Maroc Recherche scientifique : du nouveau !

lahcen daoudi

Entretien avec Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur

«Il y a du nouveau dans la recherche scientifique»

Interview :

Quel budget pour la recherche scientifique au Maroc?

J’ai lancé cette année, pour la recherche scientifique, un budget de 300 millions de dirhams. Nous avons conclu une convention avec l’OCP qui a misé pour 90 millions de dirhams. Nous sommes également en négociation avec Manajim pour qu’elle cotise, elle aussi. Je dispose encore d’un budget de 200 millions de dirhams, si les 300 millions de dirhams alloués ne suffisent pas en fonction des projets qui sont proposés au ministère.

Qu’en est-il de la participation des entreprises publiques et privées?

Nous allons contacter les banques et les assurances, qui doivent y mettre du leur, chacune de son côté, pour que notre pays ait la recherche qu’il mérite.

Comment évaluez-vous la recherche scientifique au Maroc?

La recherche scientifique au Maroc est à l’image de ce qu’on lui donne. On ne peut pas ne rien lui donner et exiger ou s’attendre à ce qu’elle soit de haut niveau.

Sur le plan financier?

En effet. La recherche coûte cher en matériels et en produits consommables. Il y a aussi les voyages et les déplacements à l’étranger dans le cadre de la coopération internationale, etc.

Et pour ce qui est des moyens alloués aux universités et aux laboratoires pour justement booster la recherche scientifique?

Cette année, nous doterons les universités et les laboratoires de moyens financiers, sachant qu’il y a des projets qui vont être financés en fonction des propositions à hauteur de dix millions de dirhams. Cela veut dire que les enseignants qui vont choisir des thématiques et être financés, ne vont pas penser, pendant cinq années, aux tracas financiers. Ils disposeront du financement nécessaire. C’est cela l’encouragement de la recherche scientifique qui se fait, non sur des mois, mais sur des années.

Et pour ce qui est de la coopération internationale?

Aujourd’hui, il se trouve que des entreprises espagnoles sont disposées à venir participer, aux côtés des chercheurs marocains, à la recherche scientifique et, plus tard, à la production.

Comment allez-vous réussir cette promesse avec un budget de recherche scientifique de moins de 1%?

Cela n’a absolument rien à voir. Je vous donne un exemple assez significatif. L’Inde dispose d’un budget de moins de 1% pour la recherche scientifique. Moi, je ne prétends pas faire des recherches dans la guerre des étoiles. Je fais de la recherche en fonction des besoins de mon pays, de ses priorités et, bien sûr, de nos moyens.

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Quelles priorités?

Au niveau de la médecine, de l’aéronautique, de la voiture, chimie et autres…

Disposez-vous de l’infrastructure nécessaire?

Nous disposons de quelques laboratoires, il faut juste les renforcer pour l’instant.

Et pour ce qui est des ressources humaines?

Il faut accorder les moyens pour augmenter le nombre des chercheurs par laboratoire, parce qu’un labo qui bouge, vous pouvez le doter de postes budgétaires pour le motiver et le pousser à bouger encore et davantage. Et puis, les laboratoires auront la possibilité de coopérer avec l’Espagne, la France et le Canada à partir du budget qu’on leur alloue maintenant, alors qu’avant, il se posait un problème de billets d’avion et le chercheur restait cloué au sol et peinait à se déplacer.

Que faites-vous alors, volet partenariat, pour offrir de nouveaux horizons à la recherche scientifique?

Nous avons organisé la rencontre 5+5. Elle était spécifiquement dédiée à la recherche scientifique et c’est le Maroc qui chapeaute son secrétariat jusqu’en 2015.

Que faites-vous dans ce cadre?

Nous sommes en train de préparer les dossiers avec les Canadiens. Nous faisons de la recherche avec les Anglais et les Japonais et, justement, le 22 octobre, les représentants de 7 universités japonaises devraient visiter le Maroc, en tournée dans les différentes universités. Nous sommes donc en train de rehausser le niveau pour que la recherche soit une plate-forme universitaire. De façon générale, le Maroc est connu au niveau du tourisme, de la tomate, de l’orange navel aussi, mais il reste moins connu au niveau de l’université. Il faut donc que notre pays apparaisse à l’échelle internationale comme une plate-forme universitaire.

Qu’attendez-vous de l’actuel projet de loi de Finances? Quelles retombées sur la recherche scientifique?

Nous attendons qu’il nous sorte de la crise, mais le Maroc ne peut pas s’en sortir tout seul, parce que nous sommes dans l’interdépendance internationale.

Votre souhait alors?

Notre souhait est que l’Europe, qui est une locomotive pour le Maroc, redémarre. Et, pour que l’Europe démarre, il faut que les Etats Unis d’Amérique démarrent aussi. Vous voyez, la chaîne comporte plusieurs anneaux. On s’inscrit donc dans cette chaîne et -Dieu merci- on s’inscrit du coup dans la mondialisation, parce qu’il y a des pays qui sont en dehors.

Qu’attendez-vous de la chaîne internationale?

Le Maroc compte aujourd’hui sur cette chaîne internationale. Cela veut dire en clair qu’il est arrivé à l’internationale et qu’il n’est pas un pays isolé.

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Et sur le plan maghrébin?

Comme vous le savez, le 5+5 comprend l’Algérie, la Tunisie, la Libye, la Mauritanie et bien entendu le Maroc. Là aussi, je pense qu’il y a des choses à faire. Nous attendons cependant le retour de la stabilité en Tunisie et en Libye. Nous continuons d’espérer que ces pays sortent vite de leur crise pour que nous allions ensemble de l’avant.

Pour ce qui est de l’Algérie?

Le nouveau ministre algérien de la Recherche scientifique est très ouvert dans ce domaine.

Quels horizons pour la recherche scientifique au Maroc à court terme?

Vous savez, la recherche scientifique, c’est toujours le moyen et le long termes. C’est une question de générations. Maintenant, au Maroc, nous disposons d’une station de traitement purement marocaine, extensible à 25.000 personnes. Elle nous a coûté 600.000 DH.

Pour revenir au volet maghrébin, est-ce qu’il y a quelque chose de concret?

Nous avons entamé le 5+5 et nous attendons les fruits du travail que nous avons fait. Tout le monde était enthousiaste.

Au-delà de l’enthousiasme, avez-vous prévu un comité de suivi?

Le Maroc chapeaute le secrétariat du 5+5. C’est donc à nous de préparer la feuille de route pour les deux années à venir.

Avez-vous un agenda?

Il est en préparation avec nos partenaires. Nous n’avons pas la prétention de le faire seuls.

Qu’attendez-vous du gouvernement Benkirane II?

Je suis marocain avant d’être ministre, donc, ce que les Marocains en attendent, je l’attends aussi.

Et c’est quoi concrètement?

Plus de travail et plus de croissance pour générer plus d’emplois, sachant que tout est lié à la croissance, sans oublier l’interdépendance. Donc, nous ne sommes pas les moins lotis autour de la Méditerranée. Ici, on fait 4,5% de croissance. Nous serons donc les meilleurs et cela, il faut que les Marocains le sachent.

Nous avons quand même un déficit budgétaire…

Bien sûr que nous avons un déficit budgétaire autour de 6%. Mais, au niveau économique, n’apparaît pas l’impact du 6%, parce que l’outil statistique ne saisit pas la réalité. D’où le fait que l’économie est plus forte que le déficit.

39 ministres, ce n’est pas beaucoup pour un pays comme le Maroc. Et vous, qui avez toujours appelé à la baisse du nombre des ministres -le chef de gouvernement en a témoigné publiquement-, qu’en dites-vous?

Bien sûr que c’est beaucoup. Au Maroc, quatre partis forment le gouvernement et c’est aux groupes de décider.

Interview réalisée par Mohammed Nafaa

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