Crise Maroc-Espagne | Qu’en dit Arancha Gonzalez Laya cette semaine ?

Maroc-Espagne,Arancha Gonzalez Laya

L’entretien qu’a accordé la cheffe de la Diplomatie espagnole, Mme Arancha Gonzalez Laya au quotidien espagnol La Vanguardia, le 20 juin 2021, ne pouvait assurément pas passer inaperçu dans le contexte de crise diplomatique que connaissent l’Espagne et le Maroc, depuis le «deal secret» du Gouvernement Sanchez avec le Pouvoir algérien portant sur l’accueil du chef des milices séparatistes du Polisario, en Espagne, en mai dernier (2021).

Que dit la ministre des Affaires étrangères de cette crise ? Et que peut-on dire de ce qu’elle dit ?

Notons d’abord l’erreur (erreur ou mauvaise foi ?) de la Vanguardia qui, dans sa présentation de l’entretien, situe le début de la crise à l’«avalanche humaine dans la ville de Ceuta facilitée par les autorités marocaines». Ce qui est conforme au déni du Gouvernement Sanchez, qui n’admet toujours pas que la crise a été déclenchée par le pacte algéro-espagnol pour l’accueil de Ghali/Benbattouche, dans le dos du Maroc. Un déni dont ne sort pas Arancha Gonzalez Laya. Lorsque le journaliste Enric Juliana lui demande si «quatre semaines suffisent pour une réflexion autocritique» et si le Gouvernement ne s’est pas «trompé en n’informant pas le Maroc de l’arrivée en Espagne de Brahim Ghali», sa réponse est contorsionnée et à lire au second degré. Elle dit: «J’ai toujours été autocritique, par nature. Cela dit, je suis aussi ferme dans mes convictions. Je ne les change pas facilement. Lorsque j’ai pris mes fonctions de ministre des Affaires étrangères, j’ai promis deux choses. J’ai promis de défendre les intérêts de notre pays et j’ai promis de représenter les valeurs de la société espagnole». Soit. Mais si «les valeurs de la société espagnole» sont de défendre le séparatisme –en l’occurrence le séparatisme au Maroc- pourquoi ne les défend-elle pas pareillement s’agissant des Catalans ? Quant à défendre les intérêts de son pays, dans ce cas précis, on ne peut pas dire que ce soit une réussite… Et si Mme Gonzalez Laya s’est promis de défendre les intérêts de son pays, que croit-elle que les responsables du Maroc se soient promis de défendre, eux ? Le droit de défendre les intérêts de son pays, valable pour les uns, pas pour les autres ?

L’ambassadeure du Maroc en Espagne a été rappelée pour consultations en relation avec la crise qui date de la mi-avril

A la 1ère question du journaliste de Lavanguardia «Comment ça se passe avec le Maroc ?», Arancha Gonzalez Laya a répondu: «Il y a un mois, nous sommes entrés dans une crise dont nous ne voulions absolument pas et dont, évidemment, nous voulons sortir au plus vite. Nous allons travailler pour qu’un espace de confiance se crée à partir duquel la relation peut être réorientée. Cela demande une grande prudence de ma part». Prudence maintenant, peut-être. Cependant, sortir au plus vite d’une crise après l’avoir européanisée et internationalisée, en mobilisant le Parlement européen et en tentant de mobiliser aussi les Etats Unis, contre un partenaire diabolisé au maximum…? C’est plus vite dit que fait ! Certes, la cheffe de la Diplomatie tente d’esquiver les questions trop précises et, dans ses réponses, elle entretient un suspense qui laisse entrevoir ses nouvelles bonnes dispositions. Ainsi, à la question «Y aura-t-il un geste de l’Espagne envers le Maroc ?», elle répond: «Discrétion et prudence pour instaurer la confiance». Mais sur la question du Sahara, qui est le principal point aux yeux du Maroc ; sur la position de l’Espagne par rapport à ce dossier ; et même sur la position des Etats Unis, le propos de Arancha Gonzalez Laya reste mitigé. Que l’on en juge par cet extrait intégral de son interview à Lavanguardia concernant la Maroc, le Sahara, l’Espagne, les Etats Unis.  

«Question: L’Union européenne a pleinement soutenu l’Espagne, mais les États-Unis ont été beaucoup plus distants. Washington a regardé ailleurs lorsque le problème de Ceuta a éclaté, qui a coïncidé avec la crise de Gaza… (La ministre hoche la tête)… Puis il y a eu un appel du Secrétaire d’État, Antony Blinken, à Madrid et un événement très important s’est produit: la Chambre des représentants bloque l’ouverture d’un consulat à Dakhla (anciennement Villa Cisneros), ce qui pouvait être interprété comme la pleine reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental… Peut-on dire que les Etats-Unis ajustent leur position ?

Le Maroc ne tolère plus “l’hypocrisie politique” et le “deux poids deux mesures”

Réponse: Je distinguerai deux problèmes. Sur la question de l’immigration, les Etats-Unis ont une grande sensibilité, pour des raisons qu’il n’est pas difficile d’imaginer à ses frontières. Les États-Unis veulent une immigration ordonnée, régulière et sûre. C’est aussi la position de l’Espagne. Une autre chose est la situation au Sahara occidental. Sur cette question, nous avons toujours été extrêmement prudents. Nous comprenons parfaitement que le Maroc a une grande sensibilité sur cette question. Cette attitude respectueuse passe notamment par le fait de ne pas vouloir influencer la position que peuvent adopter les États-Unis. Nous voulons une solution négociée dans le cadre des Nations Unies. Dans ce cadre, nous sommes disposés à considérer toute solution que le Maroc propose, sachant qu’il n’appartient pas à l’Espagne de servir de médiateur,

Question: Avez-vous discuté du Sahara avec le secrétaire d’État Blinken ?

Réponse: Nous convenons avec les États-Unis que la solution doit être promue par les Nations Unies. Et nous convenons aussi que cette ligne doit être redynamisée, toujours dans le plus grand respect du Maroc.

Question: Une solution négociée pourrait-elle être l’octroi d’une autonomie spéciale au Sahara occidental, dans le cadre de la souveraineté marocaine ?

Réponse: J’insiste : nous sommes prêts à considérer toute solution que le Maroc apportera.

Question: L’Espagne envisage-t-elle de demander à l’agence européenne Frontex de se joindre aux travaux de surveillance des frontières dans les villes de Ceuta et Melilla ?

Réponse: L’une des questions que nous évaluons est de savoir s’il est approprié d’intégrer, même partiellement, l’agence Frontex dans la surveillance des frontières extérieures de l’Union européenne à Ceuta et Melilla. Rien ne se fera sans consensus avec les autorités des deux villes».

L’entretien n’a suscité aucune réaction officielle du côté du Maroc.

LR

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