Crise Maroc-Espagne | Les incroyables erreurs du Gouvernement Sanchez

Crise Maroc-Espagne,Gouvernement espagnol

Depuis le début de la crise avec le Maroc, le Gouvernement Sanchez enchaîne les erreurs d’évaluation. C’est à se demander s’il y a quelqu’un qui réfléchit, dans cet exécutif espagnol ?

Car, que croit obtenir l’Espagne du Maroc, avec ses recours à de tierces parties, au lieu de chercher une solution bilatérale à une crise bilatérale ?

Qu’il coopère de force ?

Qu’il serve les intérêts de l’Espagne contraint par des tiers ?

Qu’il accepte, docile, d’être livré à la vindicte des alliés et revienne en partenaire soumis ?

…N’y a-t-il personne dans ce Gouvernement Sanchez qui réalise ce qu’il y a d’absurde dans cette démarche ?!

Après avoir pris de nombreuses décisions qui sont autant de balles qu’il se tire dans le pied, il semble qu’enfin, le Gouvernement espagnol commence à changer d’approche…

Si l’on en croit les déclarations de ses responsables -notamment le chef du Gouvernement et la ministre des Affaires étrangères- de discrets pourparlers bilatéraux seraient en cours.

Dans une interview accordée à la radio de son pays «Cadena Ser», mardi 15 juin (2021), la ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, a déclaré qu’elle essayait de rester discrète au sujet du Maroc car, a-t-elle dit: «je pense que nous devons redresser la situation», ajoutant: «Nous en créons les conditions dans la discrétion. Je ne veux rien dire ou faire qui puisse remettre en cause notre volonté de reprendre notre relation avec nos partenaires marocains». Et de poursuivre: «Nous allons désamorcer la tension avec le Maroc avec discrétion et peu de bruit. C’est une situation que l’Espagne n’a pas recherchée et ne veut pas voir se poursuivre à l’avenir».

Cinq jours auparavant, le 11 juin (2021), du Costa Rica où il tenait une conférence de presse conjointe avec le président Carlos Alavardo, le chef du Gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, appelait le Maroc «à surmonter la crise diplomatique et à reprendre le dialogue et la coopération», estimant qu’«il y a beaucoup plus de choses qui nous unissent que celles qui nous séparent» et qu’il fallait désormais «regarder vers l’avenir».

Les propos du Chef du Gouvernement espagnol, comme ceux de sa ministre des Affaires étrangères, invitent clairement à la réconciliation.

L’on ne peut que déplorer que le Gouvernement espagnol n’ait pas adopté ce ton dès le départ. La crise n’aurait pas enflé jusqu’à conduire à la situation actuelle.

Que l’Espagne n’ait pas «recherché cette situation», comme l’avance Arancha Gonzalez Laya, est faux. Ce n’est quand même pas le Maroc qui a comploté dans le dos de l’Espagne dans l’affaire Brahim Ghali. Laquelle affaire est à la base de toute cette crise. Ce n’est pas non plus le Maroc qui, au lieu d’explications entre partenaires, a imposé le fait accompli, depuis l’entrée du chef des séparatistes en Espagne jusqu’à son exfiltration, faisant fi de ce que provoque son accointance avec les principaux ennemis de son allié.

Enfin, ce n’est pas le Maroc qui, plutôt que de chercher une solution bilatérale au différend bilatéral, a préféré l’européaniser et pousser le Parlement européen jusqu’au vote d’une Résolution…

Ce sont là autant d’erreurs difficiles à comprendre.

Erreur d’évaluation des réactions du Maroc, alors que l’Espagne n’ignore rien de la centralité de la question du Sahara pour son partenaire du Sud.

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Erreur d’évaluation des retombées du bras de fer avec le Maroc sur ses propres (et nombreux) intérêts.

Sans compter la plus incompréhensible des erreurs, celle de l’approche adoptée par le Gouvernement espagnol qui, alors que son objectif est de reprendre langue avec le Maroc –et que le moyen le plus sûr pour ça aurait été de le faire directement- s’en est allé chercher, à l’international (l’Europe, les Etats Unis…), qui et comment faire pression sur le Maroc !

C’est dire à quel point l’épisode du recours au Parlement européen a été contreproductif et surtout, inintelligent. Car même un recours par l’Espagne au Parlement européen aurait été admis, si cela avait été pour une médiation de ce Parlement et non pour une condamnation traduite en «Considérants» et «Conclusions» frappés de partialité…

Ce recours n’a eu pour résultat que de braquer davantage le Maroc, toutes institutions et composantes confondues.

Dans un communiqué du 11 juin –quelques heures seulement après vote de la Résolution du Parlement européen- le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, a répondu –ferme-  que «les tentatives d’européanisation de cette crise sont vaines et n’altèrent aucunement sa nature purement bilatérale, ses causes profondes et la responsabilité avérée de l’Espagne dans son déclenchement». Ajoutant que «l’instrumentalisation du Parlement européen dans cette crise est contreproductive. Loin de contribuer à la solution, elle s’inscrit dans une logique de surenchère politique à courte vue». Et concluant sur cette conception marocaine des relations interétatiques: «La posture du professeur et de l’élève ne fonctionne plus. Le paternalisme est une impasse. Ce n’est pas la punition ou la récompense qui induit des comportements, mais la conviction d’une responsabilité partagée».

A leur tour, les deux Chambres du Parlement se sont réunies, séparément et publié, chacune de son côté, un communiqué fustigeant l’instrumentalisation du  Parlement européen par le Gouvernement espagnol. Et, notamment, «l’instrumentalisation de la question de la migration dans la surenchère politique».

En effet, alors que le désaccord portait sur l’accueil par l’Espagne du chef des séparatistes du Polisario dans le dos du Maroc et, par conséquent, sur la question du Sahara, le Gouvernement espagnol s’est lancé dans une manœuvre brouillonne, allant dans tous les sens, essayant de réorienter la crise, tantôt vers la question migratoire (l’incident de Ceuta saisi au vol), tantôt (non sans arrière-pensée provocatrice) vers le statut des présides Ceuta et Melillia, tantôt vers les droits de l’enfant, et tantôt vers les relations Maroc-Europe… Le tout, en diabolisant et livrant à la vindicte générale le partenaire avec lequel la reprise de coopération est vivement souhaitée, tant les intérêts économiques (et aussi sécuritaires) en dépendent !!

Le paradoxe laisse perplexe l’opinion publique marocaine (et certainement les plus hauts responsables du pays, mais ils ne communiquent pas) qui se demande si le Gouvernement et la Diplomatie espagnols pensent vraiment pouvoir contraindre le Maroc à une coopération imposée d’ailleurs ? Une coopération sans retour de confiance, indispensable à tout véritable partenariat ? Qui se demande également si le Gouvernement et la Diplomatie espagnols ne réalisent pas que toutes les parties (Espagne, Europe, Maroc) seraient perdantes dans l’aggravation de cette crise, mais que l’Espagne en serait la plus grande perdante ?

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Le discret retour au dialogue bilatéral qu’évoque Arancha Gonzalez Laya permettra peut-être de remettre le train sur de bons rails. Mais entretemps, quel gâchis…

Bahia Amrani

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Flashs

Arancha Gonzalez Laya

A propos des États-Unis et du Sahara (interview à Cadena Ser du 15 juin 2021): «Ce sera aux Etats-Unis de décider de leur position sur le Sahara. Ce que l’Espagne a toujours dit, c’est qu’il est important que nous donnions un coup de fouet aux négociations aux Nations unies».

Non, Mme la ministre. Ce n’est pas ce que vous avez toujours dit. Quand l’Administration Trump a reconnu la Souveraineté du Maroc sur le Sahara, votre 1ère réaction a été de parler des «intérêts de l’Espagne» et de «la zone d’influence de l’Espagne et de la France».

Ceuta (Sebta) et Melilla

La ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, a annoncé, dans l’espace Schengen. Elle et son Gouvernement y voient une mesure de représailles contre le Maroc. Quel aveuglement ! Couper Ceuta et Melillia des principaux consommateurs de leurs produits –et donc principaux moteurs de leur économie- ne fera qu’étouffer davantage ces deux enclaves. Ce ne sont pas les pays européens qui viendront s’approvisionner à Ceuta et Melillia !

Intégrité territoriale

C’est fou comme les pays européens sont sensibles à toute question qu’ils rattachent à leur intégrité territoriale, réelle ou supposée…. Et insensibles à celle des autres…

L’Espagne et l’Europe ont l’audace de parler de leur intégrité territoriale et de «leurs frontières en Afrique» en évoquant Ceuta et Melillia. Par contre, pour le Sahara marocain, ils deviennent super légalistes, opposant la croix et la bannière aux revendications du Maroc… Lol.

Petite observation, by the way, le Royaume-Uni a failli voir le Sommet du G7, qu’il a accueilli cette semaine, gâché. En cause, le Brexit et l’Irlande du Nord qui avait prévu de ne pas s’y plier. Le 1er ministre Boris Johnson a riposté avec fermeté que «l’unité du Royaume-Uni n’est pas négociable, qu’elle soit territoriale, constitutionnelle ou économique». Hé hé !

Solidarité avec le Maroc

Suite à la Résolution de la honte du Parlement européen, un large mouvement de solidarité a été exprimé par des pays, des Parlements nationaux, des coalitions régionales, des Unions parlementaires continentales, des personnalités et hauts responsables…

La Chambre des Conseillers a ainsi salué les positions, entre autres, du Parlement arabe, des Union parlementaires arabe et panafricaine, de la Ligue des Etats arabes, des Secrétariats généraux de l’Organisation de la coopération islamique et du Conseil de Coopération du Golfe, du Conseil bahreïni de la Choura et de la Chambre des représentants du Yémen, du Secrétariat général de l’Association des Sénats, Shoura et Conseils équivalents d’Afrique et du Monde Arabe (ASSECAA), du président du groupe d’amitié France-Maroc au Sénat, de membres du Parlement européen, etc.  

Par ailleurs, lors de la prochaine session du Parlement arabe, prévue du 22 au 28 juin au Caire, se tiendra le 26 juin, dans le cadre de sa solidarité avec le Maroc, une séance urgente consacrée à l’examen de la résolution du Parlement européen.

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