Des politiques qui font la grève ?!

Tant de bruit a précédé la grève générale qui devait être observée au Maroc, ce mercredi 29 octobre 2014, qu’il était difficile de ne pas s’y intéresser.
Pourtant, cela fait bien longtemps que les grèves auxquelles appellent de temps à autre tels ou tels syndicats ne mobilisent plus grand monde.
Pourquoi ? Pour la simple raison que les syndicats connaissent la même désaffection de la part de leurs militants et sympathisants que les partis politiques. C’est le mal du siècle. De plus en plus, l’individu se défend seul. Il peut mobiliser l’opinion publique par le biais des médias et réseaux sociaux beaucoup plus vite et plus efficacement que par le biais de sa centrale syndicale ou de son parti politique (si tant est qu’il en ait).
A la centrale syndicale et au parti politique, pour se mobiliser, il faut une cause commune.
Aux réseaux sociaux, il suffit d’un cas…

Et puis, il y a le fait que les grèves ne reposent pas toujours sur un argumentaire solide. Les syndicats s’éloignent trop souvent de la fonction syndicale (défendre les droits des travailleurs), pour se laisser glisser sur la pente de la politique politicienne.
Ce 29 octobre, ce ne sont pas moins de quatre centrales syndicales (UMT, CDT, UGTM et FDT) qui ont lancé le mot d’ordre de grève sur la base de deux motifs: l’absence de négociations avec le gouvernement qui est accusé de prendre ses décisions seul ; et le rejet du projet de réforme de la retraite que propose ce même gouvernement.
On peut d’ores et déjà avancer, sans crainte de se tromper, que le dialogue de sourds au sujet des négociations ne sera pas résolu par cette grève. Le gouvernement ne cesse de répéter que ce sont les syndicats qui ne veulent pas négocier quand ils sont invités à le faire, boycottant même les invitations au dialogue social. Et les syndicats continuent de rejeter les torts sur l’équipe Benkirane.
Pour ce qui est de la retraite, là aussi: dialogue de sourds !
Pour le gouvernement, la réforme est incontournable. Les voyants sont au rouge. La CMR (Caisse de retraite du secteur public) commence cette année à puiser dans ses réserves et si rien n’est fait, après 2020, il n’y aura plus un seul centime dans ses caisses. Dans les autres caisses nationales de retraite non plus, d’ici 2050, affirme le gouvernement, si la réforme n’intervient pas. «Chaque jour perdu à tergiverser creuse le déficit de 60 millions de DH», a alerté le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, dont le département vient de rendre public une étude qui met des chiffres sur les voyants rouges.
Le gouvernement propose une batterie de mesures, dans un projet de réforme qu’il a soumis en août dernier au Conseil Economique, social et de l’environnement (CESE). Entre autres, repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans, porter le taux de cotisation de 10 à 15%.
Les syndicats tentent de tenir tête, proposant que le départ à 65 ans soit facultatif mais refusant que le mode de calcul soit modifié, ou que de quelque manière que ce soit l’allocation retraite soit réduite.
Cependant, ils savent que si eux, par principe, ne pourront pas accepter un recul sur des «droits acquis», le gouvernement, compte tenu de l’état financier des Caisses de retraites, ne pourra pas non plus maintenir les choses en l’état.
Aucune alternative donc au dialogue de sourds. Pourquoi la grève alors ?
C’est que ce gouvernement a une opposition coriace. Trois syndicats sont proches de partis de l’opposition (l’UGTM est le syndicat de l’Istiqlal ; la CDT et la FDT -née d’une scission avec cette dernière- ont des liens historiques avec l’USFP). Les partis soufflent donc sur les braises. Ils soufflent tant et si bien que les députés de deux partis –l’Istiqlal et l’USFP- ont décidé de suivre également le mot d’ordre de grève. Pour la première fois, en dépit de tout bon sens, des élus de la nation se joignent à une grève générale ! Si ce n’est pas de la politique politicienne, ça y ressemble fort. Mais les élus ont-ils le droit de se mettre en grève sur un mot d’ordre de syndicats ? Non, bien sûr, comme cela leur a été dit par le parti qui conduit la majorité (PJD) qui leur a rappelé qu’ils étaient des représentants de la nation et non des fonctionnaires pour s’autoriser à suivre les travailleurs dans leur grève. La grève est passée, le ridicule est resté. Faut-il en rire ou en pleurer ?

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Bahia Amrani

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