Carrefour des idées : Biadillah face aux diplomates

Ambassadeurs accedites au maroc 2014

La régionalisation avancée est un projet institutionnel important pour préparer le Maroc à l’avenir, a expliqué le président de la Chambre des conseillers, Mohamed Cheikh Biadillah, aux diplomates accrédités à Rabat.

Dans le cadre des débats «Carrefour des idées» qu’initie la Fondation Diplomatique, celle-ci a discuté à la Chambre des conseillers, avec la participation des ambassadeurs accrédités au Maroc, de la thématique concernant le bicaméralisme et les prérogatives de la Chambre des conseillers.

Quel rôle pour la 2ème Chambre?

Durant plus d’une heure, les diplomates en poste à Rabat ont posé moult questions à Cheikh Biadillah, président de la Chambre des conseillers. Celui-ci a été interpellé sur un terrain qu’il maîtrise, à savoir le rôle de cette institution dans le cadre du bicaméralisme que le Maroc a adopté en tant que choix et celui de la Chambre des conseillers dont le renouvellement est prévu pour septembre prochain. Un sujet qui a été au centre d’un débat houleux. Interpellé sur le rôle de la Chambre des conseillers dans la mise en œuvre de la démocratie et des droits de l’homme, Cheikh Biadillah a répondu: «Notre institution œuvre à renforcer les droits de l’homme».

Franc-parler

Réputé pour son franc-parler, le président de la Chambre des conseillers n’a pas recouru à la langue de bois pour répondre aux questionnements des diplomates qui, eux, maîtrisent cette pratique, courante dans le monde de la diplomatie. Il a donc été on ne peut plus franc sur une question relative au règlement intérieur de la deuxième Chambre qui tarde à voir le jour. Il a reconnu ce retard: «Nous avons tardé à adopter le règlement intérieur de la deuxième Chambre».

L’histoire poignante d’une rupture

Primauté de la 1ère Chambre

La question qui dérange, à savoir la primauté de la Chambre des représentants, a été également présente dans ce Carrefour des idées. Ainsi, s’agissant de l’action législative du parlement, Biadillah s’est évertué à mettre en relief la participation de la Chambre des conseillers à ce travail et le rôle toujours prépondérant des conseillers. Il en a donné pour preuve la coordination entre les deux Chambres. «Une coopération bien ficelée et bien huilée», a-t-il assuré. Et d’expliquer: «Les amendements décidés par les conseilleurs sont rarement rejetés par les députés. Les deux Chambres travaillent suivant un Gentlemen’s agreement et ont mis sur pied une commission qui a pour rôle d’harmoniser leur travail».

Les mêmes prérogatives

M. Biadillah a été interpellé par le diplomate irakien sur une problématique qui irrite toujours les conseillers, à savoir le rôle législatif de la Chambre des conseillers. Conservant son calme olympien, le président a précisé, comme pour corriger: «La Chambre des conseillers n’est pas une Chambre consultative. Les mêmes prérogatives sont conférées aux deux Chambres. Mieux encore, il y a une différence concernant le processus des projets de loi déposés par le gouvernement. Ces projets sont d’abord déposés à la Chambre des représentants et atterrissent plus tard à la Chambre des conseillers. Nous y introduisons des amendements. Nous avons donc un rôle législatif et nous contrôlons le gouvernement au même titre que la première Chambre. Il y a donc un équilibre entre les deux Chambres. Nous sommes en plein dans le régime parlementaire bicaméral».

La dernière lecture

«De la sorte, remarque M. Biadillah, il n’y a pas de différence entre les deux Chambres, puisque nous contrôlons l’Exécutif. Il peut y avoir quelques différences concernant les projets de lois, mais la dernière lecture intervient au niveau de la Chambre des représentants, une sorte de Gentlemen’s agreement».
Comme pour attester que les diplomates accrédités à Rabat suivent de très près les séances parfois, pour ne pas dire souvent, électriques, un diplomate a évoqué «des débats parfois infructueux dans l’Hémicycle», faisant de toute évidence référence aux fameuses «Ihatas» qui font déjà partie du passé. M. Biadillah a répondu du tac au tac: «La politique est une enceinte où il y a des intérêts en jeu à défendre par les partis. C’est vrai, il y a parfois des séances électriques, voire même certains dérapages, mais nous veillons à ce qu’ils ne dépassent pas les limites de cette enceinte et à ce qu’ils reviennent à leur niveau normal».

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Régionalisation avancée

Très prisé par les diplomates accrédités à Rabat, le chantier de la régionalisation avancée a été à l’ordre du jour du «Carrefour des idées». Comment la régionalisation, a lancé un diplomate, peut-elle prétendre solutionner les problèmes sociaux, de santé, d’éducation…? Maîtrisant aussi ce sujet, M. Biadillah a souligné qu’il s’agit là d’un projet qui constitue la pierre angulaire pour le Maroc du 21ème siècle; un sujet important au niveau de la participation démocratique et aux niveaux local et régional, avant de passer au niveau central. La participation de la société civile, a encore précisé Mohamed Cheikh Biadillah, va enrichir les régions et renforcer le principe de proximité. Et de conclure: «C’est un projet institutionnel d’importance pour préparer le Maroc à l’avenir».

Mohammed Nafaa

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