Tajeddine Housseini, Professeur, relations internationales

«La légalité et le droit international ont prévalu»

Tajeddine Housseini, Professeur, relations internationales

La résolution 2351 du Conseil de sécurité des Nations Unies a appelé à reprendre le processus des négociations pour le règlement politique du conflit autour du Sahara. La proposition d’autonomie élargie, sous souveraineté marocaine, est également largement présentée par le CS comme étant crédible et réaliste. Faut-il pour autant se reposer sur ses lauriers? Tajeddine Housseini, professeur des relations internationales répond à cette question et à bien d’autres. 

Quelle analyse faites-vous de la résolution 2351 du Conseil de sécurité (CS) des Nations Unies, adoptée le 28 avril 2017 à New York?

La résolution du Conseil de sécurité est très équilibrée, dans le sens où elle constitue une contrainte de taille pour le front Polisario. Je rappelle un fait important qui montre à quel point les séparatistes ont été pris de panique lors de l’adoption de cette résolution. Les quelques éléments du Polisario qui étaient sur place à El Guergarate se sont retirés in extremis de cette zone, de peur d’être pointés du doigt par le Conseil de sécurité. Ce retrait a été effectué sur instructions de l’Algérie, ce qui montre le degré de servilité des séparatistes à leur appui algérien. Le Polisario avait peur de la condamnation par le Conseil de sécurité qui figurait dans la première version de la résolution rédigée par les Etats-Unis. Même dans la version révisée, le Conseil de sécurité ne cache pas son inquiétude vis-à-vis de la situation dans les camps de Tindouf et à El Guergarate, en appelant à plus d’implication régionale pour le règlement du dossier du Sahara.

La Russie aurait poussé  vers l’ajournement de la séance d’adoption de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara. Qu’en pensez-vous ?

La Russie a en effet été l’un des pays à avoir demandé aux Etats-Unis de faire en sorte que la résolution sur le Sahara ne soit pas adoptée comme prévu, le 27 avril 2017 et que cette opération soit ajournée de 24 heures. La raison à cela, c’est qu’il fallait attendre la confirmation par le Polisario de son retrait de la zone d’El Guergarate. En fin de compte, la légalité et le droit international ont prévalu  face à la défaillance du Polisario qui a plié, face à la détermination des membres du Conseil de sécurité et au sérieux du Maroc. C’est d’ailleurs ce qu’a clairement souligné le représentant permanent du Maroc à l’ONU, Omar Hilale.

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Le Conseil de sécurité n’est pas formé que de pays favorables au Maroc. De quelle manière doit-on finalement procéder avec les lobbies hostiles au Royaume dans les couloirs de l’ONU?

Au sein du Conseil de sécurité, on sait très bien qu’il y a des pays pro-Polisario, comme il existe des pays qui épousent la position marocaine pour le règlement de ce conflit. C’est tout à fait normal. Cela doit cependant nous pousser à agir avec plus de force, diplomatiquement parlant, pour tenter d’expliquer à ces pays le bien-fondé de la vision et de la proposition marocaines pour le règlement de ce conflit.

Le SG de l’ONU, Antonio Guterres, a-t-il joué un rôle dans le caractère plutôt favorable envers le Maroc de la résolution du Conseil de sécurité?

Dans sa résolution 2351, le CS de l’ONU a invité toutes les parties prenantes et l’ensemble des pays de la région à contribuer pour une solution politique du conflit autour du Sahara. On sait très bien que la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU s’est basée sur le dernier rapport du SG de l’ONU, Antonio Guterres. Lequel rapport a prévu une vision et une interprétation de l’auto-détermination contraires à ce que le Polisario véhiculait jusque-là. Selon Guterres, l’auto-détermination ne signifie en aucun cas referendum et ne remet pas en question la proposition de l’autonomie telle que proposée par le Royaume du Maroc. Proposition qualifiée, encore une fois, par le Conseil de sécurité de crédible et réaliste. Je pense qu’en adoptant sa nouvelle résolution sur le Sahara, le CS de l’ONU continue d’appuyer la proposition du Maroc vers une solution politique et consensuelle du conflit autour du Sahara, sur la base de l’autonomie des régions du sud sous souveraineté marocaine. En plus de cela, le fait que le CS ait refusé de confier à la Minurso la mission de contrôler le respect des droits de l’homme dans cette région est une nouvelle gifle pour le Polisario de Brahim Ghali et à l’Algérie.

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Crier victoire est-ce une attitude que vous préconisez?

Ce qui est clair, c’est que la résolution adoptée par le Conseil de sécurité sur le Sahara est restée dans son ensemble très équilibrée. Elle permet de préserver, pour le moment, le statu quo dans la région, en attendant de voir comment vont se dérouler les négociations entre les parties prenantes à ce dossier. Ce qui est rassurant, c’est que l’ONU est plus que jamais consciente de la solidité de la position marocaine dans le cadre d’une résolution pacifique et politique de ce conflit, dans le cadre de l’autonomie des régions du sud. Ce qui est d’autant plus clair, c’est que le Polisario est actuellement dans une très mauvaise posture. Le SG du Polisario doit se rendre à l’évidence et admettre que les manœuvres qui lui sont dictées par l’Algérie ne seront plus tolérées, étant donné la réalité sur le terrain et la nécessité, maintes fois réitérée par le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, de relancer le processus de négociation sur la base d’une nouvelle dynamique et avec un nouvel esprit, pour aboutir à une solution de ce conflit mutuellement acceptable. Quoi qu’il en soit, le Maroc doit rester constamment éveillé, tellement ses ennemis sont agressifs.

Propos recueillis par Mohcine Lourhzal

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