroc… A déguster dans un snack. Et puis, selon les saisons et les endroits, d’autres formes de Junk Food peuvent voir le jour. Citons les épis de maïs en période estivale, la Bissara en hiver, les beignets au sucre à la plage…
Rappelons quand même que la malbouffe, trop riche en graisses et en sucres, est source de maladies en tous genres. La plus connue n’est autre que l’obésité. Sans faire l’impasse sur le diabète, le cholestérol ou encore les troubles digestifs!
De plus, selon la revue Biological Psychiatry qui a publié une étude portant sur l’alimentation, un lien entre notre assiette et notre moral existerait vraisemblablement. Ainsi, une alimentation trop grasse favoriserait la dépression. C’est du moins ce que des chercheurs américains ont conclu.
D’autres récentes études publiées dans le Jama Pediatrics ont estimé, quant à elles, que la consommation quotidienne de Junk Food chez les enfants américains, champions en la matière, a connu une baisse importante ces dernières années, ce qui révèle le début d’une prise de conscience de la part des parents américains. Qu’en est-il du Maroc?

Yasmine Saih

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