Domaine public : Opération destruction à Casablanca

Est-ce que c’est une opération pour libérer l’espace public à Casablanca, ou bien une opération pour récupérer l’argent dû à la ville?

souk anassi 13

Une grande campagne est actuellement menée et on la voit dans certains quartiers, mais pas encore tous. La question qui se pose, c’est pourquoi intervient-elle en ce moment précis? Et va-t-elle durer longtemps ou c’est juste une opération temporaire, comme il y en avait tant d’autres de par le passé?

Au début, quelques réponses évasives à ce sujet ont été émises par certaines voix de l’autorité. Elles soutiennent que c’est une opération ordinaire qui s’inscrit dans le cadre de la lutte contre l’occupation illégale du domaine public. En creusant auprès de personnes proches du dossier, on apprend que cette occupation est régulée. Ceux qui exploitent le domaine public doivent donc payer une taxe relative à cette occupation. Mais le constat est que ceux qui occupent le domaine public casablancais ne s’en acquittent pas tous. Mustapha Rahine, membre au Conseil de la ville (SAP, sans appartenance politique) déclare au Reporter que 60% des cafés occupant l’espace public de la métropole ne payent pas cette taxe. Et des sources bien informées précisent qu’il y a beaucoup d’abus et que c’est même une perte importante pour les caisses du Conseil de la ville.
Une étude, lancée il y a deux ans par ce Conseil, révèle en effet que celui-ci n’encaisse que 20% de l’ensemble des recettes devant provenir de cette occupation de l’espace public. Cela représente plus de 400 milliards de centimes perdus par le Conseil chaque année, soit l’équivalent de deux budgets du Conseil de la ville de Casablanca, selon la même étude! Une question s’impose donc: pourquoi le Conseil de la ville et, à travers lui, les arrondissements laissent-ils s’envoler depuis des années tout cet argent?
Depuis quelques jours, dans certains quartiers de la métropole, les citoyens voient les bulldozers des autorités locales en œuvre, démolissant les terrasses de café qui occupent le domaine public. Des élus de la ville nous ont affirmé que ces opérations concernent les cafés qui n’ont pas une autorisation d’occupation du domaine public, dont les propriétaires ne paient pas la taxe relative à cette occupation. C’est ce qui fait croire à certaines voix de la place que le Conseil de la ville aurait enfin décidé de se faire payer pour toute exploitation du domaine public. Crise financière oblige, dira-t-on! Mais, indépendamment des raisons de cette campagne, une autre question reste à poser: va-t-on pouvoir récupérer cette taxe d’occupation du domaine public? Pas si sûr!
En effet, l’élu Mustapha Rahine constate que l’opération en cours concerne une seule préfecture et ignore les autres. Pourtant, insiste-t-il, le phénomène de l’occupation de l’espace public touche pratiquement les 16 arrondissements de la ville. A Moulay Rachid, quartier connu par les cafés dits de «chicha», «les gens ne trouvent plus d’espace par où passer. Dans ce quartier, l’occupation illégale de l’espace public par des cafés et autres activités bat tous les records. Les gens construisent sur le domaine public au vu et au su des autorités», dénonce l’élu. Il ajoutera: «Ce qui se passe maintenant à Sidi Moumen, c’est que les opérations de démolition ont ignoré des cafés qui n’ont pourtant pas d’autorisation pour l’occupation du domaine public. C’est dire que même ces opérations, qui sont lancées dans certains quartiers, ne donneront pas de résultats probants».
Que ce soit une stratégie que l’on veut mettre à exécution pour récupérer l’argent perdu ou tout simplement une opération visant à libérer l’espace public de la ville, cette campagne semble cibler les marchands ambulants et les cafés, relève-t-on. Or, il n’y a pas que les cafés qui occupent le domaine public, mais aussi les panneaux publicitaires, les souks «illégaux», les kiosques, les pépinières ou encore les hangars… «Dans certains quartiers, des hangars sont réalisés sur des terrains appartenant à la ville de Casablanca. A Aïn Sebaâ, par exemple, plusieurs hectares de terrains appartenant à la Ville sont loués depuis plusieurs années à seulement 2.500 dirhams, alors que la personne qui en profite a construit sur ces terrains des hangars qu’elle loue à son tour (sorte de sous-location) à 50.000 dirhams par mois. Il y a même des unités hôtelières qui sont louées à des particuliers à des prix très dérisoires», tient à souligner Mustapha Rahine.
Cette campagne ne sera donc bonne que si elle cible tout, sans exception aucune. En tous cas, il était temps de prendre des mesures pour régler ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur dans toutes les villes du Royaume. Car, aujourd’hui, on est devant un phénomène nouveau, une autre forme d’occupation illégale du domaine public par des gardiens de bicycles ou de voitures (souvent des repris de justice et des délinquants). Ces individus sont très violents et développent leurs activités en créant des parkings sauvages devant les cafés, les commerces et même les administrations publiques. Qui est responsable de cette anarchie?

Youthful Cities : Casablanca assure

60% de cafés hors la loi

 

De nombreuses terrasses de café et des étalages fixes ont été démolis, ces derniers jours, dans les quartiers de Sidi Moumen, d’Al Azhar et d’Anassi relevant de la Préfecture des arrondissements de Sidi Bernoussi à Casablanca. L’objectif affiché par les autorités locales: libérer le domaine public occupé illégalement. Depuis le 13 mai dernier, 526 interventions d’envergure ont été menées par les autorités de cette préfecture. D’autres opérations devraient être lancées dans les prochains jours dans le quartier de Sidi Bernoussi, un arrondissement très peuplé et envahi par les terrasses de café, les étalages fixes, les parkings sauvages et autres activités informelles…

 


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