Vie familiale, vie professionnelle… | Comment Covid-19 a changé leur façon de vivre

Avant la pandémie due au nouveau Coronavirus, il était rare qu’une famille marocaine soit au complet, à la maison, avant la tombée de la nuit. Depuis, rien ne ressemble plus à rien…

Généralement, sur le chemin du retour à la maison après une longue journée de travail, la plupart des chefs de ménages avaient l’habitude de s’arrêter au café du quartier pour y siroter tranquillement un verre de thé et souffler un peu après une longue journée de labeur. Depuis que le nouveau Coronavirus (Covid-19) a pointé le bout de son nez et que les pouvoirs publics ont décrété l’état d’urgence sanitaire, le 20 mars 2020, les habitudes des Marocains ont beaucoup changé. 

Une vie de famille bousculée

 «Le premier mois de confinement a été très difficile à gérer. Ma fille âgée de 8 ans, ne comprenait pas pourquoi je ne la prenais plus dans mes bras comme avant, en rentrant du travail. J’ai essayé de lui expliquer que je risquais d’être atteinte de Covid-19 et que je ne voulais pas qu’elle le soit aussi», nous révèle Ilham, propriétaire d’une officine à Casablanca et mère de deux enfants. Cela dit, le confinement ne lui a pas servi que des désagréments. «C’était la première fois depuis des années, que mon mari rentrait tôt à la maison et me tenait compagnie au lieu de sortir avec ses amis et collègues». Le conjoint d’Ilham ne voit pas les choses de la même manière. Pour lui, rester à la maison a été une contrainte. «A cause de Covid-19 et de l’état d’urgence sanitaire, cafés, restaurants, bars, ont tous fermé leurs portes. Conséquence, je n’avais plus où aller. C’est pourquoi je suis resté à la maison, sachant que j’étais en télétravail», affirme Abdelkrim, cadre de la fonction publique. Le fait que ce dernier soit présent en permanence au domicile familial n’a pas été du goût d’Ayman, 15 ans. Fils aîné du jeune couple, il a lui aussi vu son quotidien chamboulé à cause du confinement. En effet, depuis le 13 mars 2020, les écoles ont dû fermer leurs portes, sur décision du ministère de l’Education nationale. Par conséquent, les cours à distance ont été instaurés dans l’urgence pour permettre aux élèves de suivre le programme scolaire à partir de chez eux. «Etudier à la maison a été une nouvelle expérience pour moi. Pour ne rien vous cacher, j’avais l’habitude de passer ma journée à l’école avec mes camarades de classe. De retour à la maison, je jouais dans la salle de jeu du quartier ou en ligne au cyber du coin. Depuis le 20 mars 2020, je n’ai plus droit à ces moments de plaisir. Ajoutez à cela, le fait que je devais apprendre mes leçons et les réciter devant mon père. J’ai vécu un vrai cauchemar», confie Ayman. 

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Les citoyens entre inquiétude et défiance

Le confinement a également impacté l’activité professionnelle des Marocains. Tel est le cas de ce jeune voiturier dans un hôtel huppé de Casablanca. Agé de 38 ans, Hicham subvient aux besoins de sa famille composée de 6 personnes dont un père souffrant de comorbidités multiples. A Cause du confinement, son secteur, le tourisme, a connu un coup d’arrêt brutal. «On m’a demandé de rester chez moi en attendant le redémarrage de l’activité. Je n’ai pas touché un seul centime pendant des semaines. Vous imaginez ce que cela veut dire? J’avais honte de demander de l’argent à ma mère sachant qu’elle a aussi subi un licenciement économique», se rappelle-t-il avec émotion. Hicham fait partie de milliers de personnes exerçant des emplois dits précaires, non déclarés à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) et ne bénéficiant d’aucune couverture sociale. D’ailleurs, après la fermeture par le gouvernement, de plusieurs établissements jugés non nécessaires durant le confinement, bon nombre d’employeurs se sont séparés d’une partie de leur personnel intérimaire ou ont réduit leur temps de travail dans un contexte où même les emplois formels ont été menacés. Les professions libérales ont également été prises de court par la pandémie de la Covid-19. Saïd, 33 ans, est taximen à Casablanca. Pour lui, le confinement a été une vraie catastrophe. «De mars à juin 2020, l’activité des taxis a été fortement réduite. Je ne pouvais pas rester chez moi! Pour être franc avec vous, j’étais prêt à être contaminé par le Coronavirus plutôt que de rester inactif et laisser mes enfants mourir de faim. Si j’étais resté chez moi, qu’est-ce qu’ils allaient manger? Qui allait payer le loyer et verser la recette journalière au propriétaire du véhicule?», affirme Saïd.

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Dans le monde d’avant, on ne parlait pas de télétravail

Parmi les mots les plus prononcés en 2020, il y a bien sûr Coronavirus, confinement, mais également télétravail. La crise sanitaire liée à la pandémie Covid-19 a permis de tester l’efficacité du travail à distance au Maroc. Adopté au départ comme une solution de dépannage pour préserver la santé des collaborateurs et assurer la continuité des activités, ce mode d’organisation a fini par séduire bon nombre de dirigeants et patrons d’entreprises. «Grâce au télétravail, je me sentais en sécurité chez moi, plutôt que de prendre les transports en commun», énonce Samir, 32 ans. Ce jeune concepteur rédacteur dans une agence de publicité à Rabat, a commencé à faire du télétravail dès le 23 mars 2020. «Avec le travail à distance, j’étais plus à l’aise», dit-il, précisant que son épouse a été obligée de divertir ses deux filles pour ne pas être très dérangé. Pour certains, il était difficile de maintenir une discipline comme au bureau. «Il était hors de question que je travaille en pyjama. Je m’astreignais tous les jours à me mettre à ma table de travail à 10 heures maximum, douchée, habillée, maquillée. J’ai veillé à garder mon rythme», affirme Soumia, cadre bancaire. «Il est important pour moi de rester disciplinée, de manger à des heures régulières comme si j’étais au bureau», poursuit-elle.

D’une crise sanitaire, la pandémie due au nouveau Coronavirus (Covid-19) a évolué vers une crise économique et une crise de l’emploi. Le confinement et les mesures barrières mis en place par les autorités pour endiguer la propagation du virus à l’échelle nationale, se sont traduits essentiellement par des arrêts temporaires ou définitifs d’activité, une baisse des ventes et du chiffre d’affaires dans la quasi-totalité des secteurs. Les TPME ont été les plus impactées alors qu’elles concentrent un nombre significatif d’emplois.

Mohcine Lourhzal

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