Chirurgie esthétique : Obsessions et nouvelles tendances

Chirurgie esthetique

Aux yeux de ceux qui l’ont faite, il n’y avait pas d’autre recours. La chirurgie esthétique séduit de plus en plus de personnes, toutes catégories sociales confondues, chaque année. Elle séduit partout dans le monde et particulièrement au Maroc; destination de l’esthétisme par excellence. En cette période hivernale, les clients n’hésitent pas à passer sur le billard pour arborer un physique parfait en été.

«J’ai mal calculé mon coup, mais ce n’est pas grave», raconte Kaoutar par vidéo conférence. Assise confortablement sur sa chaise, une tasse de café à la main, il est 19h et quelques à Montréal. Elle vient de rentrer du cours. Tandis qu’au Maroc, il est déjà tard, minuit et plus; aucun bruit ne résonne dehors. Elle décrit vivement sa récente expérience de chirurgie esthétique. Elle, ce n’est autre qu’une jeune fille obnubilée par son corps, comme la plupart des femmes et hommes du 21ème siècle.

Épopée d’un phénomène

Au départ, la chirurgie esthétique rimait avec reconstruction faciale, chirurgie réparatrice. Elle était destinée à des personnes mutilées par les guerres ou ayant subi des brûlures graves lors d’incendies. Puis, «de fil en bistouri», les techniques se sont perfectionnées et ont permis à certaines personnes hautement complexées par un défaut physique d’y remédier et de se sentir à l’aise dans une société qui voue un intérêt capital à l’apparence et à la beauté -dont les standards changent d’une décennie à l’autre-.
Le phénomène de la chirurgie esthétique tous publics s’est démocratisé grâce aux stars hollywoodiennes qui, pour certaines, ont usé et abusé de ces procédés pour maintenir leur image intacte, c’est-à-dire liftée. Les stars les plus connues pour en avoir abusé ne sont autres que Sylvester Stallone (et sa mère), Michael Jackson ou encore Nicole Kidman dont le visage boursouflé après chaque opération n’échappe pas aux flashs des photographes. Elle affiche après quoi un front ultra-lisse à 47 ans et une peau quasi-meilleure que celle d’un bébé. Meg Rayan, quant à elle, moins chanceuse, s’est retrouvée littéralement éjectée du circuit hollywoodien après sa chirurgie ratée.
Nous retrouvons Kaoutar, jeune fille de 25 ans, qui poursuit des études de médecine au Canada. Elle s’est spécialement déplacée au Maroc pendant ses vacances d’été, prétextant vouloir passer du temps avec sa famille qu’elle n’avait plus vue depuis 6 ans. Elle «souffrait» d’un surpoids qu’elle a traîné pendant quelques années. Suite à un régime strict, elle a perdu ses kilos en trop, sauf au niveau d’une partie de son corps, son postérieur. «Tout était bien proportionné après mon régime, sauf à cet endroit-là. J’avais l’impression de ressembler à une bouteille de boisson gazeuse à l’orange, bien connue au Maroc, que j’aime bien d’ailleurs», dit-elle dans un éclat de rire.

7 mois après l’opération, c’est l’heure du bilan

Elle nous montre des photos avant-après liposuccion pour que l’on puisse constater la différence notoire. Elle dit être satisfaite à 100% de son opération, mais elle est contrainte de continuer de faire attention à son alimentation, ainsi que de pratiquer une activité physique régulièrement. Si elle disait avoir mal calculé son coup, c’est parce qu’elle avait effectué son opération en juillet et qu’elle n’avait pas pu profiter du mois d’août, ni celui de septembre pour bronzer un peu plus au soleil. A son retour au Canada, ses amis se sont posé des questions, notamment par rapport à son changement de physique. «Ils m’ont dit: t’es allée au pays du soleil et t’as même pas bronzé!».
La partie la plus délicate dans un retour d’expérience est celle où l’on décrit les points négatifs, ce qu’on a enduré comme effets collatéraux. Pour Kaoutar, ce n’est pas un problème, elle se confie sans rechigner. «Après l’opération, on garde des bleus énormes! En fait, ils étaient noirs au début», explique-t-elle. «Et ça faisait vraiment mal quand on y touchait. Je dormais sur le ventre et je devais mettre des crèmes pour calmer la douleur et porter une sorte de gaine pour que mon corps prenne une forme régulière».
Ce qu’elle raconte un peu plus tard, c’est que son copain de l’époque, un Marocain, avait rompu avec elle à cause de sa chirurgie. «Il a voulu jouer son macho avec moi, m’interdisant de faire l’opération. Mais j’avais pris ma décision avant de venir au Maroc». Elle estime que c’est un choix personnel et que ça n’engage personne d’autre qu’elle. «Il ne pouvait pas décider pour moi, même si j’éprouve un peu de nostalgie». En relativisant, elle dit être sûre qu’au moins, à présent, les hommes qu’elle attire ne sont pas des fêlés ou des obsédés sexuels qui n’en ont qu’après son arrière-train.

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Ressembler à une libanaise

Dans la maison des grands-parents, toutes les femmes de la famille se retrouvent pour passer une soirée télé devant une émission talent-show sur MBC4. Mère, grand-mère et tantes regardent avec grande attention, les yeux écarquillés sur l’écran. Quelques remarques et critiques fusent entre deux bouchées de Méloui ou de Ghriba. Tandis que les jeunes filles, des cousines, échangent leurs numéros de téléphone respectifs. «Regarde-moi ça, t’as vu la bouche de Cyrine Abdelnour et les joues de Nancy Ajram?», demande l’une. Et l’autre de lui répondre: «C’est du Botox ma chérie. C’est faisable même ici». Tentées par l’expérience, elles commencent à comploter dans le dos de leurs mères assises juste à côté pour se faire une injection de Botox. Elles comptent en parler à leur tante vivant au Sultanat d’Oman qui se fera un plaisir de leur payer un rafraîchissement labial dès sa prochaine visite au Maroc.
Les deux jeunes filles sont tellement conditionnées par les clips des chanteuses libanaises qu’elles font des mains et des pieds pour se conformer à leurs critères de beauté. C’est-à-dire bouche de canard, pommettes saillantes et nez en trompette. D’ailleurs, l’une des toutes premières étapes est celle des sourcils. Cela fait bientôt une semaine qu’elles se sont fait un tatouage des sourcils à la libanaise. Un sourcil connu pour être long, épais et très pigmenté. «Nous ne sommes pas sorties depuis une semaine», dit l’une d’elle. «C’était comme si l’on avait mis du marqueur indélébile sur notre visage. Notre coiffeur nous a recommandé de ne pas sortir pour ne pas effrayer les gens mais, maintenant, ça s’est estompé», conclut-elle. Sa cousine se tord de rire et acquiesce d’un signe de la tête. Elles ne comptent pas s’arrêter là, dès qu’elles auront de quoi se payer des pommettes.

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Les opérations les plus pratiquées

Si Kaoutar a fait une liposuccion afin de réduire la taille de ses fesses, force est de constater qu’elle nage à contre-courant de la mode, car de nos jours, cette opération est de moins en moins pratiquée. Et pour cause, les femmes cherchent à densifier et donner plus de galbe à cette partie du corps pour ressembler à Kim Kardashian qui a détrôné Jennifer Lopez, l’ancienne championne en titre du plus gros popotin. Sans oublier une certaine rappeuse et chanteuse Nicki Minaj qui a outrageusement abusé de chirurgie esthétique au niveau du postérieur et de la poitrine. De vrais airbags siliconés! Dans le monde arabe, Myriam Fares, la chanteuse libanaise, est leur cousine germaine. D’après des fans invétérés, ce ne sont que des rembourrages. A vérifier…
Toujours dans le top 5 des chirurgies les plus pratiquées, on retrouve les implants capillaires, l’augmentation mammaire qui a fait couler beaucoup d’encre notamment à cause du scandale en 2010 des prothèses PIP (ces prothèses étaient fabriquées en France et destinées aux marchés d’Europe de l’Est et d’Amérique du Sud et ont étés également commercialisées au Maroc) en France, l’abdominoplastie consistant à créer un ventre plat qu’expose Mariah Carey dans ses clips malgré une taille on ne peut plus généreuse. La Rhinoplastie (opération du nez), dont les Iraniennes sont les championnes du monde, est aussi très courante, mais ce qui a le vent en poupe en ce moment, c’est le remodelage corporel. Aspirer la graisse des parties du corps présentant le plus de cellulite et la réinjecter dans les parties qui auraient besoin d’être gonflées, au lieu d’utiliser de la silicone -en d’autres termes on ne jette rien, on réutilise ce qu’on a déjà-. «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme», dixit le chimiste français Antoine Lavoisier. Il avait bien raison.
Avec l’avènement de cette chirurgie esthétique qui permet de changer d’apparence, le culte du corps parfait, on s’attend à ce que tout le monde finisse par ressembler à tout le monde ou à la duchesse d’Albe (qui s’est éteinte en novembre dernier à l’âge de 88 ans).

Yasmine Saih

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