Condition de la femme au Maroc : Les droits ne s’octroient pas mais se conquièrent

Condition de la femme au Maroc : Les droits ne s’octroient pas mais se conquièrent

La Journée internationale de la femme est célébrée le 8 mars de chaque année, au Maroc et dans le monde. C’est une occasion de jeter un regard en arrière pour prendre conscience qu’il s’agit d’une tradition représentant au moins 90 ans de lutte pour l’égalité, la justice et l’amélioration de la condition féminine. Qu’en est-il au Maroc?

Certes le Maroc a enregistré des avancées considérables en matière de défense des droits des femmes. Néanmoins, force est de constater que beaucoup de Marocaines hésitent à faire valoir leurs compétences et à s’affirmer en tant que maillon fort et composante importante et essentielle de la société marocaine. 

Le Maroc encore loin du compte 

Dès leur plus jeune âge, on inculque aux Marocaines qu’elles doivent assumer toutes les corvées ménagères. S’occuper de leurs frères et sœurs, faire le ménage, la cuisine, les achats…Tout cela n’est pas considéré comme du travail, car on inocule aux femmes que ces tâches leur incombent naturellement. Ces mêmes tâches, lorsqu’elles sont accomplies par un homme, apparaissent comme des exploits méritant acclamation. En 2018, ONU Femmes Maghreb avait présenté les résultats de l’étude «Images», menée dans la région Rabat-Salé-Kénitra, sur les hommes et l’égalité des sexes, dans le cadre du programme régional «Hommes et femmes pour l’égalité des sexes». Les conclusions de cette enquête, avaient montré qu’il reste beaucoup à faire pour changer la vision patriarcale adoptée par de nombreux Marocains, sur des aspects liés aux droits et aux relations entre les hommes et les femmes. En effet, 62% des hommes sondés dans le cadre de cette étude avaient estimé que les femmes doivent tolérer la violence, afin de préserver l’unité familiale. Concernant le harcèlement sexuel dans l’espace public, plus de la moitié des femmes interrogées avait déclaré que c’est l’apparence de la victime qui provoque le harcèlement. S’agissant de la loi relative à la lutte contre les violences faites aux femmes, entrée en vigueur au Maroc le 12 septembre 2018, l’enquête réalisée par ONU Femmes Maghreb a montré que seulement 1/4 des hommes et 1/3 des femmes connaissent les dispositions de ladite loi.

L’initiative d’autonomie, seule et unique solution au différend régional sur le Sahara Marocain (Hilale)

La modestie, une qualité que certains ne comprennent pas 

Le plus important est de rester humble en continuant à se remettre en question. Il est vrai que minorer ses qualités est propre à la modestie comme à l’humilité. Néanmoins, lorsqu’on évolue dans une société machiste qui se plaît à rabaisser la femme, il n’y a pas de modestie qui vaille. Lorsqu’un «artiste» marocain ose s’enorgueillir de maltraiter son épouse sans aucune réaction de la part de la société marocaine, on est en droit de s’interroger si le degré zéro du civisme n’a pas été atteint dans le Royaume. 

Le gouvernement a beau marteler à qui veut l’entendre, que des lois et politiques intégrées sont mises en place en faveur de la cause féminine, ce n’est pas demain la veille qu’il fera bon être femme au Maroc. Un travail de fond auprès des acteurs concernés afin d’essayer de changer les mentalités et faire valoir les droits des femmes doit être mené aussi correctement et aussi rapidement que possible.

Moussaoui Ajlaoui, chercheur au Centre d’études pour l’Afrique et le Moyen-Orient

Mohcine Lourhzal 

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