Modiane : «La première place, si on nous laisse…»

Noureddine modiane istiqlal

Noureddine Modiane est député du parti de l’Istiqlal et chef du groupe de ce parti à la Chambre des représentants. Il nous donne le point de vue de son parti sur les élections qui approchent, sur leur préparation et sur le bras de fer majorité-opposition.

Le sondage de l’Economiste-Sunergia a été un véritable camouflet pour l’opposition. Benkirane pourrait être réélu aux prochaines élections. Qu’en pensez-vous?

En l’absence d’une réelle entreprise qui se charge de pareilles enquêtes, on ne peut avancer que telle ou telle partie peut faire des enquêtes d’opinions, sachant que toutes ces parties sont téléguidées ou peut-être encadrées par ceux qui ont intérêt à ce qu’il y ait ce résultat et non un autre. Voilà pourquoi nous avions présenté un projet de loi qui vise à mettre sur pied une institution indépendante pour les enquêtes d’opinion, afin de mettre fin à cette pagaille dans ce domaine, à savoir que tout site électronique, tout média et toute entreprise peuvent prétendre réaliser des enquêtes d’opinions. Qui garantit la crédibilité et l’objectivité de ces résultats lesquels, de toute évidence, favorisent les uns au détriment des autres.

Vous mettez donc en doute ce dernier sondage?

…Parce que nous sentons l’odeur de la «téléguidation». Vous pouvez me dire combien de lecteurs lisent l’Economiste ?Idem pour nombre de sites électroniques qui ne sont suivis que par quelques internautes et pourtant se permettent de réaliser des enquêtes d’opinion, excusez-moi de le dire, «bidons».

On n’en est pas à la première enquête d’opinion réalisée par un média national.

Peut-être. Mais ni moi qui suis pourtant chef du groupe parlementaire du parti de l’Istiqlal(PI), ni nos parlementaires ne sommes au courant qu’un média donné fabrique des enquêtes d’opinion. Comment voulez-vous dans ce cas que le citoyen moyen soit au courant?

Quelle place pensez-vous avoir aux prochaines élections et comment y arriverez-vous?

La première place, sans fausse modestie…Si toutefois on nous laisse…

Comment voyez-vous les prochaines élections?

En l’absence de la présentation des textes qui régissent les opérations électorales, il demeure à mon sens difficile de porter un quelconque jugement sur l’avenir de ces élections. Nous nous attendons cependant à ce qu’elles
rompent avec les pratiques d’antan, avec tous leurs aspects négatifs, vu qu’elles vont se dérouler dans le cadre de la Constitution de 2011, avec tout ce que celle-ci comporte comme espérances pour les Marocains.

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Que craignez-vous?

Qu’il y ait encore le spectre de l’utilisation de l’argent d’une manière ou d’une autre, d’éventuelles pressions. Nous appelons de tous nos vœux à des élections transparentes et propres cent pour cent.

Où en sont les concertations avec les partis politiques?

Elles se poursuivent et si elles continuent avec 36 partis, je ne vois pas franchement quand elles prendront fin. Là se pose l’élément volonté. Existe-t-elle ou non, surtout chez le gouvernement?Celui-ci est-il en mesure de maîtriser les élections?

… mais il y a aussi les partis politiques et la société civile qui sont tous impliqués…

Absolument. Mais moi, je ne parle ici que du gouvernement et me pose la question à l’instar de l’ensemble des politiques: le gouvernement est-il en mesure d’entourer les prochaines élections de toutes les conditions de réussite?

Le gouvernement assure en ce qui le concerne qu’il assume…

Je dirais qu’il perd le nord et évolue sans boussole dans ce domaine. Vous remarquez avec moi que les parlementaires du PJD, le parti qui gouverne, ont une série de remarques lors des réunions des différentes commissions, ce qui veut dire que l’administration est toujours présente avec force dans la préparation des élections.

Votre parti (l’Istiqlal) a présenté un projet de loi sur les élections. De quoi s’agit-il?

Le but de ce projet de loi est la formation d’une commission indépendante qui aura pour mission de superviser l’opération électorale, si nous voulons vraiment doter notre pays d’une démocratie transparente et surtout réelle. Mais il a malheureusement été rejeté au sein de la commission qui a voté contre, profitant de sa majorité numérique, bien que le projet de loi était une revendication essentielle de la majorité avec à sa tête le PJD.

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Avez-vous l’intention de remettre au débat votre projet de loi?

Nous espérons, après la remise sur le tapis du projet de loi, que nous aurons un avis concernant l’ensemble des projets déposés au sein des commissions. Et là, nous verrons si le gouvernement est convaincu que les prochaines élections sont un réel défi et s’il convaincra les Marocains de s’y impliquer en allant voter massivement.

Et si vous perdiez?

Ce qui importe, ce n’est pas le parti qui va remporter les élections, mais surtout celui qui va réussir dans la transparence des élections que les Marocains auront cautionnées et dont ils seront fiers.

Quelle coordination entre les différentes composantes de l’opposition?

La coordination existe au niveau du parlement et au niveau politique. Nous tenons des réunions périodiques diligentées par les chefs des partis concernés.

L’opposition donne l’impression d’être faible, ce qui fait que la majorité a le dessus.

Il existe aujourd’hui un pôle de la majorité. Nous espérons donc voir naître un pôle de l’opposition. Chose que nous ne réussirons qu’une fois que nous aurons dépassé certaines contraintes. Ce sera bientôt chose faite. L’opposition est condamnée à unir ses rangs, malgré les différences d’orientation et d’objectifs.

Vous unir, pourquoi faire et contre qui?

Unis pour mieux dénoncer les résultats négatifs de la politique du gouvernement qui sont nombreux sur les plans politique et socio-économique.

Comment expliquer cette guéguerre entre les patrons du PJD et de l’Istiqlal ?

C’est tout à fait naturel. Cependant, nous sommes surpris de voir le gouvernement gêné par n’importe quelle critique venant de l’opposition, comme s’il est écrit qu’il ne se trompe jamais. Ce qui nous laisse dire que nous nous trouvons face à un Exécutif amateur. C’est ce qui explique le bras de fer continu non pas seulement entre Chabat et Benkirane, mais également entre la majorité et l’opposition.

Interview réalisée par Mohammed Nafaa

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