Emprunt obligataire | Crise, dette et voisinage… Le vrai «Nif»

Trois milliards de dollars. C’est le montant global de l’emprunt obligataire que le Maroc a émis sur le marché financier international, ce mardi 8 décembre 2020. Une levée de fonds en devises inédite, la plus importante de l’histoire du pays, comme le relève Attijari Global Research (AGR).

Tout d’abord, oui, l’on peut objectivement se réjouir du franc succès qu’a connu cette émission. Particulièrement en ces temps de crise et, donc, de méfiance des bailleurs de fonds internationaux vis-à-vis du marché de la dette.

Un succès à deux niveaux.

Non seulement l’intérêt des investisseurs pour l’émission du Maroc a été clair et net. Comme indiqué par le ministère de l’économie et des Finances, cette émission obligataire a reçu «un accueil favorable traduit par une large distribution géographique, notamment les Etats Unis, le Royaume Uni, l’Europe, l’Asie et le Moyen Orient». Les investisseurs internationaux ont été nombreux à être servis: 478 en tout ! Et «le livre d’ordre a dépassé les 13 milliards de dollars», l’émission ayant ainsi été sursouscrite plus de 4 fois !  

Mais en plus, cet emprunt obligataire en 3 tranches, qui a marqué le retour du Maroc sur le compartiment du dollar après 7 ans d’absence, a bénéficié de conditions particulièrement avantageuses.

Le ministère des Finances livre le détail de ces conditions.

Une 1ère tranche (750 millions de dollars) d’une maturité de 7 ans, émise à un spread de 175 pb et un prix de 99,763%, avec un taux de rendement de 2,412% et un coupon de 2,375%. Une 2ème tranche (1 milliard de dollars) d’une maturité de 12 ans, émise à un spread de 200 pb et un prix de 99,570%, avec un taux de rendement de 3,043% et un coupon de 3%. Et une 3ème tranche (1,25 milliard de dollars) d’une maturité de 30 ans, émise à un spread de 261 pb et un prix de 100%, avec un rendement de 4% et un coupon de 4%.

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De son côté, l’expert Attijari Global Research résume: le spread moyen de cette émission «s’établit autour des 240 PBS. Un niveau inférieur à la prime de risque moyenne exigée par les investisseurs des pays émergents: soit plus de 330 PBS actuellement». 

Mais, bien sûr, après s’être réjoui du grand succès de l’opération, l’on peut s’inquiéter de la progression de l’endettement du Maroc qui, avec le cumul de la dette globale du Trésor et de la dette extérieure, a franchi le seuil des 90% du PIB.

Inquiétude justifiée, certes, mais arrêtons-nous sur les tenants et aboutissants de cet endettement.

Les raisons, d’abord, de cet endettement.

Il est clair que le Maroc n’a pas échappé à la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, qui a impacté toutes les économies du monde. Non seulement du fait d’un manque à gagner évident dû au ralentissement, voire la paralysie de l’économie ; mais en plus du fait des dépenses additionnelles -et non prévues- occasionnées par cette crise (dépenses sanitaires, aides sociales, appui aux entreprises et emplois…).

L’Etat s’est retrouvé face à une demande de soutien généralisée, tous les secteurs économiques et sociaux étant durement frappés par la crise sanitaire. Et cela dure depuis dix mois…

Emprunter restait donc la seule voie honorable à… emprunter, pour faire face à la situation. Une solution facilitée par la bonne conduite du Maroc, connu pour rembourser ses dettes et payer ce qu’il doit au moment où il le doit.

Et cela a été fait de façon professionnelle, dans la dignité, la légalité et avec intelligence.

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Avant tout, le ministre des Finances, Mohamed Benchaaboun, accompagné des équipes de la Direction du Trésor et des Finances Extérieures, a mené un NetRoadshow auprès de la communauté des investisseurs internationaux, mettant en avant la stabilité du pays, sa résilience macroéconomique, ses réformes et, depuis la pandémie, les mesures économiques et sociales prises pour limiter l’impact des effets de la crise sanitaire et celles envisagées pour relancer l’économie.

Préparant le terrain légalement, la Loi de Finances rectificative a ouvert la voie à la possibilité de relever le plafond des financements extérieurs à 60 milliards de Dirhams, en doublant ce que prévoyait la Loi de Finances 2020.

Si elle était inévitable, compte tenu du creusement du déficit budgétaire à plus de 7% cette année 2020 et de la persistance de la crise sanitaire, la sortie du Maroc sur le marché financier international s’impose encore plus si l’on prend en considération deux autres préoccupations: les réserves en devises et les pressions de liquidité sur le marché monétaire.

En effet, avec cette émission obligataire, les réserves en devises devraient dépasser le niveau record des 310 milliards de Dirhams à fin 2020 ; et la pression s’allège sur la dette intérieure du trésor et, par effet domino, sur le marché monétaire.

C’est ça le vrai «Nif» (l’amour-propre) ! Il y a des pays qui jouent avec les milliards de dollars, à financer des haines  inutiles, dilapidant des sommes qui auraient dû profiter à leur peuple (suivez notre regard, à l’Est du Maroc). Et il y a ceux qui s’appliquent, sérieusement et laborieusement, à trouver les moyens de résoudre leurs propres problèmes, même si les solutions leur en coûtent… 

Bahia Amrani

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