Casablanca : Ce qu’ils en disent…

Abderrahim Ariri

Abderrahim Ariri
«Les projets annoncés au Souverain ne sont qu’une utopie»

Le dernier souci des élus de la ville de Casablanca est bien la création d’espaces verts, au grand dam des Casablancais qui respirent un air pollué et n’ont pas où aller se promener, dénonce Abderrahim Ariri, ancien conseiller communal.

Avec plus de cinq millions d’habitants, la capitale économique ne compte que moins de 3 m2 d’espaces verts par habitant, alors que la norme internationale de l’Organisation mondiale de la santé est de 12 m2 par habitant. Pourtant, des promesses ont été faites en 2003 tant par les autorités locales que par le Conseil de la ville pour mettre en place une stratégie de sauvegarde des parcs existants et l’élargissement de la superficie de l’espace vert par tête d’habitant, dont la ville connaît un déficit flagrant. «On s’était même engagé devant le Roi Mohammed VI à doter la ville d’une ceinture verte et à planter un million d’arbres en trois ans. Mais voilà que ce délai est passé depuis plusieurs années sans que l’on puisse honorer ces engagements», tient à nous souligner Abderrahim Ariri, spécialiste de la chose locale et directeur de l’hebdomadaire «Al Watan». Notre interlocuteur précisera: «A l’exception de certains parcs historiques hérités du protectorat et ayant été réhabilités, tels le parc de l’Hermitage et le jardin Murdoch; à l’exception aussi du jardin du 20 Août réalisé par la famille «Sebti», tous les projets annoncés au Roi Mohammed VI ne sont qu’une  »pure utopie »». Et de poursuivre: «Certes, il faut aussi compter tout ce qui a été planté comme arbres sur les boulevards de Mekka et de Fès, dans le quartier luxueux de California, ainsi que tout ce qui a été fait comme plantations sur les boulevards d’Anfa et de la Corniche. Mais il faut signaler que des quartiers entiers sont dépourvus de jardins et d’espaces verts».
Que Casablanca soit un jour dotée d’environ 750 hectares d’espaces verts, comme cela a été dit au Souverain, n’est donc qu’une illusion, a-t-il dit. Preuve à l’appui, Abderrahim Ariri relève que la capitale économique compte près de 85 mille d’arbres, dont près de 80% ont été plantés à l’époque du protectorat. «La ville totalise quelque 1.700 km d’artères dont les bordures, sur 1.200 km, sont sans arbres. Ce qui veut dire que Casablanca a actuellement besoin de 750 mille arbres», selon notre interlocuteur. Or, poursuit ce dernier, «la difficulté est qu’il n’y a pas de pépinières à même d’assurer ce nombre important. Car les pépinières publiques ont été négligées par les responsables de la ville, alors que les pépinières privées se contentent de répondre aux besoins des hôtels et des villas». Et même si l’on suppose que ces 750 mille arbres existaient dans les pépinières publiques et privées, le montant devant être alloué par le Conseil de la ville pour les acheter s’élèverait à 150 milliards de centimes, a-t-il dit. Soit une enveloppe annuelle de 51 milliards de centimes. Or -et c’est là la difficulté-, l’enveloppe budgétaire allouée par le Conseil de la ville reste dérisoire, selon la même source.
Pour appuyer encore plus ses propos, Abderrahim Ariri indique: «En 2004, le montant ayant été prévu pour l’acquisition d’arbres et de plantes a été de seulement 10 millions de dirhams, sachant que ce montant couvre aussi les frais d’entretien. Au cours de l’année budgétaire de 2005, les élus ont alloué 17 millions de dirhams. Ce montant a été revu à la baisse en 2006, pour atteindre seulement quelque 13 millions de dirhams destinés aux espaces verts. En 2007, le montant a été revu à la hausse pour atteindre 16 millions de dirhams alloués aux espaces verts». En plus de ce budget, précise A. Ariri, il faut aussi compter l’enveloppe annuelle devant être réservée aux jardins et à leur équipement. Ainsi, «dans le cadre du programme d’aménagement urbain (2007-2010), le Conseil n’a prévu que 10 millions de dirhams pour l’équipement des jardins tous les ans. Or, selon bon nombre de sociétés ayant une expérience dans la réalisation de jardins, un mètre carré revient à 300 dirhams. C’est-à-dire qu’un hectare coûtera au moins 3 millions de dirhams. En clair, Casablanca a besoin de 225 milliards de centimes pour la réhabilitation des jardins», a encore précisé la même source. Et de conclure: «Après la colère royale contre les élus de Casablanca, ces derniers ont augmenté le budget réservé aux espaces verts de la ville d’environ 800 millions de centimes seulement pour atteindre un budget annuel de 24 millions de dirhams. Ce qui veut dire que les espaces verts n’ont pu bénéficier que de 1,2% du budget général de la ville».
Ainsi, pour notre interlocuteur, il est clair que le montant global devant être alloué au financement du plan vert de la capitale économique dépasse de loin le budget prévu par le Conseil de Casablanca. Ce qui confirme ses dires selon lesquels «les projets annoncés au Roi Mohammed VI ne sont qu’une  »pure utopie »».

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Naîma Cherii

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Mehdi Laimina, président de «Tahadi» pour l’Environnement

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«C’est un crime que d’abattre des arbres âgés de dizaines d’années»

Quel état des espaces verts à Casablanca?

Il y a un manque flagrant d’espaces verts à Casablanca. En tant qu’association qui œuvre dans le domaine de l’environnement, nous interpellons les responsables de la ville et les appelons à protéger les espaces et à les préserver. Et pas seulement. Ils doivent ajouter d’autres espaces tels les jardins et planter des arbres. Dois-je le rappeler, au cours des travaux de réalisation de pose des rails du tramway dans certains boulevards, comme celui de Ba H’Mad, on avait abattu des dizaines d’arbres qui dataient de dizaines d’années. Ces arbres-là permettaient pourtant aux Casablancais de vivre dans un environnement sain. Les responsables de la société en charge de ces travaux avaient affirmé que les arbres déracinés allaient être plantés ailleurs, dans d’autres endroits de la ville. Mais cela n’a pas été fait. En cause, l’absence d’un suivi et de contrôle de ces opérations d’abattage d’arbres.

Que dites-vous de ces opérations d’abattage d’arbres qui sont actuellement menées dans certains quartiers?

C’est un crime que d’abattre des arbres qui existent depuis plusieurs dizaines d’années. Les élus de la ville n’assument malheureusement pas leur rôle pour préserver ces arbres et les protéger. Ils doivent rendre des comptes aux Casablancais pour les erreurs qu’ils ne cessent de commettre. On a confié le service d’entretien des espaces verts et des arbres à des sociétés privées, lesquelles constituent un danger pour l’environnement. Car un grand nombre d’arbres sont morts à Casablanca à cause de la manière irresponsable dont ces sociétés effectuent l’élagage des arbres. Ces sociétés, qui se chargent aussi des opérations d’abattage d’arbres, ne se soucient guère de la sauvegarde des arbres. Leur objectif, c’est juste de réaliser plus de profits. Elles procèdent à la destruction d’un grand nombre d’arbres pour qu’ensuite elles vendent le bois coupé provenant de ces arbres-là. Plus elles récupèrent de bois, plus elles en vendent. C’est pourquoi elles ciblent les arbres de grande taille pour les découper et les vendre par la suite au kilo. Une chose est sûre: ces sociétés n’essaient pas de planter des arbres et ne se préoccupent pas de leur esthétique. Là où elles ont décapité des arbres d’alignement, elles ont planté des arbres de petite taille qui paraissaient morts avant même leur plantation. Il suffit de voir ce qui se passe au niveau d’un certain nombre d’arrondissements où les arbres sont mal entretenus par des sociétés ne respectant pas les règles organisant ce domaine. Hélas, le Conseil de la ville de Casablanca et les 16 arrondissements que comptent la ville n’assument pas leur rôle, celui de suivre ces opérations.

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Quelles sont les actions menées par l’Association «Tahadi » pour l’Environnement à même d’interpeller les responsables de la ville?

En ce qui nous concerne, à l’Association, on avait tenu une rencontre régionale à Casablanca sous le thème «Quel rôle a l’élu local dans la protection de l’environnement?». Lors de cette rencontre, on a fait le diagnostic de la situation environnementale à Casablanca, que ce soit en matière d’espaces verts ou en matière d’assainissement. Cette rencontre a été sanctionnée par un mémorandum que nous avons d’ailleurs présenté dernièrement au Conseil de la ville. Dans ce mémorandum, on a demandé aux responsables du Conseil de créer des espaces verts. Car, à l’exception de certains boulevards où l’on trouve une certaine esthétique, la majorité des quartiers manque énormément d’espaces verts. Et là, on ne peut que faire endosser la responsabilité au Conseil de la ville quant à ce manque flagrant. Car la question de l’environnement ne figure pas parmi ses priorités. La preuve, c’est que, jusqu’à aujourd’hui, rien n’a été fait dans ce domaine. Il n’y a aucun espace vert créé. A souligner que, depuis le premier mandat du Conseil de la ville de Casablanca, on n’arrête pas de dire que l’on est à l’œuvre pour finaliser des études afin de réhabiliter l’espace de «La Casablancaise». Mais jusqu’à ce jour, rien n’est encore fait pour redonner de la vie à ce lieu. Pareil pour l’espace de Sindibad où l’on va réaliser un site de divertissement pour enfants. Mais la société chargée de faire aboutir ce projet détruit les arbres que compte ce lieu. Cela veut dire qu’il n’y a pas une vision environnementale chez les élus de la ville en matière d’espaces verts.

Entretien réalisé par NC

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