Abderrazak El Idrissi, SG national de la Fédération Nationale de l’Enseignement

«L’enseignant, aujourd’hui, un citoyen de deuxième catégorie

Abderrazak El Idrissi, SG national de la Fédération Nationale de l’Enseignement

Les enseignants du secteur public ont organisé une grève nationale pour déplorer la multiplication des agressions commises par des élèves contre leurs professeurs. Selon le Secrétaire général national de la Féderation Nationale de l’Enseignement (FNE), Abderrazak El Idrissi, la crise de l’enseignement au Maroc a atteint son paroxysme.

Une grève nationale a été organisée, les 9 et 10 novembre 2017, dans le secteur de l’enseignement public. Pour quel objectif?

La grève organisée par les enseignants du secteur public est un appel de détresse contre la détérioration des conditions de travail dans les écoles marocaines et la multiplication des cas d’agression contre le corps enseignant. Les dernières vidéos mises en ligne, montrant des professeurs agressés par leurs élèves, ne constituent qu’une infime partie des souffrances qu’endurent l’enseignant et le personnel administratif à l’intérieur des établissements scolaires, dans toutes les villes du Royaume. L’enseignant est aujourd’hui considéré comme un citoyen de deuxième catégorie, alors que, par le passé, le professeur avait droit à tous les honneurs.

Abderrazak El Idrissi, SG de la Fédération Nationale de l’Enseignement (FNE)

Les enseignants estiment qu’ils sont victimes de plusieurs injustices. Lesquelles?

En plus des agressions physiques dont les enseignants sont victimes au quotidien, à l’intérieur des classes comme dans les abords des établissements scolaires, le corps enseignant fait face à une autre forme de violence encore plus grave, celle liée au côté moral et psychologique. Aujourd’hui, la société a dévalorisé l’enseignant, ce qui a encouragé la montée de la violence à l’égard du corps enseignant. Il est temps de prendre le taureau par les cornes et de mettre en place une vraie réforme de l’enseignement, celle qui va redonner à l’école sa valeur d’antan.

Le gouvernement a annoncé l’élaboration d’une loi-cadre contre la violence scolaire et pour la dignité de l’enseignant. Est-ce suffisant pour atténuer  la colère des enseignants?

Cette loi n’aura pas d’impact sur le quotidien des enseignants. La crise que connaît le secteur résulte des mauvaises politiques lancées depuis l’indépendance et qui ont mené à l’abrutissement de la population. Les dysfonctionnements de l’enseignement doivent interpeller les responsables du ministère de l’Education nationale. Ce que nous avons toujours déploré au sein de la Fédération Nationale de l’Enseignement, c’est le fait que tout change avec l’arrivée d’un nouveau ministre. Aujourd’hui encore, le département de l’Enseignement attend la nomination d’un nouveau ministre qui, on l’espère, ne fera pas table rase des mesures mises en place par son prédécesseur

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D’aucuns estiment que certains enseignants, aux pratiques anti-pédagogiques, sont pour beaucoup dans la défaillance du système d’enseignement. Qu’en pensez-vous?

Il est vrai que certains enseignants exercent des abus de pouvoir. Néanmoins, la majeure partie du corps enseignant accomplit honnêtement son travail, en dépit du manque de moyens et d’infrastructures nécessaires au bon déroulement de l’opération éducative. Le responsable de cette situation est à chercher ailleurs.

Propos recueillis par Mohcine Lourhzal

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